Retrouver une ex c'est rarement une bonne idée. Mais quand il s'agit de celle qui t'a rendu fou amoureux il y a plus de 10 ans, tu te sens forcément prêt à faire une exception et tu recommences à tomber raide dingue au premier regard. Mais ce retour, est-ce pour le meilleur, une aventure passionnée et mémorable, ou pour le pire, du réchauffé nourri par les bons souvenirs ?
Ça y est, vous l'attendiez, elle est là : la trilogie Mass Effect revient d'entre les morts, pour notre plus grand plaisir. On s'est penchés sur son cas, et sommes-nous en présence d'un indispensable ou d'une compilation qui sent la même odeur que celle qui règne à la cave ou moisit la version Xbox 360 collector du premier épisode depuis des lustres ? Passé l'excitation de l'annonce de ce retour, rien n'est moins sûr que la réussite pour cette Legendary Edition, et c'est ce que nous allons décortiquer dans ce TEST. Chauffe Marcel !
Effet de masse
Ah, il y a 10 ans, si on avait dit à votre serviteur qu'il écrirait un jour sur Mass Effect dans un média professionnel, il n'y aurait pas cru, et pourtant, après le très discutable et discuté Andromeda, c'est bel et bien la seconde fois que le petit Joniwan va donc écrire un TEST sur la saga, pour vous, très chers lecteurs de Gameblog (avec un peu de retard et nous nous en excusons !) avec donc, cette fameuse trilogie qui pointe enfin le bout de son nez, attendue par des milliers de fans à travers toute la planète depuis la précédente génération de consoles.
En son temps, Mass Effect avait tapé très fort du poing sur la table. BioWare avait perdu la licence Star Wars et n'avait pas pu nous offrir de KOTOR III, mais à la place, un Space Opera tout simplement démentiel, estimé comme étant un des meilleurs univers de science fiction existant, tous médias confondus, avec un background délirant et un scénario passionnant, aux enjeux démesurés et prenants. On tombait facilement amoureux de Mass Effect, et un peu moins d'une décennie après la fin de la trilogie, cela n'a pas vraiment changé. Écouter le Codex doublé en français (avec les mêmes doublages de qualité qu'à l'époque, et la même OST de fou) pendant les repas pour ne pas s'arrêter de jouer est encore et toujours un plaisir.
Le berger de l'humanité
On retrouve donc notre petit Shepard (ou « Shepardette », selon ses goûts) aux prises avec une invasion de Moissonneurs, de gigantesques machines intelligentes qui reviennent de l'abîme intersidéral tous les 50.000 ans pour « moissonner » les civilisations qu'elles auront poussé à évoluer selon leurs propres préceptes, en mettant à disposition de tous de mystérieux relais cosmodésiques, tributaires de l'effet de masse, qui permet à toutes les races intelligentes de la galaxie de voyager dans la voie lactée. L'occasion de suivre une aventure en trois volets aux intrigues prenantes : la découverte pour le premier, la rébellion et la chute dans le second, en mode L'Empire Contre-attaque, avant de terminer sur la grande apocalypse finale du troisième.
Au cours de cette épopée, vous aurez des choix à faire. Qui doit mourir et qui doit vivre. Et cela passe par le destin tragique de certains de vos co-équipiers à celui de races entières dont vous aurez la survie - ou l'extinction - entre vos mains. Shepard peut être un héros au grand coeur ou un impitoyable salopard, mais la grande force de ces choix, c'est que même ceux du premier vont se répercuter dans la suite, le fantôme de certains camarades tombés au combat vous suivant même parfois jusqu'au troisième épisode... C'est clairement une des grandes forces de cette trilogie, avoir su proposer un contenu dantesque et tenu de bout en bout, et ce même si la fin en aura fait râler plus d'un. Nous, on choisit la voie du contrôle.
Le grand frère qui a mal tourné
Si vous choisissez de craquer - à nouveau ? - pour les aventures de Shepard, vous aurez donc trois jeux complets, avec tous leurs DLC, des bonus de précommandes aux contenus scénarisés, en passant par la BD d'introduction de Mass Effect 2 sortie pour les joueurs PS3 qui n'avaient pas gouté aux joies du premier et ce fameux « Extended Cut », réunis dans un seul et même software, pesant la bagatelle de plus de 100Go dans la version numérique PS4. Les trois sont accessibles via un menu de départ, et donc non, vous l'aurez compris, nous ne sommes pas en présence du remake qui réunira les trois jeux en un seul tant attendu.
