Introduits pour la toute première fois lors d'une compétition sur FIFA, les contrôles antidopage ont été au coeur de l'actualité, ce week-end à Londres, en marge de la finale mondiale de l'eWorld Cup, la Coupe du monde interactive sur FIFA 18. Et les premiers retours des joueurs sont bons.
"Ce n'est pas juste un enjeu pour la scène FIFA, mais un enjeu pour l'eSport dans sa globalité. Il y a de plus en plus de spectateurs, de plus en plus d'argent à gagner et d'argent en jeu. Que ce soit des questions de règlements, de paris ou de dopage, vous devez vous assurer désormais que votre compétition est totalement propre. Les gens peuvent se dire que c'est dommage qu'on associe du dopage à FIFA. Mais il faut en passer par là pour pouvoir franchir de nouveaux paliers et permettre aux joueurs de franchir un palier."
Commentateur phare de la FIFA eWorld Cup, l'Anglais Brandon Smith a parfaitement cadré le sujet : pour grandir aux yeux de tous et notamment du grand public, la scène esportive sur FIFA n'avait pas le choix. Il fallait passer par la case antidopage pour prouver à tous que son écosystème est propre ou si cela n'est pas le cas, sa ferme intention de la rendre dans les plus brefs délais. Et même si de sa cabine de commentateur, Brandon ne voit pas certaines dérives, la triche est là, prête à fausser les résultats.
Des contrôles aléatoires durant la compétition
C'est donc dans cette optique que la FIFA, qui organise tous les ans sa propre Coupe du monde interactive sur son jeu vidéo éponyme, a mis en place ces contrôles cette saison. Lors de la première journée de compétition, effectuée ce jeudi, quatre contrôles ont eu lieu, à chaque fois de façon aléatoire, en désignant deux joueurs au terme d'un tirage au sort avec le nom des participants placés dans une boule.
Les deux premiers joueurs à être entrés dans l'histoire de ces contrôles antidopage ont été les Allemands Michael "MegaBit" Bittner, vainqueur en mai dernier des playoffs à Amsterdam sur Xbox One et le Gallois Adam "DreamR" Barton. C'est le premier d'entre eux, avec son sourire juvénile, qui a livré son ressenti :
Je n'avais pas peur parce que je n'avais rien à cacher. C'était juste bizarre de pisser dans un flacon avec quelqu'un devant vous.
a-t-il confié, précisant qu'il avait dû recenser également les substances ingérées lors des sept jours précédant ce contrôle et signer un formulaire, avec les règles liées aux contrôles antidopage figurant dessus.
L'Adderall au coeur du problème
Champion de France sous les couleurs de l'Olympique Lyonnais mais éliminé dès la phase de poules, Fouad "Rafsou" Fares, lui, n'a pas été invité à rejoindre le local où se sont déroulés ces contrôles. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir son mot à dire, tout comme Michael Bittner, ravi de voir la scène FIFA se professionnaliser, selon lui, avec ce type de procédé :
Ils veulent réguler les joueurs, que tout le monde soit au même stade, qu'ils puissent jouer de la même manière et que ce soit équitable, juste pour tout le monde...
...confie "Rafsou". Avant de poursuivre : "Parce que si un joueur prend un produit et que derrière, il va à vitesse "fois deux" et qu'il réfléchit beaucoup plus vite que toi pour une durée de 5 heures... Pendant ces 5 heures, il est meilleur que toi mais dès la 6ème heure tu le déglingues parce que tu es meilleur que lui, bah ça ne vaut pas le coup de faire le tournoi !"
En réalité, ce sont trois heures de concentration en plus qu'offre l'Adderall. Oui, c'est le nom du psychostimulant, censé doper la mémoire, qui est dans le collimateur de ces contrôles et de la lutte antidopage tout court dans le monde de l'eSport. Couramment cité sur la scène Call of Duty, ce dernier, qui contient de l'amphétamine, produit évidemment interdit, commence à se faire une place aussi dérangeante que dangereuse dans l'écosystème FIFA.
On parle de quelque chose qui te permet de mieux te concentrer, de mieux appréhender la tactique adverse sur le terrain, comme l'Adderall ou d'autres produits similaires
... martèle l'analyste et commentateur Chu Boi. "On retrouve beaucoup malheureusement ce produit sur des scènes comme celles de Call of Duty ou League of Legends et sur des niveaux élevés."
Les tricheurs bientôt punis ?
Quels en sont donc les effets secondaires ? "Ça n'agit pas de la même façon chez tout le monde. On peut voir des démangeaisons, des tics, on demande à aller aux toilettes à chaque mi-temps, détaille Marvyn "Aero" Robert, joueur français de la structure américaine Team EnVy et finaliste du dernier Mondial des Clubs. L'Adderall, ça permet de rester plus concentré, plus longtemps, c'est incroyable."
Si l'arrivée de ces contrôles fait l'unanimité chez les joueurs, son procédé les laisse encore un peu perplexe. Notamment la façon de désigner les joueurs. Certains auraient préféré que ces contrôles soient plus ciblés ou que tout le monde y passe, tout simplement.
"Il y a eu des noms qui sont sortis et je pense que c'est plutôt eux qui auraient dû être soumis à ce contrôle, déplore "Aero". Dans la scène FIFA on l'a déjà tous vu. Certains ont déjà été dénoncés." Pas suffisamment pour que la FIFA se penche sur leur cas. Mais ces contrôles ne sont qu'un début.
Et comme le prédit "Aero", "certains vont être démasqués bientôt."