Annoncé en grande pompe lors de la dernière édition physique de ce salon que l'on appelait autrefois l'E3, le Tales of nouvelle génération nous aura fait patienter deux longues années avant de pouvoir enfin l'approcher manette en main. Bon, au vu du résultat, nous lui avons pour ainsi dire tout pardonné. Ça ira pour cette fois, mais c'est la dernière, hein !
La bonne nouvelle, c'est que les développeurs ont su profiter du report de Tales of Arise pour peaufiner leur copie, et nous offrir un premier aperçu digne de ce nom : aux commandes des six protagonistes déjà dévoilés, nous avons ainsi pu découvrir si le quinquennat qui nous sépare de l'épisode Berseria a permis à la série de véritablement changer de génération.
La ligne éclair
Une fois de plus, la réponse est résolument positive : disponible via Shadow, cette démo jouable d'une solide version PC flatte assurément la rétine. Sans pour autant lorgner vers le photoréalisme que certains studios ne cessent de poursuivre, Bandai Namco a choisi de tracer une nouvelle ligne, claire, et opte ainsi pour une nouvelle direction artistique. Si la série conserve ses couleurs vives et ses personnages au look japonisant, Tales of Arise opte pour une approche crayonnée de belle facture, qui cerne ses éléments d'un trait plus épais et distinctif. Au fur et à mesure que le champ de vision s'éloigne, les couleurs s'estompent, et si ce parti-pris artistique en froissera toujours quelques-uns (la vie est ainsi faite), cette approche graphique donne déjà le sentiment d'avoir franchi une étape.
Autant vous dire que les 60 FPS constants ici atteints achèvent de nous convaincre : sur le plan technique, cette nouvelle aventure s'annonce pleine de promesses, malgré le classicisme de la zone qui s'offrait à nous. Entre l'orée d'un bois et les portes d'une ville d'inspiration médiévale, la plaine de Viscint ne propose rien de révolutionnaire en soi... si l'on choisit de mettre de côté cette espèce de cochon aux oreilles de lapin protubérante. En voilà un curieux croisement, qui laisse d'ailleurs de marbre les PNJ encore raides comme des piquets. Work in progress, qu'on nous dit.
Artes piazza
Mais laissons de côté l'exploration pour se concentrer sur ce qui faisait tout l'intérêt de cette démo : le système de combat. Les personnages occupant plus de place à l'écran, la caméra se rapproche un peu plus de l'action sans pour autant gêner la lisibilité des affrontements, puisque vos coéquipiers sauront littéralement s'effacer pour ne pas passer devant l'objectif. Sur le plan stratégique, trois choix s'offrent à vous : en plus du mode libre et d'un mode automatique qui vous laisse libre de changer les inputs au besoin, une troisième voie semi-automatique (et activée d'office) permet un entre-deux satisfaisant, puisque votre combattant s'arrêtera de bouger une fois dans la zone d'attaque, vous laissant ainsi le loisir de prendre le relais.
60 FPS oblige, les affrontements se veulent dynamiques, et c'est en testant les nombreuses combinaisons possibles que l'on comprend que Tales of Arise devrait proposer un peu de profondeur stratégique. Chaque combattant possède d'abord son propre style : Alphen s'entend comme l'épéiste classique du genre, Shionne tient la distance avec ses armes à feu, Rinwell s'occupe des attaques magiques, Law pratique les arts martiaux, Kisara bloque les attaques avec son bouclier pesant, tandis que Dohalim est le personnage "équilibré" par excellence, avec son bâton qui permet de gérer corps-à-corps comme mi-distance. Les habitués de la série ne seront pas trop dépaysés en constatant que les Artes, des attaques spéciales propres à chaque personnage, sont toujours de la partie, et se différencie en fonction d'une pression brève ou appuyée des boutons de façade.
Do you want to Flea ?
Une fois le quatuor constitué, on peut facilement passer d'un personnage à un autre, et ainsi exploiter les faiblesses des ennemis, ou accélérer la cadence au besoin. Les deux recalés pourront tout de même être invoqués via la croix directionnelle et déclencher une attaque spéciale, pratique pour se protéger d'une attaque de zone si Kisara ne faisait pas partie de l'équipe avant d'affronter un boss.
Vos coéquipiers ne se gênent d'ailleurs pas pour prodiguer en temps réel des conseils stratégiques, mais le plus intéressant reste l'emprunt inspiré des gambits de Final Fantasy XII, qui permettent de régler finement sa stratégie. En priorisant des actions par personnage et par type de formation, les stratèges trouveront une bonne raison de passer du temps dans les menus, une bonne idée sur le papier, si les développeurs n'avaient pas tenté d'en faire un passeport pour l'enfer. Ou la folie, c'est au choix. Espérons que les quelques mois qui nous séparent de la sortie définitive du titre permettent de corriger le tir, car en l'état, c'est à n'y rien piper.
Heureusement, Tales of Arise se rattrape sur bien des points, à commencer par sa renversante bande-son, qui frappe fort d'entrée de jeu en proposant des orchestrations savamment travaillées, assez grandioses, qui témoignent une fois de plus d'une véritable tentative d'élever le niveau de jeu. Attention toutefois à ne pas trop s'éparpiller : ouvrir chaque affrontement sur une basse slappée suivie d'une guitare de flamenco qui ouvre sur des cordes lyriques, voilà qui n'est pas très... commun. Durant les phases d'exploration, les choeurs très présents auront achevé de nous convaincre : le retour en force tant attendu de la série pourrait bien être enfin au rendez-vous !
Prête-moi ta plume
En effet, Bandai Namco semble avoir véritablement analysé et digéré les progrès de la concurrence de ces dernières années, et les inspirations et/ou emprunts s'avèrent assez nombreux : entre les simili-gambits déjà mentionnés, on retrouve un système de cuisine autour du feu situé quelque part entre Breath of the Wild et Final Fantasy XV, puisqu'ils octroient des bonus temporaires pour le jour suivant. Les boss possèdent désormais des points de faiblesse sur lesquels concentrer ses efforts, et l'exploration profite d'une plus grande liberté : malgré des murs invisibles old-gen, on peut enfin sauter d'un pont pour automatiquement nager, il était temps. Les saynètes iconiques de Tales of seront heureusement toujours de la partie, et désormais revisionnables lors des feux de camp, des moments d'accalmie qui offrent en plus au réveil quelques sympathiques répliques, pour peu que l'un ou l'autre de nos héros, aussi peu du matin que votre serviteur, aura mis sa tunique à l'envers.
ON L'ATTEND... TALES... MENT !
Après une paire d'épisodes un peu trop semblables, Tales of Arise s'annonce enfin comme le renouveau d'une série qui en avait bien besoin. Ambitieux sur le plan graphique, musical, et doté d'un gameplay stratégique qu'il nous tarde de creuser, le nouveau J-RPG de Bandai Namco n'a plus qu'à refondre totalement ses menus démoniaques pour envisager sereinement sa sortie sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series le 10 septembre prochain.