Et si un vrai travail visuel a été effectué - nous y reviendrons quand nous parlerons chiffons - sur le matériel d'origine, ainsi que sur les commandes qui ont étés un peu lissées - nous y reviendrons aussi - c'est bel et bien les seules améliorations sur lesquelles vous pourrez compter : et s'il y a bien un endroit sur lequel le bât blesse, c'est sur les animations. Déjà, en 2007, quand le premier épisode sortait sur 360, c'était un peu moyen pour l'époque. Aujourd'hui, cela apparaît terriblement daté. Le ressenti est net sur le volet intitial, bien moins dynamique dans ses déplacements et ses combats que ses prédécesseurs. Si quelques « bugs de cinématiques » ont été corrigés, on reste tout de même sur un matériel souvent à la limite, et qui se fait enterrer en termes de mise en scène de qualité par des titres plus récents comme The Witcher III (qui ne respectait que légèrement des choix de « scénario de trilogie »). C'est un peu mieux sur les deux épisodes suivants mais, clairement, on a vu bien mieux depuis dans le même genre. Cela n'en reste pas moins parfaitement présentable et conseillable à votre belle-mère si d'aventure elle exprimait soudain un besoin irrépressible de se mettre au RPG spatial.
Mako Viennetta
Un autre point sur lequel le premier Mass Effect se fait dépasser par ses prédécesseurs, c'est en termes d'action. Déjà, ne pas visiter ad vitam nauseam encore et toujours le même bâtiment comme dans une pièce de théâtre, cela change tout ! Aussi, les combats sont nettement plus dynamiques. Là où le premier offrait un aspect RPG presque hack'n'slash réussi, les deux suivants sont de vrais monuments du jeu de tir, avec un système de couverture très dynamique alors popularisé par un certain Gears of War. La tactique est toujours bien présente avec l'utilisation de vos pouvoirs couplés à ceux de votre commando. Dans cette compilation, tout a néanmoins été uniformisé. S'il n'y aura toujours pas de munitions dans le premier, les commandes ont été lissées et sont plus réactives que jamais. Pour exemple, nous avons relancé le premier épisode PS3 en facile quelques heures pour comparer : nous n'avons cessé de mourir alors que l'on venait de finir la version PS4 en normal en roulant littéralement dessus ! Vous l'aurez compris, malgré tout l'amour qu'on lui porte, et dieu seul sait à quel point il est grand, Mass Effect premier du nom a vraiment plus vieilli que le 2 et le 3 qui restent un peu plus d'actualité en 2021.
Si vous choisissez tout de même de craquer, sachez que vous aurez de nouvelles listes de trophées/succès à gagner. Les listes des trois jeux sont bien plus faciles (on a obtenu le 100% de ME1 en 25 heures, en une seule partie) avec notamment plus aucun succès lié à la difficulté, aux romances et aux suites. Les interminables trophées « entente » ont été ramenés à 5 et vous pouvez lancer les pouvoirs de vos co-équipiers pour déverrouiller le sésame vers votre vignette virtuelle. Mais sachez que les trophées désormais manquants ont été replacés dans une quatrièm liste, nommée Legendary Edition, qui demande par exemple de finir les trois jeux avec le même héros ! À ce propos, la création du protagoniste a aussi été uniformisée sur les trois épisodes, avec l'apparition de la Shepardette iconique dès le premier. Mais on n'a pas pu résister à un nouveau passage dans l'éditeur en lançant le second épisode tant notre modèle du premier nous a alors paru fade et sans ses « couleurs d'origine ».
Une histoire de vieilles casseroles et de soupes
Si nous ne sommes pas en présence d'une relecture à la Resident Evil Rebirth ou Demon's Souls, un vrai travail visuel a été effectué sur la trilogie. Nouveaux modèles 3D, nouvelles textures, nouveaux éclairages et effets lumineux, presque tout le visuel a changé. Cela reste néanmoins d'un niveau « fin de vie de PS3 » car le tout tourne toujours avec le même moteur graphique qu'à l'époque. Mais cela permet à nos puissantes machines actuelles d'afficher le tout en 4K, HDR et tutti quanti, en 60 FPS, ou même 120FPS si vous êtes sur PC ou Xbox Series X avec un écran adapté. Un mode permettant de choisir entre performance et résolution est disponible, ainsi qu'un mode Photo, mais même si jouer avec une bonne résolution et un frame rate décent s'avère très confortable, le tout garde un aspect vieillot. Et les quelques rares cinématiques dont le code ne devait exister qu'en 800x600 renforcent cet aspect.
Par contre, c'est un soulagement, les textures n'apparaissent plus à rebours, et si un peu de végétation va apparaitre au fur et à mesure de vos déplacements en véhicule, les temps de chargements sont eux aussi très agréables (ils étaient très raisonnables il y a 10 ans) et quand on a passé le jeu sur le SSD de notre PS5, ils sont devenus presque instantanés. Les ascenseurs se déplacent bien plus vite et peuvent être zappés ! Voilà donc une plutôt belle copie technique, mais forcément entachée par le moteur de jeu d'époque et ce malgré la légère refonte graphique proposée.