Tel un linceul posé sur le passé de Yharnam, il subsistait encore certaines zones d'ombres dans cet univers, une fois notre chasseur parvenu à ses fins. De quoi donner envie de s'y replonger, quitte à tomber dans le pire des cauchemars ?
Si vous ne connaissez pas Bloodborne, un petit coup d'oeil à notre test s'impose, de même qu'un premier périple à travers Yharnam. Cette extension s'adresse en effet aux chasseurs aguerris, sans parler des éléments de l'histoire évoqués ici bas, susceptibles de gâcher le plaisir de la découverte. Vous voilà prévenus : s'aventurer d'emblée dans The Old Hunters est impensable, et d'ailleurs impossible. Son accès demande d'avoir atteint un certain stade de la campagne, une raison supplémentaire de s'attaquer au New Game Plus (voire encore "Plus" si affinités). Idem pour le niveau, puisqu'un rang 65 est théoriquement recommandé, sachant qu'un surcroît d'expérience et de réserves de sang ne s'avèrent pas de trop pour se risquer dans ce véritable cauchemar. Il serait dommage de dévoiler sa teneur scénaristique, cependant elle ne laisse guère de doute quant à la préexistence de ce chapitre, sur le papier du moins. Bloodborne en aurait-t-il été amputé pour des raisons de délais ou des motivations plus mercantiles ? Une chose est sûre : cette partie annexe s'intègre ainsi de manière cohérente au récit, et à son monde.
Les racines de la sinistrose
Comme son nom l'indique, The Old Hunters s'intéresse au (triste) destin des chasseurs qui ont tenté d'éradiquer l'épidémie. C'est donc sur les cendres encore fumantes de leurs batailles et parmi les cadavres toujours tremblants que se déroule cette quête. La déliquescence transpire littéralement de ces contrées, plus fascinantes que jamais. Et si leur envergure peut sembler restreinte, l'architecture des lieux n'en demeure pas moins torturée, à l'image de l'esprit de ceux qui y ont perdu l'âme. Bloodborne persiste dans sa narration elliptique, le décor et les objets en disant parfois davantage sur les événements que la poignée de personnages croisés au fil de l'épopée, y compris les Boss. Ces bribes d'informations lèvent le voile sur certains mystères d'importance, quand elles ne leurs donnent pas du sens, ce qui suppose d'avoir vécu l'épopée principale et de faire preuve d'un peu de persévérance pour les rassembler. De la ténacité, il en faut aussi pour vaincre les nouveaux ennemis, dont l'allure effrayante n'a rien d'une simple tactique d'esbroufe.
Assassins dérangés, et dérangeants
Plutôt que de s'appuyer sur une augmentation bête et méchante de statistiques, ceux-ci disposent de patterns sensiblement plus nombreux, et surtout plus vicieux, en particulier du côté des Hunters. Des monstres massifs font également partie de ce bestiaire étendu, toutefois ils se montrent étonnamment rapides, car la plupart d'entre eux partagent la même stratégie : maintenir une oppression constante en nous privant de la moindre zone de confort. Habituellement dans Bloodborne, il suffisait d'assimiler les différentes techniques d'un adversaire pour déterminer la bonne méthode - et la bonne distance - afin de l'occire sans prendre trop de risques. Mais ce dynamisme accru en terme de déplacement et de variété d'attaques rend l'exercice plus délicat, surtout que nos agresseurs tendent à nous poursuivre sans relâche. C'est par là que se traduit essentiellement la difficulté rehaussée de The Old Hunters, quoique les chasseurs surentraînés percevront moins cet écart. De toute façon, on a heureusement droit à des armes flambant neuves pour y faire face !
La Ligue des Chasseurs Extraordinaires
Enfin pas toutes, certaines s'apparentent à un mélange de deux ustensiles déjà présents, ou de deux de leurs formes, avec des caractéristiques modifiées. D'autres se distinguent par leur nature vraiment extrême, à l'image de la Bloodletter ou du Gatling Gun, qui laisse deviner que l'équipe d'Hidetaka Miyazaki a voulu libérer toute la férocité de Bloodborne, non sans humour (noir). Et ce, sans déséquilibrer le système de combat, car leur usage exige une maîtrise du timing proportionnelle à leur efficacité (sans compter leur coût en endurance ou en munitions). Dans un registre plus classieux, le Bowaxe, qui se mue tantôt en lame, tantôt en arc, symbolise à lui seul la philosophie de The Old Hunters. Elle consiste à offrir un armement adéquat, quel que soit son positionnement ou l'approche visée. Même constat pour le surplus de magies et de runes, qui renforcent encore cette polyvalence, naturellement bien utile pour les parties en coopération. D'autant que l'on peut désormais appeler un ou deux NPC en renfort, à défaut d'un éventuel valeureux chasseur de la Ligue, un mode additionnel qui ne nécessite pas ce DLC. Décidément, Bloodborne récompense avec générosité ceux qui s'y consacrent corps et âme.