Nous avions déjà eu l'occasion de croiser la route de Tales of Arise en juin dernier, et il faut bien avouer que le J-RPG next-gen de Bandai Namco nous avait fait de l'effet, avec sa plastique alléchante et son système de combat astucieux. Si le sextet de combattants déjà bien entretenu faisait des merveilles, nous avons cette fois pu découvrir les premiers heures de l'aventure, histoire de définitivement nous imprégner de cet univers entre deux planètes qui révèle encore bien des surprises. Des bonnes... comme des mauvaises.
L'éditeur avait déjà prépare le terrain depuis plusieurs mois : Tales of Arise prend place dans un monde résolument asymétrique, où les Renans, vainqueurs d'une guerre préventive d'invasion il y a trois siècles de cela, se sont octroyé le droit de réduire les habitants de Dahna en esclavage. Qu'il y a t il de pire que d'être privé de sa liberté et du fruit de son travail me direz-vous ? Alphen connait la réponse : notre héros au masque de fer bien dans son époque est victime d'une bien vilaine malédiction, incapable qu'il est de ressentir la douleur. Entre deux journées de labeur non rémunérées, il voit ainsi les siens mourir un à un, et doit encaisser le coup.
Les poncifs crème
Heureusement, Alphen reste malgré tout un héros de J-RPG, et se veut donc amnésique, histoire de découvrir au gré de la progression les dessous de cet univers colonialiste. L'intéressé n'est d'ailleurs pas à un poncif près, puisqu'il se charge de parler seul pour expliciter sa situation, un tropisme résolument old-gen s'il en est. Mais comme dans les plus belles histoires, c'est l'arrivée inopinée d'une demoiselle absolument pas en détresse qui va lui offrir la porte de sortie tant espérée.
Grâce à la présence de Shionne, une Dahnane qui électrise automatiquement ceux qui tentent de la toucher. Ni une ni deux, voilà qu'Alphen devient la seule bête de trait à pouvoir l'approcher, et leur contact réveille immédiatement un pouvoir qui coche toutes les cases de la production japonaise typique, puisqu'émerge de sa poitrine une épée de feu reliée à un core sphérique. Nous n'avons même pas dépassé l'heure de jeu. Si l'ambiance et le propos donnent envie de découvrir les tenants et aboutissants de cette nouvelle aventure, quel dommage de voir à quel point le rythme est haché par un interminable enchaînement de dialogues, de cutscenes et de phases de jeu si redondant qu'il devient vite très frustrant. Reprendre le contrôle après un long dialogue pour effectuer quelques pas et devoir reposer la manette pour plusieurs minutes, voilà un modèle que l'on aimerait voir à jamais disparaître.
Duo des cimes
Voilà donc l'occasion rêvée pour faire de ces deux-là un duo complémentaire en combat, une aubaine qu'exploitent assez habilement les développeurs : Alphen se charge du corps à corps, Shionne du tir à distance. Ah, on ne vous avait pas dit ? Elle peut aussi matérialiser à l'envi son fusil. Pratique, puisqu'elle n'a plus besoin de le porter lors des (nombreuses) cutscenes de ce début de partie. Introduction oblige, les mécaniques arrivent cette fois au compte-goutte, et permettent de digérer les nombreuses possibilités que le jeu a à offrir, en cumulant attaques de bases, Artes à configurer sur les boutons de façade, et autres esquives à base de gâchette droite qui assurent un contre bien senti si exécutées au bon moment. La jauge de CP bien visible rappelle qu'il ne faudra pas faire feu de tous bois, puisque cette dernière ne se recharge que lors des repos à l'auberge ou aux feux de camps, et obligent donc à opérer en direct certains choix stratégiques, d'autant plus que les ennemis encaissent de mieux en mieux la même attaque répétée ad nauseam.
Après quelques heures de pérégrinations arrivent les Boost affectés à la croix, qui déclenchent avec le ou la partenaire de votre choix une attaque combinée et ô combien classieuse, qui multiplie d'autant plus les dégâts que l'on aura pris soin d'attendre d'avoir assommé l'ennemi pour l'exécuter. Vous l'aurez compris : les possibilités s'avèrent multiples et complémentaires, d'autant plus que Tales of Arise nous a déjà promis une équipe conséquente aux capacités variées, et l'on peut ainsi espérer peaufiner encore et encore sa technique durant les centaines d'affrontements qu'il faudra mener.
Li-ber-té !
Heureusement, le jeu laisse souvent le choix de passer son chemin pour gérer soi-même l'équilibre entre exploration et leveling, une liberté bienvenue qui permet même de se frotter à quelques Zeugles, des créatures bien plus velues que l'on pourra parfois défaire grâce à leur point faible proéminent, et un peu de réussite. Le déblocage de points de téléportation autorise d'ailleurs un rapide repli, et fluidifie une fois encore la progression, supprimant les aller-retours inutiles, d'autant plus que les premières missions à remplir obligent à un retour systématique au camp, avant de repartir. Si seulement il n'y avait pas ces fichues cutscenes pour venir sans cesse casser le rythme...
Nous avions déjà été charmés par l'aspect visuel de Tales of Arise, et ce n'est pas ce second galop d'essai qui nous fera revoir notre jugement : le jeu profite d'une direction artistique inspirée, et portée par un moteur qui lui permet de ne souffrir d'aucune saccade, en tous cas sur PC. Alors oui, on voit bien que les développeurs trichent en tentant de dissimuler certains éléments avec des flammes ou de la poussière, et le clipping est encore assez voyant, il n'empêche : l'aventure est visuellement ravissante, et l'ambiance qui se dégage participe grandement à l'immersion. La progression est d'autant plus agréable que le jeu semble avoir laissé de côté les vieilles conventions du genre, et l'on peut désormais courir, sauter, escalader et gambader en toute liberté. Mais surtout, quel plaisir de profiter d'une bande-son toujours aussi divine : des moments intimes aux assauts guerriers portés à grand renfort de choeurs et de percussions, Tales of Arise confirme une fois encore qu'il se vivra aussi à travers ses musiques d'une finesse et d'une précision remarquable. Vite, la suite !
ON L'ATTEND... TOUJOURS SEREINEMENT
Après quelques heures de jeu, il reste certain que Tales of Arise saura reprendre et porter le flambeau d'une série qui tente de s'affranchir de bien des conventions. Très réussi dans ses mécaniques de combats, sa progression plus libre que jamais, sa direction artistique inspirée et des musiques à se rouler par terre de bonheur, l'aventure souffre dans ses débuts de gros problèmes de rythme qui viennent casser une bien belle dynamique. Si Tales of Arise parvient à mieux gérer l'équilibre entre gameplay et narration, les rôlistes devront sérieusement surveiller sa sortie, toujours fixée au 10 septembre prochain sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series.