Si la licence Donjons & Dragons s'avère un terreau très fertile pour le jeu vidéo, avec d'innombrables titres (plus de 70 jeux depuis 1988, dont les excellent Baldur's Gate ou Neverwinter Nights), elle met généralement à l'honneur des studios de développement plutôt réputés. Mais après avoir découvert que Dark Alliance était développé par Tuque Games (ils ont sorti Livelock en 2016, mais on se doute que peu de gens sont au courant), nos craintes ont grandi comme un champignon sous l'humidité. Le studio avait-il les reins assez solides pour faire honneur à la licence ? On vous explique ça.
Sur le papier, Dark Alliance nous propose donc une expérience action-RPG qui est censée se magnifier une fois en ligne, puisque le jeu est jouable en coop jusqu'à 4. En effet, le jeu nous laisse incarner un des quatre héros emblématiques de la série littéraire de R.A. Salvatore, pour aller terrasser de méchantes créatures venues des ténèbres qui déferlent sur les Royaumes Oubliés. Jusque là, rien de très exotique. On choisit donc entre Drizzt (un assassin drow spécialiste du càc), Wulfgar (un DPS avec une grosse masse), Bruenor (un nain qui joue le rôle de tank) ou sa fille adoptive Cattie-Brie qui est pour sa part un support/healer et qui officie à l'arc. Nous avons choisi ce dernier personnage pour la plupart de l'aventure. Après une cinématique d'introduction particulièrement classe, et même assez jolie visuellement, on se retrouve au coeur du Cairn de Kelvin qui va nous servir de hub. On y trouve un coffre pour récupérer le matos looté en mission, une carte pour choisir notre prochaine aventure, une étagère à trophées, et un vendeur à qui fourguer toutes les daubes qu'on aura ramassé par terre. Ce dernier pourra aussi améliorer notre équipement à condition d'avoir assez de cristaux, et d'or pour payer la main-d'oeuvre. Les amateurs de look léché pourront aussi utiliser divers skins pour customiser leurs perso, sachant qu'il existe en général trois ou quatre possibilités par pièce d'équipement.
La Côte désépaissie
Hormis le contenu, on fait aussi une première découverte plutôt décevante : le jeu n'est pas vraiment aux standards visuels du moment. C'est graphiquement daté, les animations de nos personnages ne sont pas franchement convaincantes, et on remarque au passage que les pieds de notre héros ne touchent pas souvent le sol, ce qui donne une impression désagréable de glissade permanente lors des déplacements. En allant lancer une mission, on se rend rapidement compte que le jeu a été pensé pour le multi, même si le solo est tout à fait possible. Les menus sont faits pour 4 joueurs, et seul on voit donc moult emplacements grisés. Là encore, ce n'est pas hyper sexy. D'ailleurs, on précise que si le jeu est jouable au clavier (pas de setting AZERTY, ni possibilité de changer les touches de déplacement, il faudra basculer votre périphérique en QWERTY), il a clairement été pensé pour la manette. De manière toujours classique, chaque perso dispose d'un coup rapide, d'un coup puissant, de deux capacités (qu'on peut changer en en débloquant de nouvelles) qui se rechargent avec le temps, et d'une attaque spéciale. Cette dernière s'utilise une fois la barre idoine chargée, et se remplit uniquement lorsqu'on effectue des combos.
Une épreuve d'endurance
Comme dans un souls-like, chaque attaque va pomper un peu de notre barre de stamina, tout comme l'esquive, ou le blocage. D'ailleurs, en effectuant cette action avec un bon timing, on se retrouve a exécuter une parade. Chaque attaque à un certain pourcentage de chances de faire un dégât critique, sachant que toute offensive dans le dos d'un ennemi garanti le même résultat. En plus, on dispose de 4 emplacements pour y mettre des potions, ou des armes de lancer (genre feu grégeois). Globalement, le système de combat est hyper classique, et il en devient même rapidement lassant. En effet, on mémorise rapidement le combo qui fait le plus de dégâts sans vider notre jauge d'endurance, et on n'utilise plus que lui 90% du temps. La vérité, c'est que les affrontements sont atrocement répétitifs, et qu'on s'y amure finalement très peu, à cause du système de combos bancal, mais surtout à cause des ennemis. L'IA est complètement aux fraises, et l'aggro est clairement un gros problème. Les mobs ne s'intéressent à nous que lorsqu'on est assez près, et dès qu'on s'éloigne de leur position initiale, ces derniers nous tournent le dos, et vont retrouver leur quiétude. Bref, avec des attaques à distance, il est tout à fait possible de trucider tous les ennemis d'un niveau sans qu'aucun ne vienne nous voir. D'ailleurs, si jamais vous êtes pressés, sachez qu'on peut facilement terminer la quasi-totalité des missions en courant en ligne droite jusqu'au boss de fin, sans affronter personne d'autre.
Icewind Deg'
Une option de lâche ? Pas sûr, tant les affrontement se révèlent ennuyeux et pleins de bugs. Les problèmes de hitboxes sont légion, comme lorsqu'un mob nous touche alors qu'on se trouve dans son dos. Pire, les ennemis buggués se téléportent régulièrement tel un joueur de CS:GO avec 500 de ping. D'ailleurs, les problèmes ne s'arrêtent pas là, puisqu'on a souvent eu des soucis d'affichage, comme le HUD, la tête de notre personnage, ou encore son arme qui disparaissent à tout bout de champ. Face à ces déceptions en chaîne, on eut espéré que le multi relève le niveau, mais hélas, ce n'est pas le cas. Rien n'égalise le niveau des joueurs, et lorsqu'on joue avec un allié qui a un personnage plus puissant, on est donc réduit à infliger des dégâts insignifiants aux ennemis, sans même pouvoir profiter d'un loot de folie. D'ailleurs, il faut que vos partenaires aient choisi d'autres personnages, puisqu'il est également impossible de composer une équipe avec deux Catti-Brie ou deux Wulfgar. Vous l'avez compris, à moins de faire l'intégralité du jeu avec des amis, l'aventure risque rapidement de manquer de sel. Pire, la difficulté est particulièrement mal dosée, avec des paliers assez incroyables. Ainsi, quand on se promène littéralement en difficulté 1, on peine un peu contre le boss de fin en difficulté 2, et on se fait oneshot par le premier mob venu en difficulté 3. L'avantage, c'est qu'avec 10 niveaux de difficulté, il y aura de quoi faire niveau durée de vie. Et heureusement, car avec 6 chapitres déclinés en 3 actes, on peut terminer les 18 missions en une grosse dizaine d'heures si on va en ligne droite. Enfin, l'exploration et la chasse aux trésors n'est pas non plus la panacée, la faute à un level design qui manque singulièrement d'originalité.