Depuis quelques semaines, c'est peu dire que les coulisses d'Activision Blizzard font l'actualité : depuis une enquête menée par le département de l'emploi équitable et du logement de Californie, les soupçons concernant une culture d'entreprise résolument toxique émergent peu à peu. Si quelques huiles du géant américain tentent d'assurer que tout va bien madame la marquise, la parole des petites mains vient une nouvelle fois offrir un témoignage des coulisses de l'industrie.
À l'instar d'une enquête publiée en 2018 par l'incontournable Jason Schreier, c'est au sein du département "QA" (pour Quality Assurance, les petites mains qui testent vos jeux pour tenter d'en peaufiner les détails et d'en extraire les vilains bugs) que la journaliste de Polygon Nicole Carpenter est allée recueillir quelques témoignages entre le Texas et le Minnesota.
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Comme chez le français Ubisoft, pointé du doigt l'été dernier pour avoir laissé s'installer le même genre de culture d'entreprise, les révélations de l'enquête californienne n'ont pas manqué de faire réagir en interne. Mais cette fois, le caractère dual de l'entreprise permet de se renvoyer la balle : certains employés estiment que les problèmes de management sont exclusifs à Blizzard, quand d'autres affirment que toutes les structures sont impactées.
Mais ici, ce sont surtout les conditions de travail des équipes du QA qui sont dénoncés, les intéressés évoquant des postes particulièrement instables et soumis à un turn-over infernal, qui permet de maintenir les équipes dans une certaine précarité :
La sécurité de l'emploi est tellement incertaine que les gens ont besoin de ces petits boulots pour être vus et se faire une place dans l'industrie. Ce déséquilibre permet d'abuser et d'exercer une violence psychologique sur les équipes du QA. Ils agitent la carotte d'un temps plein pour que l'on fasse le plus d'heures supplémentaires possibles, pour que l'on devienne celui ou celle qui fera tout pour l'entreprise. Et finalement, ils renouvellent simplement votre contrat court.
Généralement peu intégrés au reste du développement, les employés du département témoignent des remarques généralement peu flatteuses dont ils sont les témoins, leur poste étant considéré comme une dépense à perte. Les retours du public ne sont pas meilleurs, et l'absence de repos n'aide visiblement pas à prendre du recul. À plusieurs reprises, Call of Duty Black Ops Cold War est cité comme le pire exemple de ce qui a pu se faire chez Activision :
C'est super quand tu dois travailler sept jours sur sept et te faire insulter toute la journée par les joueurs. Pour Black Ops Cold War, on avait une journée de repos tous les trois à quatre semaines. J'ai vu des gens enchaîner des journées de 12 heures pendant 28 jours de suite. Les conditions de travail étaient abominables, mais c'est l'épisode le plus vendu de Call of Duty à ce jour, du coup, pourquoi changeraient-ils leurs méthodes ?
Si Activision Blizzard a déjà annoncé mettre en place un audit conduit par un cabinet d'avocats déjà contesté par les employés, Polygon affirme que plusieurs contrats courts du département QA n'ont toutefois pas été invités à s'exprimer sur le sujet. Laissons-leur donc une dernière fois la parole :
Activision Blizzard devrait être tenu pour responsable, il y a quelque chose de pourri à la racine. Il faut aborder ce problème et le régler.