Doucement mais sûrement, le petit monde d'Animal Crossing grandit, chaque épisode enrichissant la formule magique de Katsuya Eguchi. Le programme d'urbanisation lancé dans Let's Go to the City se poursuit donc à travers New Leaf, avec le joueur promu au poste de maire. Cette avancée rime-t-elle davantage avec liberté ou responsabilité ?
Le village a beau être toujours généré aléatoirement (on détermine juste sa structure globale et l'orientation de la plage), l'arrivée à la gare suscite une impression familière. Évidemment, la 3D auto-stéréoscopique donne un peu de relief à ce décor bucolique, mais en dépit d'un net surcroît de détails (la végétation et le pelage des animaux plus denses notamment), il se montre très semblable à celui de la version Wii. Ces premiers pas se révèlent pourtant moins guidés qu'à l'accoutumée, puisque l'on se retrouve presque tout de suite libre d'explorer ce petit univers, une fois les formalités administratives remplies. Avant d'obtenir sa "Carte de Résident" (idéalement accompagnée d'une photo prise au photomaton), une visite chez le bon vieux Tom Nook s'impose, afin de choisir l'emplacement du futur logis. Notre ambitieux marchand s'est d'ailleurs reconverti dans l'immobilier à plein temps et a établi son agence dans la rue commerçante, beaucoup mieux achalandée que le centre-ville du précédent volet. Ce quartier s'étoffe d'une jardinerie, d'un magasin de chaussures et de chaussettes, histoire de se façonner un look plus raffiné. Et cette personnalisation accrue ne s'applique pas qu'aux vêtements, les motifs confectionnés dans la boutique de couture étant désormais utilisables pour le mobilier et des éléments de l'environnement. S'y ajoute éventuellement un night club qui fait office d'alternative au musée pour les activités culturelles nocturnes, car bien sûr, le jeu se déroule toujours en temps réel.
Économie florissante
Comme d'habitude, les échoppes renouvèlent donc leur stock à un rythme journalier, tandis que des vendeurs itinérants passent régulièrement, avec l'appel à la collectionnite que cela suppose. Encore faut-il gagner suffisamment d'argent (de clochettes en l'occurrence) pour s'offrir ces montagnes d'objets, et éventuellement pour agrandir sa demeure afin de les stocker. Heureusement, on ne manque pas de boulot dans Animal Crossing, qu'il s'agisse de cueillir des fruits, de ramasser des coquillages, d'attraper des insectes, de pêcher des poissons et de déterrer des fossiles avec les outils adéquats. Chacune de ces occupations a été enrichie, par exemple avec de nouvelles espèces de fleurs et d'arbres, dont la bonne santé demande un vrai talent d'horticulteur. De même, la pêche était déjà passionnante en raison de la rareté de certaines prises suivant la période de l'année, mais ce loisir peut ici se pratiquer sans canne, en plongeant dans les fonds marins pour ramener des crustacés. Le port du maillot de bain est néanmoins requis, et pour s'en procurer un, quoi de mieux qu'une croisière sous les tropiques ? On croyait l'île de l'opus GameCube définitivement rayée de la carte, la voilà de nouveau accessible grâce à un vieux loup de mer chantant. Malgré une taille très modeste, ce lieu de farniente donne l'occasion de se livrer à de multiples excursions (en solo ou en multi joueur), des mini-jeux très utiles pour gagner des pièces de la monnaie locale et acheter des produits exotiques. Trêve d'oisiveté, puisque le maire de la ville a lui aussi pris le large, laissant sa secrétaire aux abois.
Eco maire
Une place toute destinée à ce nouvel habitant que l'on incarne, du moins pour le premier à utiliser la cartouche, les autres joueurs devant se contenter du statut de simple concitoyen (avec la perspective de transférer sa sauvegarde vers un autre exemplaire du jeu si l'on tient à occuper ce poste). Une fois planté l'arbre du village arrive l'heure solennelle de s'installer derrière ce bureau, et moins mollement que son précédent propriétaire... Non pas que garder l'indice de satisfaction des contribuables au beau fixe nécessite un travail intense ! Cependant, il faut veiller à ce que le développement se fasse en harmonie avec la nature, une touche écologique soulignée par le magasin de recyclage. On peut y revendre les babioles superflues, le dépôt de déchets étant payant. En outre, il ne suffit pas qu'une ville soit bien propre pour être agréable à vivre, elle doit aussi disposer de bonnes infrastructures. Cette démarche avait été initiée avec la construction du pont et de la fontaine sur Wii, toutefois les travaux publics prennent une toute autre envergure à travers l'édification d'ouvrages tels qu'un camping, un café ou un poste de police, synonymes d'activités annexes. Naturellement, ces chantiers ont un coût, financé par les dons des joueurs et des généreux invités. Dans le cas des arrêtés, le maire s'acquitte même seul des frais de dossiers (certains élus devraient en prendre de la graine), mais c'est le prix à payer pour modifier les règles de cet écosystème. On peut ainsi forcer la population à se lever tôt ou à se coucher tard, plutôt commode pour profiter des magasins en rentrant le soir ! De même, il est possible d'influencer l'économie et la flore.
Ecotourisme
On modèle par conséquent cet univers selon ses aspirations, comme on aménage son logis à l'intérieur et dorénavant à l'extérieur, grâce aux rénovations proposées par Tom Nook. Une raison supplémentaire de vouloir faire admirer son nid douillet, par le biais des maisons-témoins transmises via StreetPass, ou d'inviter d'autres joueurs dans sa ville, d'autant que ces voyages ne s'adressent plus exclusivement aux amis. Tout le monde a maintenant l'opportunité de faire du tourisme, et ce sans risque de mésaventures (en particulier pour les hôtes). En effet, les escapades sont susceptibles de se passer dans le pays des songes... Voilà le moyen rêvé de découvrir l'incroyable richesse de New Leaf, que l'on dispose d'un code onirique pour choisir sa destination ou que l'on rêvasse au hasard. Le salon de détente bâti, un simple petit somme permet d'aller visiter d'autres bourgades, y compris quand leur maire n'est pas connecté, pour peu qu'il en ait donné l'autorisation. En contrepartie d'une telle ouverture, l'intérêt de ces balades se limite à ramener des motifs en guise de souvenir et à s'inspirer des oeuvres des paysagistes les plus doués. Pour un séjour plus concret, il faut encore recourir aux codes amis, en sélectionnant si besoin les meilleurs. La constitution de ce cercle relationnel reste obligatoire afin d'être convié à vadrouiller avec ses camarades, à participer aux tournois, ou à faire des emplettes. Et si l'on connaît des joueurs d'autres nationalités, ces échappées belles sont la chance de mettre la main sur des spécialités régionales, le souci du détail ayant été poussé jusqu'à inclure certaines traditions culinaires propres à un pays. Quoi de mieux pour élargir ses horizons culturels ?