Entrée dans nos vies par des FPS et TPS compétitifs, la mode du Battle Royale a fait son nid dans d'autres genres, avec un certain succès. Tetris 99 ou Pac-Man 99 en attestent : on peut grignoter des classiques du Jeu Vidéo à la sauce Highlander avec appétit, du moment que les chefs y mettent assez d'amour et de croquant. Konami aux fourneaux, on sait que le meilleur comme le pire nous attendent. Et pour l'arrivée de son Super Bomberman R Online sur d'autres supports que Stadia, la tentation d'un nouveau nom de baptême en langue de Goethe pourrait être grande. Bomberman 99 ou Nein Nein ?
Depuis plus de 30 ans, Bomberman la joue Battle Royale. Alors pas question de lui apprendre son métier avec Super Bomberman R Online. Pour le plus grand bonheur des fans, il est toujours question ici de se retrouver dans des arènes pleines de blocs, où il faut poser ses bombes avec soin et malice pour déblayer la zone, étoffer votre arsenal, exterminer la concurrence et se présenter comme le dernier survivant. Le gameplay classique de la licence qui rassurera les connaisseurs, avec un twist qui lui, devrait attirer tout le monde. En principe.
Blast Action Hero
La principale attraction de Super Bomberman R Online, c'est le mode Bataille 64 en match rapide. Le spin-off du tristounet Super Bomberman R nous offre ici une déclinaison intéressante : une constellation de 16 zones de jeu connectées les unes aux autres où 64 joueurs vont se dynamiter la tronche pendant des phases raccourcies à une minute. Une fois le temps écoulé, il faut déambuler quelques secondes, vers une aire sûre, puisque rétrécissement il y a. Et répéter jusqu'à la victoire. On ne peut pas nier que la formule, avec deux vies au lieu d'une pour s'offrir des revanches salées, fonctionne très bien. En dehors de cet étrange voile flou sur l'image, qui ne ternit heureusement pas le rendu bariolé de l'ensemble, toujours soutenu par des bruitages et musiques qui surexcitent, rien ne choque vraiment. Entre bons réflexes et mauvais choix, le plaisir demeure lorsque le plan se déroule sans accroc.
Alucard Mastercard
La dimension stratégique de la proposition, où l'on retrouve les power-ups historiques pour gonfler la portée et la puissance de ses bombes ainsi que de quoi pousser, lancer ou encore acquérir une monture, se voit approfondie par les spécificités des personnages jouables. Plutôt que de proposer des bombers génériques que l'on rhabillera bien volontiers grâce à l'expérience et des défis débloquant tout un tas d'accessoires, Konami a réparti en quatre classes et attribué des avantages et limitations. Il est appréciable de se trouver un avatar qui saura correspondre à son style, misant sur la rapidité, l'agressivité, le nombre ou la portabilité. Mais l'on peut déjà constater que l'équilibre visé en essayant de contrebalancer certains talents par des lacunes se heurte à un problème : le Pack Premium.
Si vous ne dépensez pas 9,99 euros pour ce DLC qui offre également de quoi se créer des salons privés, le free to play peut se transformer en free to plaie. Les personnages uniques compris dans ce bundle, d'Alucard à Naked Snake ou encore Simon Belmont, se trouvent indéniablement avantagés par leurs pouvoirs, du droit d'assommer un adversaire à celui de traverser les bombes comme si de rien n'était ou de disparaître. Même si le skill et la stratégie font toute la différence, et qu'on aime forcément les figures des autres licences, on sent quand même que la Force penche du côté de ceux qui l'ont. Dieu merci, les autres microtransactions à base de Bomber Coins, tout n'est pas accessible en étant performant, mais doit-on en s'étonner, se cantonnent au cosmétique.
Le temps au temps
Super Bomberman R Online a les armes pour s'en sortir et nous faire revenir immanquablement malgré les écueils cités plus haut. Son principe simple, accessible et immédiatement amusant ne se trouve pas vraiment remis en question par cette nouvelle façon de jouer. Seulement voilà, il y a un ennemi sans pitié pour ce type d'expérience : l'attente. De ce côté, Tetris 99, Pac-Man 99 ou encore Super Mario Bros. 35 s'en sortent avec les honneurs. Pas le jeu de Konami. Le temps de trouver les adversaires. Le chargement une fois que c'est fait. Le gros chargement avant de les présenter - alors que bon, on s'en fout. Le chargement pour afficher le seul environnement proposé. Le chargement pour synchroniser tout ça... Moins d'une minute pour se plonger dans une partie ? Un doux rêve. Et l'on ne vous parle pas des écrans se gelant quelques dixièmes de seconde ou des bugs de collision, bien suffisants pour perdre ses repères ou le millimètre qui vous condamne à devenir spectateur du désespoir. Compliqué, même gratuitement.