Sur le plan visuel comme dans son entrée en matière, c'est peu dire que Sludge Life fait avec peu : après un log destiné à séparer le jeu en tant que tel du menu de micro-ordinateur à l'ancienne, le joueur se retrouve propulsé dans la peau de Ghost, un graffeur lambda qui signe ses acrobaties urbaines d'un slime vert ou de son blase, histoire de donner quelques couleurs à un univers bien triste. Car Sludge Life porte bien son nom : entre le ciel qui oscille entre différentes sortes d'étrons (de celles des humains aux fameuses fientes des oies) et l'approche low-poly assumée, le jeu fait preuve d'un dénuement qui ne doit rien au hasard.

Mischevious Boy

Qu'il est difficile de cerner Sludge Life en y pénétrant : ce petit monde ouvert où le regard ne porte pourtant pas très loin se laisse librement explorer, sans stress ni autre objectif que celui de taguer le moindre bout de mur à côté duquel apparait une bombe de peinture, item pousse-au-crime par excellence. Si l'on tâtonne un peu en cherchant ses premières signatures, on découvre bien vite que les quelques gangs qui peuplent ce microcosme portuaire ont déjà pris le soin de délimiter leur secteur, et la présence de tags ici et là agit comme autant de marqueurs, et d'invitations à tester le système permissif de grimpette, qui permet rapidement une grande liberté de mouvement, et ce malgré le caractère anguleux de cet univers miniature.

En mode dockers

Et à partir de ce moment-là que Sludge Life décolle : en poussant simplement à l'exploration, à se familiariser avec ce décor entre terre et mer, le jeu déroule en filigrane un propos certes diffus, blasé et évidemment critique de la société, à un rythme très libre, pour le seul plaisir de la découverte. Si l'on comprend dès les premières minutes que l'ensemble du personnel travaillant sur les docks revendique sa grève générale, on ne découvre qu'au fur et à mesure de ses balades ses multiples répercussions sur les dizaines de badauds : entre le restaurant de burgers désert, les cuisines du fast food local, l'immeuble érigé en point de deal, le site d'info tenu par des pigeons ou les secrets du siège de l'entreprise locale, il y a (vraiment) de quoi faire. Et pourtant, les échanges sont succincts, signe que cette société est déjà passée à une certaine forme de post-blasitude. Tout à fait.

Mon low-poly

Il ne faut d'ailleurs pas s'attendre à une véritable conclusion, Sludge Life se picorant selon ses envies, en profitant de la dizaine de téléporteurs pour accélérer le rythme. Les plus curieux sont vite récompensés par quelques objets qui facilitent ou enrichissent la progression, à l'instar du parapente pour la verticalité, ou du marqueur de position, qui permettent de relancer l'intérêt et pousser à faire le tour (complet) de la question. L'aventure n'est certes pas longue - quelques petites heures suffisent à en faire le tour -, mais la liste de défis post-générique donne envie d'y retourner, ne serait-ce que pour renforcer sa réputation de graffeur, ou télécharger les quelques applications disponibles dans menu principal.

:fou:

Entre deux pop-ups qui finissent par rendre vraiment fou, on pourra en effet profiter de mini-jeux très... variés : si le free-to-play entre RPG et match-three Crypt Creeper demande un peu de réflexion, le planant Worm Machine achève d'expliciter l'influence verdoyante et herbacée qui fait de Sludge Life une expérience encore plus étonnante en fin de soirée, entre le lever et le coucher du soleil, où l'esprit vagabonde plus volontiers... Et ce n'est très clairement pas les inserts diégétiques des compositions de DOSEONE, qui semblent tout droit sorties de Fez, qui nous laisserons penser le contraire.