Quelques mois après avoir posé les timides bases de ce qui deviendra le commerce mondial dans les vertes contrées de l'Irlande, l'infatigable Eivor se voit chargée d'une nouvelle mission : traverser la Manche pour stopper la progression de ces fichus Francs, avant que leur appétit de conquête ne les pousse à repousser les Vikings. L'occasion était trop belle pour découvrir celle qui s'appelle déjà Paris, quelques siècles avant les événements d'un certain Unity...
Si les Vikings de la Colonie coulent des jours heureux entre deux pillages et quelques églises incendiées, la menace franque parvient aux oreilles de notre fière guerrière, qui décide de s'aventurer seule sur le territoire de Charles III dit "Le Gros", persuadée que le conflit à venir pourrait être évité via une habile négociation.
Si Le Siège de Paris ne fait aucun mystère de la conclusion qui attend les diplomates encapuchonnés, ce nouvel appel d'Assassin's Creed Valhalla nous offre une belle occasion de parcourir des contrées aux noms familiers : entre Melun, l'Amiénois ou la (triste) vielle d'Evreux, on navigue en terrain connu, et c'est évidemment au son de l'accent si franchouillard que l'on profitera d'un nouveau décor où chaque couleur de fleur délimite une région. Mais malgré ces parterres colorés, le délabrement extrême de certaines contrées s'accompagne d'une bande-son remarquablement sombre et angoissante qui reste assurément en tête, et se hisse largement au niveau de l'épisode principal, c'est dire.
A la santé du roi Charles III Le Gros
Si les lieux se veulent assez proches de ceux de l'Angleterre voisine, quelques nouveaux guerriers francs viennent offrir un peu de challenge, notamment ces fichus cavaliers qui encaissent particulièrement bien les coups, perchés sur leurs montures. Heureusement, Le Siège de Paris propose de renforcer les alliés Vikings de Francie via des missions de rébellion, des événements disséminés sur la carte, et qui permettent de faire grossir les troupes en prévision d'un assaut inéluctable de la capitale. S'il faudra bien souvent éliminer tous les Francs d'une zone donnée, l'exercice exige un peu de doigté, et nous rappelle que la série d'Ubisoft n'est jamais aussi grisante que lors des phases d'infiltration où chaque assassinat discret dessine peu à peu la victoire finale. Le rythme aurait en revanche été bien mieux maîtrisé s'il ne fallait pas valider chaque objectif par un retour au comptoir avant de pouvoir repartir. Résultat : on finit par les laisser de côté alors qu'elles pèsent sur la bataille finale, et c'est bien dommage.
Sous le pont Mirabeau coule le sang
Et le plus étonnant, c'est que le Le Siège de Paris applique à toute son intrigue ce retour aux sources salvateur : pour atteindre et entamer le dialogue avec Charles et ses lieutenants, il faudra d'abord se débarrasser de quelques gêneurs, mais le chemin pour y parvenir se veut bien plus ouvert que d'ordinaire. Comme en 2007 à Jérusalem, il faudra laisser traîner ici et là ses oreilles, recueillir différents indices, et choisir la meilleure voie à emprunter. Si l'aventure ne s'approche évidemment pas des sommets de liberté d'un Dishonored, la sensation d'être autonome agit comme une véritable bouffée d'oxygène dans une série bien trop prompte à guider les joueurs à coups de marqueurs. On profitera alors d'autant plus d'une intrigue bien de chez nous, entre tromperies conjugales, plaisirs de la chair et autres dévots illuminés (et donc évidemment ridicules), avant de répondre à cette éternelle question : "Paris brûle-t-il ?"