Après avoir été plus que charmés par une version PC faisant figure de vaisseau parfait pour ses ambitions, Cyberpunk 2077 nous est enfin parvenu dans sa version dédiée aux consoles de la génération précédente. Et pour que vous ayez notre ressenti exact, il suffit de penser au titre d'un film de Gérard Jugnot datant de 1996 dans lequel il joue aux côtés de François Morel.
Fallait pas ! Absolument, bravo, vous avez la bonne réponse. On se doutait que le RPG de CD Projekt RED qui nous a totalement happé sur un PC raisonnablement costaud ne serait pas au même niveau sur les consoles de la génération 2013. L'absence de visibilité du projet sur les premiers modèles dit FAT donnait d'autres indices... Et Bingo ! Nous allons donc vous l'écrire en lettres capitales, avec une touche de gras : VOUS Y JOUEREZ SUR CONSOLES CURRENT-GEN À VOS RISQUES ET PÉRILS. Si notre expérience sur PC nous permettait de se montrer clément avec certains défauts n'entachant que très rarement l'immersion et le fun, impossible de peser le pour et le contre de la même manière quand la forme piétine les intentions.
Alain de loin ?
C'est l'un des points essentiels de la version PC : avec une bonne configuration, elle est sublime, a une bonne gueule de Next-Gen. Sur PS4, trifouillez certains paramètres comme la distance d'affichage autant que vous voulez, Cyberpunk 2077 a toujours un mal de cochon. On perçoit les problèmes durant tout le prologue sans pour autant imaginer l'ampleur des dégâts. La résolution est assez basse, doit dépasser le 720p à l'occasion, un flou entoure les personnages ou éléments croisés, tandis que le frame-rate éprouve quelques difficultés à taper dans les 30 images par seconde. Et puis, derrières des visages assez jolis, il y a les réponses des dialogues qui sont masquées derrière un bloc bleu. Et ces interruptions de quelques secondes le temps que la fenêtre d'un tutoriel accepte de se montrer. Vos mains peuvent tenir une arme invisible. Ca se laisse jouer, mais c'est sûr que l'on est à des années-lumière des promesses initiales. Cela ferait penser au portage de The Witcher III sur Switch, pour être gentil.
La honte de la jungle urbaine ?
Vous vous dites que ça passe ? Une fois que l'on entre dans le premier Acte, et donc que l'on a l'opportunité de déambuler librement dans Night City, ça se gâte. Lourdement. La ville, qui conserve son ambiance sonore, encore heureux, apparaît, surtout en journée, bien fade, terne, habillée d'un voile flou pas très seyant. Et les freezes continuent. Beaucoup trop de choses poppent au dernier moment. Au bout d'un loading se trouve un blocage. On peut se faire à l'idée de perdre de la couleur, du détail, des effets et des ombres et une certaine densité de population. Moins que, pour peu que l'on coure, le moindre PNJ lambda, qui ne bougera jamais les lèvres, voit ses textures arriver avec un retard qui le fait ressembler à une infirmière sans visage de Silent Hill 2 pendant trois secondes. Et certainement pas que les rues nous donnent l'impression d'être abandonnées là où elles devraient être bondées et chargées de circulation - peut-être justement parce que les habitants ont trop honte de se montrer. Toujours pas que le frame rate fasse du yo-yo lorsque l'on conduit.
Et là, nous n'avons qu'une partie du problème. Vous pouvez ajouter des fenêtres de tutoriel qui, avant d'occuper l'écran, le gèlent pendant cinq secondes, des armes invisibles, d'autres commandes qui répondent à retardement, lorsqu'elles le désirent (la caméra de la voiture ou le téléphone...), des blocages et des crashs comme nous n'en avons jamais eu durant nos 66 heures sur PC. Limite injouable. Comment voulez-vous vous imprégner de quoi que ce soit, tant cela ne rend jamais hommage au travail des développeurs et artistes et pue le portage bâclé sans se soucier ne serait-ce que de respecter les possesseurs des machines plus anciennes ?
Plus doux sur PS4 Pro et PS5 ?
Soyons honnêtes, sur PS4 Pro et PS5, les choses s'arrangent. Plus propre, plus fin, un peu plus fluide. Mais ne croyez pas non plus que ce soit le jour et la nuit. Déjà bien loin des cadors comme un Horizon Zero Dawn, Marvel's Spider-Man ou Ghost of Tsushima. Il n'arrive pas à rivaliser avec un GTA V sorti sur la PS4 de base en 2014. Il n'y a pas plus de vie. Et les micro-freezes demeurent fréquents avec un lag quand on entre dans le menu du personnage ou qu'on utilise le téléphone. Très loin d'être idéal, mais quand même plus jouable.
Enfin, sur PS5, grâce à la rétrocompatibilité, on admettra bien volontiers que l'on tire le meilleur du pire. Les chargements sont forcément réduits, et l'on sent que l'on peut arriver à une résolution plus élevée et 60 fps. Mais cela revient à mettre de la cire lustrante sur une vieille bagnole rayée et cabossée de partout, là où il faudrait refaire la carrosserie.