En nous montrant la guerre du côté de ceux qui la subissent et non de ceux qui la font, This War of Mine a su se faire remarquer à sa sortie sur PC et Mac en novembre 2014. Pour son arrivée sur PS4 et Xbox One, le jeu de 11 bit studios joue la carte de l'adaptation fidèle et complète (toutes les mises à jour de l'original s'y trouvent) en y ajoutant la présence d'enfants. Apportent-ils un nouveau souffle à l'expérience globale ?
Si vous ne connaissez pas This War of Mine, je vous conseille en préambule d'aller lire la critique de l'ami Chris qui résume parfaitement ce que représente ce jeu indépendant venu de Pologne. Car bien que The Little Ones, adaptation exclusive aux PS4 et Xbox One, présente quelques différences avec l'original (notamment une maniabilité à la manette certes très bien pensée et intuitive mais qui, en prônant le contrôle direct des personnages, empêche de "programmer" des actions simultanées et fait perdre un peu de temps) la base reste quasiment identique. Comprenez qu'il s'agit toujours d'un jeu de gestion et de survie en vue 2D dans lequel un groupe de civils se retrouve malgré lui en situation de guerre. Ayant trouvé un bâtiment de fortune au tout début du conflit, celui-ci va devoir apprendre à faire face à la faim, au froid, à l'absence de confort et de réconfort, aux éventuels pillards... Et devoir envisager rapidement d'envoyer, la nuit uniquement pour une question de sécurité, un de ses membres à la recherche de ressources dans d'autres bâtiments, en ruine ou habités.
Peur sur la ville
Et dès lors que survivre jusqu'au terme des affrontements devient le plus important et qu'il faut choisir entre rester dormir, monter la garde ou aller remplir les petits sacs à dos pouvant renfermer les divers éléments qui tendront à se réchauffer, nourrir, soigner ou aider à la confection de lits, de cigarettes, de chaudières, de barricades, de médicaments ou encore d'outils permettant de se frayer des chemins voire d'armes de défense, les choses vont commencer à changer. Surtout si la mort peut s'en mêler au moindre risque mal calculé. Le troc avec le mec sympa du coin ne suffira plus. Aider les petits voisins à sauver leur maman en leur filant de quoi la soigner ne paraîtra plus une évidence. Être un bon humain en temps de guerre, c'est compliqué. Chacun pour sa gueule, sera-t-on obligé de penser. Ce qui pourra avoir des conséquences sur la psyché des pensionnaires, aux profils et capacités cariés. Voire, lorsque vous commencerez à piller d'honnêtes gens ou même à ôter des vies, vous fera cogiter et vous faire sentir comme une merde.
Prendre un enfant par la main
Cette déprime totale, ponctuée parfois de petites victoires lorsque l'on réussit une bonne action ou qu'on arrive à se créer des réserves de nourriture et de combustible, ne s'arrange pas avec cette version consoles qui introduit un nouvel élément de gameplay et de narration : les enfants. Si tous les problèmes énoncés plus haut ainsi que l'hiver et son froid mortel ne suffisent pas à rendre la mission trop pénible à votre goût, sachez que les chères têtes blondes ont ce pouvoir. Si on ne peut en trouver qu'un par abri (alors que plusieurs auraient pu occasionner de nouvelles possibilités en termes d'interactions), il va aisément monopoliser votre attention. Le môme, d'abord incapable d'autre chose que farfouiller, ne cessera de courir après son protecteur pour jouer, s'occuper comme il peut, si possible avec des jouets qu'on lui aura confectionnés. Un vrai boulet qui ne quittera jamais le foyer improvisé mais pourra se voir enseigner des actions de construction et cuisine basiques. Et qui, s'il ne peut mourir, peut néanmoins être retrouvé blessé au retour d'un adulte d'une nuit de pillage.... Bonjour l'angoisse. Mais aussi la sensation de responsabilité. Dommage que d'autres idées n'aient pas émergé pour profiter des gabarits enfantins ou du pouvoir attendrissant pour le marchandage, par exemple.
Petite boucle
Sous la grisaille de sa direction artistique crayonnée du plus bel effet et le voile de tristesse d'une bande-son qu'on ne fera pas écouter à une connaissance sous antidépresseur, This War of Mine : The Little Ones reste un titre qui aborde avec justesse la condition des personnes prises au piège de la guerre et en danger permanent. Qui nous fait peur, parfois, lorsque l'on prend conscience de certains de nos actes qui font de nous des criminels de guerre. C'est fort. Quand bien même on aurait aimé des relations plus approfondies entre les acteurs, dont on n'a que les ressentis dans leur bio évolutive, et des mécaniques, déjà assez rigides, qui ne montrent pas leur limites aussi rapidement. En effet, les parties peuvent s'enchaîner, y compris grâce à un outil permettant de composer son propre groupe et ses propres conditions, certaines situations reviennent. Les limites sont vite perceptibles. Ce qui n'empêche pas d'apprécier ce titre particulier, qu'on évitera de sortir pendant une soirée raclette entre amis, et qui ne plaira pas forcément à tout le monde.