Si le géant Activision Blizzard fait régulièrement l'actualité, c'est (trop) souvent pour les discussions entourant la rémunération de son indéboulonnable PDG, ou pour sa propension à recentrer chacune de ses équipes sur la licence Call of Duty. Mais depuis l'ouverture d'un procès pour harcèlement et sexisme par les services de l'état de Californie, les langues semblent enfin se délier, et ce des deux côtés.
Peut-on défendre son salaire à grand coups de millions de dollars et se préoccuper du bien-être de ses employés ? L'équilibre semble bien difficile à atteindre pour Activision Blizzard, sous le feu des projecteurs depuis quelques jours, alors qu'un document dévoilait récemment la politique sexiste qui se pratiquerait en interne depuis de nombreuses années.
Grève à la centrale
Si le président de Blizzard J. Allen Brack avait pris sa plume (en suggérant aux employés de se tourner vers les services des RH déjà épinglés dans l'enquête) pour s'adresser aux équipes - la colère semble ne pas vouloir retomber - et ces dernières de décider l'impensable au pays du capitalisme roi : se mettre en grève.
Ce mercredi 28 juillet, celles et ceux qui le désirent se posteront toute la journée devant le campus de Blizzard pour manifester leur colère face à une direction incapable de prendre la mesure du phénomène, les télétravailleurs ayant également été invités à ne pas se connecter à leur poste de travail. Leurs demandes sont triples : supprimer la clause obligatoire d'arbitrage en interne, modifier la politique de l'entreprise pour recruter des profils plus variés, et la publication de données relatives aux rémunérations de chacun. La manifestation doit commencer à 9h00 du matin localement, soit 18h00 chez nous.
Retard à l'allumage
De son côté, le PDG du groupe semble avoir été sommé de réagir face à cette colère qui trouve enfin un moyen d'expression, et Kotick a donc à son tour répondu il y a quelques heures aux employés, après s'être muré dans le silence le plus total :
Cette semaine fut difficile et bouleversante.
Je tiens à honorer et à remercier tous ceux qui se sont manifestés dans le passé et ces derniers jours. J'apprécie énormément votre courage. Chaque voix compte, et nous allons être plus à l'écoute dès maintenant, et à l'avenir.
Notre réponse face aux problèmes et aux préoccupations auxquels nous sommes confrontés ensemble a franchement été sourde.
Je suis désolé que nous n'ayons pas été assez empathiques et compréhensifs. Nous allons prendre des mesures rapides pour être l'entreprise compatissante et attentionnée pour laquelle vous êtes venus travailler et pour assurer un environnement de travail sûr. Il n'y a de place nulle part dans notre entreprise pour la discrimination, le harcèlement ou un traitement inégal de quelque nature que ce soit.
Kotick affirme avoir immédiatement mandaté un audit mené par un cabinet d'avocats, et conclut en listant cinq mesures avec prise immédiate d'effet, allant du soutien aux employés concernés à la mise en place de "sessions d'écoute" en passant par une évaluation de tous les directeurs et managers d'Activision Blizzard. Une adresse e-mail et un numéro de téléphone ont également été ouverts pour recueillir (anonymement) la parole des troupes.
Souhaitons évidemment bonne chance à tous les employés d'Activision Blizzard, qui sont désormais plus de 2000 à avoir signé la lettre ouverte dont vous parlions hier, et du courage, puisqu'une journée de manifestation en plein été californien se déroule évidemment sous un soleil de plomb.