Après ses versions PS4 et Xbox One, Control, le dernier titre en date de Remedy Entertainment fait peau neuve sur PS5 et Xbox Series X|S. Jesse Faden revient donc faire un tour au Bureau mais avec quelques nouveautés dans les poches.
Cette Ultimate Edition, en plus du jeu de base sorti en 2019, a déjà plus de contenu. Elle ajoute les deux DLC parus jusqu'ici, à savoir The Foundation et AWE. Mais ce qui nous intéresse avec cette version complète déjà parue sur PS4, Xbox One et PC, c'est qu'elle passe cette fois un cap Next-Gen. Nous avons de notre côté rejoué sur PlayStation 5. Lors du premier lancement, nous sommes confronté à un choix : le mode "Performance" ou le mode "Graphisme". Le premier permet de jouer en 1440p upscalé 4K sans Ray-Tracing mais avec du 60 images par seconde constant. Le second quant à lui, il upscale de la même manière mais offre du Ray-Tracing le tout en 30 fps constant.
On trouvera le mode Performance plutôt agréable par le biais du frame rate élevé, mais il faut dire que le rendu du mode Graphisme est agréable à l'oeil avec les jeux de lumières ainsi que les reflets retravaillés. Cela ne rend pas le jeu extraordinairement plus beau, mais cela contribue à renforcer l'ambiance sombre et énigmatique.
Quant à la Dualsense
L'autre nouveauté de la version PS5, c'est l'utilisation de la DualSense. Dans Control, on ne peut pas dire que cela s'avère particulièrement novateur. On ressent les pas de Jesse par le biais de légère vibrations ou encore les tirs avec la résistance de la gâchette R2. Résistance que l'on a pu ressentir de la même façon sur plusieurs titres dont par exemple Call of Duty : Black Ops Cold War.
Les pouvoirs passent davantage physiquement par les gâchettes comme par exemple celui de télékinésie. Clairement, nous ne sommes pas face à une révolution majeure concernant l'utilisation du pad de la console de Sony, à la manière d'un Astro's Playroom, mais un effort à été fait pour les utiliser correctement. L'immersion est bien renforcée et l'on tombe rapidement sous le charme de l'univers ainsi que de la quête de Jesse Faden à travers le Bureau. Rappelons d'ailleurs que ce titre, toujours aussi bon, est gratuit, et pour tout le mois de février sur le PlayStation Store si vous êtes abonné PlayStation Plus.
Test original de la version PS4 paru le 26 août 2019
Depuis le premier Max Payne en passant par Quantum Break, Remedy est le studio que l'on aime suivre, et dont chaque nouvelle annonce vient piquer notre curiosité. Les finlandais savent nous proposer des histoires et des ambiances totalement décalées, bizarres, anxiogènes au possible - mais jamais dénuées de notes d'humour. Control ne déroge pas à la règle. Il nous fait explorer un bâtiment étrange, magnifiquement conçu, où l'on se sent dans un malaise permanent.
Sous des allures de suite spirituelle de Quantum Break, environnements de béton aux teintes grises et jaunes et facultés paranormales le laissant penser, le titre est davantage un melting-pot de tout le savoir-faire acquis par la société d'Espoo. Ce nouveau projet nous met dans la peau de Jesse Faden (Courtney Hope, qui jouait Beth dans Quantum Break). Celle-ci va être entraînée malgré elle dans suite de péripéties dont l'ampleur lui échappe. Cette héroïne déterminée va se retrouver directrice du Bureau à son insu en prenant l'arme du feu du directeur. Ce pistolet particulier choisit lui-même son élu, à la manière de Mjolnir dans la mythologie nordique. Faden le trouve au Federal Bureau of Control, situé en plein coeur de Manhattan, un lieu au premier abord tout à fait normal. Excepté qu'il est infecté par une entité astrale vindicative, le Hiss. Celle-ci a pris possession d'humains et d'objets divers et variés. Jesse dont la motivation initiale est tout autre, va avoir pour tâche de repousser le mal dont souffre l'Ancienne Maison, nom de ce QG un peu spécial. Arrêtons-nous là sur le scénario, sous peine de divulgâcher l'intrigue, plutôt passionnante.
