Depuis une semaine, la colère gronde parmi les salariés d'Activision Blizzard, alors que l'entreprise se retrouve assignée en justice par les autorités californiennes. Solidaires de leurs confrères, les employés d'Ubisoft ont largement soutenu le mouvement, alors que les démissions s'enchaînent depuis les révélations de l'été 2020. C'est peu dire que la réponse du PDG Guillemot n'aura pas su faire redescendre la colère.
Alors que le personnel du géant américain manifestait il y quelques jours devant le Blizzard Campus pour dénoncer des pratiques sexistes et de harcèlement largement instituées dans la direction, plusieurs centaines d'employés d'Ubisoft se fendaient d'une lettre ouverte en forme de soutien, non sans rappeler l'inaction de leur employeur depuis l'enquête du journal Libération publiée en juillet 2020 :
Cela fait plus d'un an que les premières révélations de discrimination systémique, de harcèlement et d'intimidation au sein d'Ubisoft sont sorties. À l'époque, vous avez été surpris d'entendre parler de ces actes au sein de votre propre entreprise et nous vous avons accordé le bénéfice du doute. Cependant, nous n'avons rien vu de plus qu'un an de paroles aimables, de promesses creuses et d'une incapacité ou d'une réticence à renvoyer les agresseurs connus.
Relation épistolaire
Quelques heures plus tard, le PDG de l'éditeur français adressait un e-mail en forme de réponse à tous ses employés :
Ubisoft CEO Yves Guillemot emailed all employees today about yesterday's open letter:
"We have heard clearly from this letter that not everyone is confident in the processes that have been put in place to manage misconduct reports" pic.twitter.com/P6T22vS5cL
- Stephen Totilo (@stephentotilo) July 29, 2021
Je tiens à personnellement réitérer notre engagement en faveur d'un changement réel et durable chez Ubisoft.
Nous avons fait d'important progrès durant l'année passée. Depuis l'été dernier, nous avons implémenté de nouveaux outils de rapport d'activité anonymisés, réorganisé nos ressources humaines et mis en place une politique visant à prévenir les discriminations, les représailles, le harcèlement, installé un nouveau code de conduite, déployé des formations obligatoires... Ce sont des étapes importantes, le processus est long, et il reste encore beaucoup de travail.
La lettre d'hier exprime les inquiétudes de la part de nos employés qui veulent faire d'Ubisoft un meilleur endroit où travailler. Nous avons entendu que tous ne sont pas convaincus par car ce que nous avons mis en place.
En effet : une partie des signataires de la lettre de soutien ont par la suite contacté nos confrères de Games Industry pour leur faire part d'un mécontentement persistant face à une direction qui continue à éviter certaines problématiques :
Nous sommes conscients que l'entreprise a progressé, et nous sommes contents de lire qu'Yves et les cadres estiment que cela n'est pas encore suffisant.
En revanche, Ubisoft continue de protéger et de promouvoir des harceleurs connus, la direction continue d'éviter la question. Nous voulons voir arriver des changements profonds au sein d'Ubisoft et dans toute l'industrie pour le bien de nos membres.
Il est hypocrite de dire que la direction travaille sur ces sujets tout en protégeant des personnes toxiques qui abusent leur position de pouvoir. Faites mieux que ça, ou vous allez continuer de voir partir des gens bien.
Contrairement à bien des présentateurs du petit écran, les employés d'Ubisoft semblent donc déterminés à ne pas lâcher le morceau tant que leurs demandes n'auront pas fait l'objet d'une réponse précise et argumentée. Souhaitons que l'époque leur soit propice, et qu'ils obtiennent effectivement les précisions attendues.