Lorsque Sega, éditeur et développeur sans peur, et tri-Ace, développeur reconnu pour ses systèmes de combats réfléchis (Star Ocean et Valkyrie Profile), s'associent pour proposer un jeu de rôle, le résultat peut faire peur ! Pourtant, force est de constater que Resonance of Fate (allez savoir pourquoi mais au Japon son nom est End of Eternity) fait partie de ces titres qui se révèlent avec le temps, malgré des premières heures difficiles...
Avant toute chose, sachez que ROF est un jeu de rôle à part. Tant par son système de jeu et d'évolution que par son ambiance, ou encore, son scénario. Mais pour bien le comprendre, commençons par le commencement, justement. L'histoire nous entraine dans les missions de trois chasseurs de prime répondant aux noms de Leanne, Vashyron et Zephyr. Eh oui, il faut bien vivre dans ce monde empreint à la fois de modernisme et de conservatisme, peignant une révolution industrielle avec des couleurs assez froide, sur des architectures complexes. Ce design pour le moins austère se ressent même jusque dans le look des héros (qui pourra évoluer au fil de l'aventure, rassurez-vous). Ces derniers doivent donc accomplir des missions spéciales, dans un premier temps assez classiques, pour déboulonner du monstre, ou encore, jouer les livreurs. Classique mais efficace.
Froid mais frais !
En effet, les humains (et donc nos héros) vivent dans une tour nommée Bazel (Babel, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Chut, pas de Spoiler !) car leur planète est totalement polluée. Mais comme vous le verrez au fur et à mesure de l'aventure, cette tour d'ivoire est à la fois un refuge et une sorte de prison dans laquelle chacun se doit d'occuper la place qui lui revient. Nos chasseurs de prime vont d'ailleurs s'en apercevoir rapidement et se rebeller, avec pertes et fracas, contre l'ordre établi. Une aventure finalement épique qui met un certain temps à démarrer pour tout de même arriver à maturité, grâce notamment à une mise en scène qui a su me convaincre avec le temps. Vous l'aurez compris, malgré des graphismes fort réussis, ROF inquiète tout d'abord par sa froideur, ses couleurs et son design atypique. Mais grâce a un certain humour (parfois un peu poussif quand même) et des personnages réellement attachants malgré leurs stéréotypes, il offre une alternative finalement plus à même d'être appréciée par les joueurs murs qui vomissent à l'idée de s'attaquer au très chatoyant Final Fantasy XIII. Notez au passage que les voix sont disponibles en japonais (Yataaaa !) et en anglais avec des sous-titres français. La traduction s'avère plutôt correcte même si tout n'est pas effectivement retranscrit. Quoiqu'il en soit le scénario demeure parfaitement clair et respecté !
Shoot them all !
Si ROF se distingue par son style, il le fait aussi par son système de combat en semi-temps réel d'une incroyable complexité. Bien qu'expliqué à peu près correctement, il s'avère particulièrement rebutant dans un premier temps. D'abord parce qu'il faut se taper des tonnes de textes, et ensuite parce que si on ne le fait pas, c'est le game over dès les premiers combats. En effet, comme dans le JRPG de Square Enix, la mort d'un personnage clé déclenche la fin de la partie. Sachant que tous vos compagnons sont importants, on finit très vite par s'attaquer à ce gros morceau du jeu dans les moindres détails pour évoluer correctement.
Le principe est le suivant : tous les personnages, ennemis ou amis, se tirent dessus à coups de flingues. Il s'avère donc impératif de prendre le temps de viser pour toucher ses adversaires. Seulement voilà, la stratégie est de mise puisque dès que vous vous déplacez pour attaquer, les assaillants peuvent vous contrer. Si tel est le cas, vous passez votre tour et le personnage suivant entre en scène ! Heureusement, les arènes de combats fermées sont remplies d'une multitude d'éléments permettant de profiter d'une couverture pour tirer au bon moment. S'ajoute à cela un système de déplacements dynamiques tolérant une course pour viser et tirer ensuite. L'élément important là-dedans étant de s'approcher suffisamment de l'adversaire pour raccourcir le temps de visée.
Autant être clair, la prise en mains est longue et laborieuse mais à terme, ce système de combat d'une implaccable cohérence vous permettra de créer des attaques combinées du plus bel effet, particulièrement redoutables. Pour cela, il faut que la course de votre personnage croise les axes de déplacement de ses comparses. Ingénieux, mais attention de ne pas en abuser car ce système est soumis à un nombre de points d'action, symbolisés par des cristaux. S'ils tombent à zéro, vos compagnons se retrouveront dans une position délicate. Par ailleurs, sachez que les méchants pas beaux profitent de blindages sur différentes parties de leur corps. Il est donc vital de tourner (ou de sauter) autour d'eux pour trouver la brèche et l'exploiter au maximum. Sans quoi, c'est la défaite assurée ! Enfin, certaines armes ne font que des dégâts de surface et d'autres des dégâts directs. Apprendre à les maîtriser devient vite une nécessité pour pouvoir les utiliser au bon moment sur la cible idéale afin d'amoindrir leurs défenses pour les finir à l'ancienne, avec de bonnes bastos (ou grenades). Bref, il s'agit d'un système riche de subtilités et ceci même si vos premières heures de jeu risquent de vous dégouter tant il est peu abordable et difficile... Seule la pratique vous sauvera, tâchez de ne pas l'oublier !
Cases Briques !
Du côté de l'évolution, ce ne sont pas nos héros à proprement parler qui gagnent en puissance mais plutôt leurs armes. En effet, ces dernières se customisent à loisir et peuvent réellement évoluer ! Et ceci de manière à vous faire gagner, par exemple, plus de vie ou des dommages accrus. Un système, là encore, intéressant, puisqu'il vous oblige à essayer différents types d'armes (pour mieux faire le choix de votre spécialisation ensuite) afin de créer des combinaisons pertinentes en concordance avec vos stratégies d'attaque en combat. Justement, notez que pour évoluer dans la tour de Bazel, il vous faudra utiliser des cristaux à récupérer sur les ennemis importants. Il servent aussi à augmenter vos possibilités d'attaques simultanées, ce qui rajoute une couche de stratégie supplémentaire. Bien entendu, c'est le plus souvent en explorant la tour qu'on en trouve. Là encore, ROF prend tout le monde à contre pied puisqu'il n'y a pas de réelle carte du monde dans laquelle évoluer. Il s'agit en fait de damiers répartis sur chaque étage de Bazel et sur lesquels vous devez dépenser des cellules d'énergie pour aller dénicher de nouveaux monstres, évoluer dans l'aventure, ou encore réaliser diverses missions. Le résultat est étrange, et carrément gonflé à l'heure où les grandes séries du JRPG, FF en tête, tendent à chercher l'accessibilité. Mais quoi qu'on en pense, une fois les premières heures de jeu passées, la sauce prend !
Jouant les cartes du dépaysement total et de la difficulté à l'ancienne, il est évident que ROF ne plaira pas à tout le monde, et en laissera même certains sur le carreau. Mais une fois le tout bien en main, l'ambiance qui mélange les genres, le système de combat difficile mais néanmoins bien pensé et le scénario appréciable suffisent à assurer le spectacle et le plaisir. Pour résumer, si vous êtes un habitué du genre, préparez-vous à suer à grosses gouttes pour découvrir un titre parfaitement calibré pour vous. Quant à ceux qui débutent, allez donc faire un tour du côté de chez Square Enix, non, mais !