À l'Ancienne... Maison
Pour résumer, Control possède une histoire et un background qui se méritent. Comme pour tous les scénarii rédigés par Sam Lake, il faut se plonger corps et âme dedans. Il use une fois encore de tous les médiums à disposition pour narrer son récit. Cela passe évidemment par des cinématiques, mais également par des notes à récupérer ou des bobines audio à écouter en passant par des télévisions et rétroprojecteurs où s'affichent des vidéos internes. Le tout réuni, avec des clins d'oeil appréciables, permet de comprendre les tenants et aboutissants concernant les expériences menées par le Bureau et le lien avec Faden.
Quand je mentionnais le fait que Control est un mix des dernières productions de Remedy, cela passe d'abord par son récit et la manière de la conter. Durant les cinématiques, plutôt statiques et jouant sur les échelles de grandeur, Jesse partage ses pensées. Une voix interne à la manière de Max Payne, où notre héros tourmenté expliquait lui aussi son ressenti sur l'instant présent. Quant aux écrans et leur utilisation du réel, cela rappelle sans conteste Alan Wake (même si dans Max Payne 2 il y a aussi des télévisions avec des show TV comme Dick Justice ou Adress Unknown). Avec Control, on se sent comme à la maison.
Il faut donc savoir qu'il exhorte à fouiller toutes les salles pour en connaitre davantage sur son univers. Et qu'il récompense également ceux prenant le temps de lire, regarder et écouter. En bref, il donne toutes les clés de compréhension. Mais pour cela, il faut être un tant soit peu curieux et dénicher les multiples secrets dont regorge le jeu, qui affiche une progressions rappellant celle d'un Metroidvania - des clés et compétences ouvrant régulièrement de nouveaux accès fermés auparavant.
Entre personnages, trame principale et défis !
Courtney Hope campe dans Control une Jesse Faden convaincante. Une personnage féminin fort dont seul l'objectif principal compte. Bien que ne comprenant pas tout ce qui lui arrive et s'interrogeant souvent sur ses interlocuteurs, elle affiche un caractère bien trempé et ne rechigne jamais à aller au coeur de l'action. Il ne s'agit pas du seul personnage féminin présent. On en trouve d'autres comme Helen Marshall, à la tête des opérations du Bureau et ancienne de la CIA ou bien Emily Pope, l'intelligente assistante du Dr. Darling qui figure comme une aide précieuse. Deux autres, essentiels eux aussi, sont le directeur Trench, "vivant" par le biais de projection holographique ou télékinésiques alors qu'il a passé l'arme à gauche et Ahti, le concierge du Bureau à l'accent et aux pouvoirs bien bizarres...
On prend plaisir à parler et évoluer aux côtés de ces gens bien interprétés. Cela est notamment dû à l'écriture aux petits oignons des équipes de Remedy. Le récit nous tenant en haleine durant plusieurs heures avec de nombreux et surprenants rebondissements. Ceux-ci existent aussi côté gameplay. Durant vos tribulations, des défis du Bureau interviendront. A vous de les relever ou non. Tout comme les quêtes secondaires, qui elles sont cachées. L'exploration est encore une fois votre meilleure alliée pour découvrir toutes les merveilles de Control.
Control de gestion
Jesse, accompagnée par une entité inconnue l'aidant dans ses tribulations et dans l'acquisition de ses pouvoirs, peut compter sur un arsenal relativement bien fourni pour venir à bout des employés tombés sous le joug du Hiss. Son flingue est protéiforme. Comprenez qu'il peut changer son style au bon vouloir du joueur., suivant qu'il préfère opter pour un fusil à pompe, un revolver ou bien un semi-automatique à courte portée.
Ces différentes armes, cinq au total, sont à débloquer durant votre aventure dans les stations ayant été épurées au préalable. En effet, il y a d'innombrables zones à "purifier" qui, une fois la besogne effectuée, deviennent des checkpoints. Ceux-ci vous permettent de vous attribuer des points de compétences (20% de vie supplémentaire, davantage d'énergie et la possibilité, par exemple de projeter ses ennemis quant leur vie est au plus faible) et acquérir lesdites variantes pour votre pistolet. Pistolet dépourvu de munitions. En effet, vous aurez un nombre limité de balles à tirer, mais celle-ci se rechargent en quelques secondes.
