Depuis Let's Go to the City, Animal Crossing ne cesse de s'urbaniser, au point de se lancer dans la gestion d'une ville à travers New Leaf, la décoration d'intérieur et d'extérieur via Happy Home Designer, ou même de se muer en parc d'attractions teinté de Party Game avec Amiibo Festival. Cependant l'appel du large, et plus globalement de la nature a toujours habité la série, comme son appellation nippone d'origine forestière le rappelle, si bien qu'après une escapade dans la vie un tantinet plus sauvage de Pocket Camp, cet épisode se risque à explorer de nouveaux horizons, en l'occurrence des îles désertes. S'agit-il d'un bol d'air aussi grand et frais qu'espéré ?
Votre serviteur l'avait évoqué à l'issue du test d'Animal Crossing : New Leaf (sans imaginer qu'une mise à jour y ajouterait ensuite des amiibo et des roulottes entre autres), la saga tendait à élargir ses horizons. Et dans tous les sens du terme, puisque New Horizons a pour théâtre une île non seulement déserte, mais aussi nettement plus grande qu'à l'accoutumée, en l'occurrence deux fois plus étalée environ que le village de l'opus 3DS. Il conviendrait d'ailleurs mieux de la qualifier d'inhabitée, tant cet environnement se montre foisonnant. Animal Crossing n'a jamais particulièrement brillé graphiquement parlant, néanmoins son coup de patte minimaliste lui a procuré un style, déjà charmant, rehaussé ici de subtils détails : La végétation frémissant sous la brise, les vaguelettes que dessinent le flux des rivières, l'écume fougueuse de la mer qui s'échoue sur les rochers, les traces de pas plus profondes laissées à la plage... Le tout sous un ciel changeant, qu'il s'agisse des nuages dont les ombres planent sur le décor, ou des jolis effets de lumière suscités par les rayons de soleil suivant l'heure. En somme, l'îlot déborde de vie, malgré l'absence d'autochtones au départ.
Animal Crafting
Pas question de prendre des vacances, car une fois la tente plantée, il y a tout à faire ou presque, avec des matériaux glanés sur place et des plans à obtenir pour confectionner le strict nécessaire, de sorte que l'artisanat s'impose d'emblée comme une avancée fondamentale de New Horizons. A commencer par la fabrication des outils, améliorables et désormais cassables, un phénomène qui augure des évolutions de cet épisode quant à la gestion du temps, axée encore davantage sur le (très) long terme. La collecte de ressources constitue de fait une occupation plus exigeante, voire éreintante au niveau qualitatif comme quantitatif, les déchets pouvant même servir à bricoler des objets recyclés, dans la continuité écologique de la série. Auparavant les diverses trouvailles permettaient essentiellement de récolter des clochettes, la monnaie locale requise pour les emplettes et le remboursement des emprunts auprès de notre cher "tanuki d'affaires" Tom Nook. On ne change pas une équipe qui gagne, a fortiori des fortunes. Le rôle de délégué insulaire attribué par l'habile instigateur de cette formule évasion consiste donc toujours à effectuer moultes tâches, guidées à présent par le NookPhone.
LifePhone
Ce gage de modernité fourni à prix d'or comporte plusieurs applications étoffées au fil de la progression, telles que la carte, l'appareil photo, la "bébêtopédie" qui répertorie toutes les créatures capturées, les motifs personnalisés (optionnellement issus des crus portables), le passeport, la liste des créations et des objectifs. Et ces derniers se résument à des missions de toutes natures, histoire d'expérimenter la pléthore d'activités d'Animal Crossing. Un labeur récompensé par des Miles Nook, la seconde devise en vigueur dans l'archipel, échangeable contre des tickets d'avion pour visiter d'autres îles souvent exotiques, quoique relativement petites, à l'image des voyages en bateau précédemment. La principale vocation de ce programme se situe dans l'acquisition d'instructions, de plans et d'objets, dont les plus précieux régulent les étapes de cette aventure, décidément conçue pour se dérouler lentement. En témoignent les tarifs outrageusement élevés des travaux immobiliers, et même si ceux des boutiques paraissent raisonnables, ce principe d'obstacles à surmonter patiemment s'applique à l'ensemble de New Horizons, comme l'illustre l'exploration balisée de l'atoll à la Zelda.
L'archipel à la pioche
La perche autorise à bondir par dessus les ruisseaux, l'échelle à escalader les collines, développant ainsi la dimension verticale de ce petit monde. Ces ustensiles judicieusement positionnables parmi un cercle de raccourcis s'avèrent cependant d'une utilité restreinte, dès qu'on a l'opportunité de les remplacer par des ponts et des rampes (certes coûteux), ou carrément de remodeler la topographie, façon Minecraft. De quoi engendrer des perspectives véritablement neuves chez les architectes du relief, avec le service d'aide d'urgence en cas de constructions hasardeuses, tandis que d'autres se cantonneront au traçage des routes. Finalement, à mesure qu'arrivent de nouveaux campeurs, que se bâtissent des maisons, et que s'installent des établissements, ce havre de paix ressemble aux villages forestiers d'antan, bordé par l'océan au lieu des montagnes jadis infranchissables. D'autant qu'au regard de son aspect moins bucolique qu'escompté, de ses échoppes aux stocks renouvelés quotidiennement, ou du musée absolument somptueux, ce périple en terre inconnue s'apparente à un copieux prologue. Reste l'espace, et ses possibilités accrues de personnalisation, une valeur ajoutée majeure.
Pas si seul au monde
La multitude d'objets à façonner ou à dégotter (y compris avec la mouture mobile) donne le vertige, surtout dans l'optique de les disposer aussi bien à l'intérieur de son logis - par le biais d'une interface tactile fort pratique - qu'à l'extérieur. Et ces aménagements tous azimuts ne s'arrêtent pas aux éventuelles clôtures de son jardin, avis aux paysagistes, qui plus est dans l'espoir d'attirer des habitants parfois célèbres (à l'aide d'amiibo si besoin) selon la réputation de ce lieu de villégiature, sans parler des concours... De quoi stimuler l'esprit compétitif tout en encourageant la coopération, car en sus du partage de l'île avec d'autres joueurs résidents (jusqu'à huit sur la même sauvegarde strictement liée à une seule console) et des excursions simultanées en quatuor que cela suppose, y convier des amis (approuvés par Dodo code) ayant la permission de la modifier demeure au menu des festivités. Or celles-ci s'annoncent encore plus réjouissantes que par le passé, chaque saison amenant son lot de loisirs spécifiques, et de surprises diurnes ou nocturnes. Si l'impression de dépaysement se dissipe assez rapidement, l'intérêt promet par conséquent de perdurer, mises à jour à l'appui, de manière à aller sans cesse plus loin, en dévoilant cette richesse incommensurable petit à petit.