D'où sort ce Fantasy Life ?

C'est un projet initié de longue date chez Level-5, alors que le studio se consacrait encore uniquement aux RPG. Son développement n'a pas été un long fleuve tranquille, comme on l'avait laissé entendre dans le test de la version nippone. Dernier exemple en date, cette oeuvre annoncée dans un premier temps sur DS (et en 2D) n'est sortie que fin 2012 au Japon, avec un certain goût d'inachevé. En effet, elle ne comportait pas de mode en ligne, pourtant évoqué depuis l'origine. Mais grâce à son succès critique et commercial, une mise à jour payante est venue ajouter cette dimension multi joueur durant l'été 2013 pour en faire une édition complète, Fantasy Life Link!, également proposée en boîte.

Quelle version arrive en Europe ?

Elle est basée sur la plus récente au Japon, autrement dit la 1.5, qui apporte bon nombre d'éléments supplémentaires et d'améliorations parfois très pratiques. On peut notamment citer la présence de trois slots de sauvegardes, de nouvelles quêtes et bien sûr l'option en ligne accompagnée d'une interface de chat. Seul hic, Origin Island et son (copieux) contenu additionnel - d'autres éléments de la mouture Link! - seront diffusés sous la forme d'un pack téléchargeable dès le lancement, une décision doublement critiquable. Si la perspective de voir débarquer des DLC par la suite constitue plutôt une bonne nouvelle, en publier un à la fois payant et en day one donne l'impression très désagréable que l'on nous vend quelque chose qui aurait dû être inclus d'emblée. Dans un registre plus réjouissant pour nos vertes contrées, Fantasy Life a semble-t-il bénéficié d'une localisation en français assez réussie. Celle-ci souligne son ton légèrement décalé, malgré certains termes traduits de manière discutable, comme "carrières" pour les "jobs".

À propos, c'est quoi cette histoire de "jobs" ?

Dès le départ, il faut choisir une vocation, à l'image des classes dans les RPG traditionnels. Cependant Fantasy Life se distingue par la variété des métiers proposés, la liste allant du mineur au paladin en passant par le forgeron, le cuisinier ou le pêcheur. Cette approche permet d'appréhender le jeu très différemment selon sa profession, puisqu'il sera moins coûteux d'obtenir des armes en les fabriquant soi même par exemple, surtout en se chargeant de toutes les étapes. Ces travaux se déroulent sous la forme de mini jeux spécifiques à chaque activité qui reflètent bien la pratique de ces disciplines. D'autant qu'ils sont évolutifs et que le résultat dépend de l'efficacité de ses prestations, avec des objets plus nombreux ou de meilleure qualité à la clé. Du coup, cela incite à s'appliquer tout en évitant que la lassitude s'installe à force de répéter les mêmes gestes.

Mais alors, si on choisit d'être menuisier, le jeu va se limiter à façonner des meubles ?

Non, car on a loisir de changer de job à l'envi, sans perdre certaines compétences liées à sa profession, par exemple la possibilité de couper des arbres si on a sa licence de bûcheron. En outre, Fantasy Life s'articule autour d'une vraie trame scénaristique, dont on peut accomplir les quêtes principales quelle que soit la carrière choisie. Alors que les "points étoiles" obtenus en réussissant des défis servent à développer ses aptitudes et son rang dans les différents jobs, les XPs récoltés en parallèle augmentent l'ensemble des attributs du personnage selon ses aspirations. Toutes les carrières permettent ainsi de se livrer aux combats, quoiqu'un magicien adopte une approche forcément moins physique qu'un mercenaire. Les affrontements se déroulent cependant toujours à la manière d'un Action-RPG, suivant un système simple réparti essentiellement sur deux boutons.

Cela ressemble à un Animal Crossing revisité façon Heroic Fantasy non ?

C'est pas faux, dans la mesure où il y a beaucoup de choses à faire au village de Castel, entre les services à rendre aux autochtones, l'aménagement de son logis et les interactions avec d'autres aventuriers en réseau local ou en ligne (l'échange d'objets par exemple). Toutefois, le monde de Fantasy Life ne se cantonne pas à cette ville et ses environs, de nouvelles régions et d'autres cités deviennent accessibles au fil de l'épopée, qui paraît d'ailleurs très longue. En fait, il faudrait davantage le comparer à un mix entre Animal Crossing, Final Fantasy, Harvest Moon, Dragon Quest avec un soupçon de Zelda, le tout relevé à la sauce MMO. Oui rien que ça !

ON L'ATTEND... ENORMEMENT !

Derrière ses airs d'Animal Crossing boosté à l'Heroic Fantasy ou de MMO enfantin, Fantasy Life semble introduire une philosophie assez originale du RPG, pleine de liberté et de variété. Reste à savoir si ces bonnes dispositions se confirment sur la durée, auquel cas l'oeuvre de Level-5 pourrait bien figurer parmi les représentants d'envergure du genre, et pas seulement pour cette fin d'année.