Pour en revenir aux armes en elles-mêmes, vous avez la possibilité de les upgrader très facilement par le biais de mods. Lesdits mods sont se déclinent suivant plusieurs niveaux. Au début vous en récupérerez des niveaux 1 et plus vous évoluerez plus vous serez susceptible d'en obtenir des plus élevés. Les niveaux 4 étant déjà assez puissants. Chaque arme possède ses propres mods. Un mod compatible avec la forme "Prise" ne pourra pas être adapté à "Brisure" ou "Perforation". En bref, ce sera à vous de gérer. Sachant que pour chacune, vous n'aurez que trois emplacements à disposition (soit une recharge plus rapide de l'arme, soit une meilleure précision, et j'en passe). Des mods personnels sont a dispositions. Certains vous permettront de récupérer plus rapidement de la vie ou encore récupérer plus vite votre énergie. Là aussi, trois slots sont disponibles. Il est important de noter que vous êtes limités à 24 mods transportables. Ensuite, arrivé au bout, vous devrez les recycler pour récupérer des matériaux.
Tout au long de l'aventure, c'est votre sens de l'exploration qui fait la majeure partie du travail. Control mise énormément sur cet aspect. Fouiller les bureaux et les abris est un impératif. En faisant cela, vous récupérerez tout ce qui permet de vous améliorer.
Pour en revenir sur les points purifiés et terminer dessus, ces checkpoints vous permettent de vous déplacer rapidement, mais également de distiller des points de capacités (comme expliqué plus hauts), et de vous attribuer des objectifs secondaires (par exemple tuer un certain nombre d'ennemis avec une arme ou des capacités). À ne surtout pas négliger pour prendre du plaisir tout du long.
Joue-là comme Eleven
Control joue avec différentes phases de gameplay. Tout d'abord les gunfights. Ceux-ci se veulent plutôt nerveux, face à un "bestiaire" assez fourni allant du soldat de base au soldat lourd en passant par des ennemis volant et usant de télékinésie. Au fur et à mesure de l'aventure vous rencontrerez des opposants différents. Et ces derniers poussent le joueur à user de tactique.
Certains peuvent être tués avec l'arme de base quand d'autres sont plus sensibles à la variante fusil à pompe ou bien d'autres, parfois réfugiés derrière un bouclier ou se régénérant à l'aide d'un autre antagoniste, anticipent vos pouvoirs. Chaque ennemi est différent et cela procure un dynamisme certains aux affrontements. Lorsque l'on termine un gunfight, on s'amuse à constater que la salle où l'affrontement a eu lieu garde des séquelles. Une grosse partie des environnements est destructible. Entre l'utilisation des pouvoirs et les balles, le côté ravagé d'une scène post-bataille rappellerait presque un certain Stranglehold.
Les gunfights c'est une chose, mais les pouvoirs de Jesse en sont une autre. Voilà un aspect très important de Control. Très facile à prendre en mains, vous n'aurez jamais à passer par les menus pour switcher d'une compétence à l'autre comme pour le changement d'arme. Au contraire, tout se fait de manière instinctive. Au total, six pouvoirs sont présents dans le jeu. Certains s'acquièrent par le biais de la trame principale. Les pouvoirs de mêlée et de lancer sont présents rapidement. Le premier permet de se battre au corps-à-corps et le second quant à lui permet de soulever des objets et les envoyer sur vos ennemis. Les autres pouvoirs sont à découvrir par vous-mêmes par le biais de quêtes secondaires et d'énigmes à résoudre. Nous en revenons donc à l'aspect exploration, composante charnière du titre.
Ces pouvoirs télékinésiques nous rappellent la série Netflix Stranger Things ou des titres comme Le Pouvoir de la Force ou Second Sight. Chaque pouvoir s'accompagne d'un tutoriel dans le plan astral. Un Upside Down épuré, blanc, anguleux, où vous irez vous exercer. Vous irez parfaire votre don pour le pouvoir de lévitation ou celui d'envoûtement - consistant à retourner un ennemi contre les siens une fois sa vie affaiblie. Les pouvoirs de Jesse sont importants. Comme expliqué plus haut, ils sont faciles à prendre en main et peuvent rappeler par moment ceux de Quantum Break - bien qu'aucune gestion du "temps" ne soit autorisée.
On prend un véritable plaisir à passer d'un pouvoir à l'autre très facilement. Le gameplay étant assez permissif, il s'avère possible durant un combat de léviter tout en lançant des objets sur des ennemis et en envoûtant quelques opposants pour faire votre sale besogne. On se sent vite puissant et on s'amuse réellement à manier Jesse du début à la fin de l'aventure.
Oui, mais...
Même si l'odyssée est prenante et ses différentes strates de gameplay intéressantes, il n'empêche que le titre pêche à différents niveaux. Premier point, son intelligence artificielle. Les ennemis, possédés, sont loin d'être intelligents. Ils iront rarement se cacher ou vous contourner, ça se résume la plupart du temps à du ball-trap. C'est avant-tout leur nombre et les dégâts qu'ils infligent qui fait la différence. Ce qui convient assez bien aux intentions des développeurs : il faut sans cesse se mouvoir et se montrer agressif pour pleinement apprécier.
Le deuxième point se situe dans sa courbe de difficulté. Celle-ci s'avère parfois, et heureusement à de rares cas, frustrante. Le jeu n'a pas de choix de difficulté. Les combats de boss dans des endroits plus que confinés avec énormément d'ennemis, et parfois l'impossibilité de s'abriter pour reprendre ses esprits ou élaborer son offensive ont de quoi faire s'arracher les cheveux. Le plus pénible vient des checkpoints. Une fois mort, vous revenez au dernier point purifié. Certains peuvent s'avérer loin de l'endroit où vous avez rendu l'âme. D'autant qu'à certains stades du jeu les ennemis reviennent à la vie. Sans parler de quelques cinématiques à fader de nouveau. Tout refaire avant de retourner au stade initial peut rendre fou.
Dernier point : graphiquement, c'est assez inégal. Control peut se révéler somptueux par moment avec des scènes, des éclairages et des effets de destruction de toute beauté, comme il arrive à offrir des modèles 3D négligés. Notons que le test a été effectué sur PS4 Pro. Quelques chutes de frame rate ont été notés. Ceux-ci devraient possiblement être corrigés avec la sortie d'un patch day-one. Petit point sur la version PC. Testée avec une grosse configuration (celle de Camille, avec une RTX 2080 Ti) en 4K et avec Ray-Tracing activé, et une autre qui commence à avoir de l'âge (celle Plume, qui n'a qu'une GTX 1080) en 1080p, Control apparaît évidemment boosté par rapport à la version console. Différents effets s'ajoutent et se trouvent mieux gérés dans les deux cas. Mais Plume n'a pas manqué d'être interpellé par de gros ralentissements intervenant de façon erratique. La bécane de Camille, de son côté, a fait tourner tout ceci à fond, sans accroc. Et c'est magnifique.
Et du bon...
Les affrontements sont très nerveux et pêchus. Ceux contre les boss ajoutent une pincée de challenge supplémentaire et demandent une pleine maîtrise de Jesse et ses pouvoirs (hors endroits totalement confinés et restreints). Si vous cherchez du challenge, vous allez être servis. Entre le nombre d'ennemis et leurs capacités, il faudra parfois faire des choix. Soit l'affrontement, soit la fuite. Mais avec Faden, on se sent surpuissant. C'en est de même du côté des énigmes, ils y en a à foison à des difficultés différentes. On ne se sent jamais lésé ou frustré vis-à-vis de celles-ci. Vous aurez à en résoudre du côté d'un endroit très particulier qui n'a pas peur du recyclage. Ce monde déconnecté du réel vous amènera donc à jouer avec l'environnement afin d'y résoudre diverses énigmes régie par des règles très précises... Mais chut.
Control est le genre de jeu que l'on a clairement envie de relancer une fois une partie terminée. Son ambiance oppressante, sa protagoniste intéressante et l'irrépressible envie de connaitre le mot de la fin nous poussent à aller au bout du dernier jeu de Remedy. Un titre solide, dont une séquence en particulier, comme un écho à la plus jouissive d'Alan Wake, sublime le retour du groupe de rock Poets of the Fall à la musique. Des habitués des jeux Remedy. Comme le public visé. Mais pas que.