Ainsi, si vous aviez boudé la belle Catherine lors de sa sortie en 2011, Atlus nous livre aujourd'hui avec ce Full Body un remix des familles agrémenté pour le plus grand bonheur de VO des voix japonaises originales. L'affaire est belle, même si de vilaines fautes s'invitent parfois à la fête, et que certaines phrases prononcées dans la langue de Shoji Meguro ne sont tout simplement pas mentionnées. Alors, faut-il céder une nouvelle fois aux appels du pied de cette vilaine tentatrice ? Vous savez, nous sommes bien peu de choses face à ces dames...

Mariage plus vieux

Petit rappel de rigueur aux célibataires endurcis pour qui il s'agirait ici de leur première fois. Pour le pauvre Vincent Brooks, rien ne va plus : alors que le trentenaire espérait continuer à se la couler douce jusqu'à la fin de ses jours, voilà que le sol semble s'ouvrir sous ses pieds. Et plusieurs fois, par-dessus le marché. Katherine, sa compagne castratrice, décide un jour de tout précipiter, en mettant sur le tapis mariage, bébé et compagnie. Et comme un malheur n'arrive pas seul, Vince est en proie à des cauchemars désormais quotidiens, dans lesquels il échappe de peu à une mort certaine. Il ne semble d'ailleurs pas le seul à craindre les bras de Morphée, puisque chaque jour, de jeunes mâles cassent leur pipe dans leur sommeil.

C'est dans ce contexte un brin chaotique que le jeune homme rencontre Catherine, une superbe tentatrice qui finit assez logiquement dans le lit de Vincent, qui s'enfonce jour après jour dans un abîme de torpeur. Et voilà qu'en 2019, une troisième prétendante fait son apparition : la jeune Rin, aussi ingénue qu'amnésique. Intégrée au scénario d'origine, Rin vient pimenter un récit déjà bien relevé, et offre aux vieux briscards une nouvelle occasion de replonger la tête la première dans le caleçon à pois roses de notre coureur de jupons malgré lui, même si la rencontre aurait sans doute pu offrir plus d'embranchements au scénario principal. Katherine représentait la femme forte et carriériste, Catherine le sexe et la séduction, Rin vient refermer ce drôle de carré amoureux en y ajoutant la figure de la femme-enfant, fragile et ambiguë.

Aviné César

Rencontré au détour d'une ruelle alors qu'elle fuyait une menace inconnue, Rin vient une fois de plus chambouler la vie mouvementée du trentenaire infidèle, en s'installant rapidement dans l'appartement jouxtant le sien, mais également en décrochant un job de pianiste au Stray Sheep, le bar où l'ami Vincent a pris l'habitude de passer ses soirées à picoler avec ses amis d'enfance. Les beuveries nocturnes restent évidemment l'occasion de discuter avec les habitués du bar, et d'en apprendre plus sur ces mystérieuses disparitions masculines. La borne d'arcade est toujours de la partie, et le juke-box s'est luxueusement enrichi de thèmes issus des derniers Persona, en plus de proposer quelques réorchestrations fort sympathiques, toujours empruntes d'accents jazzy.

La présence de Rin au piano donne également lieu à de nouvelles discussions, mais elle débloque aussi de nouvelles anecdotes autour de l'alcool : en plus de profiter de trivias sur la bière, le saké et les cocktails comme en 2011, Rin introduit le vin dans l'univers de Catherine; le jeu se permettant dès son prologue une petite leçon de choses concernant la description précise que l'on peut faire du breuvage. Mais la petite nouvelle ne va pas se contenter de mettre un peu plus de chaos dans le monde réelle, puisqu'elle squattera également les cauchemars nocturnes du très stressé Vincent. Étrange dites-vous ? Et comment. Heureusement, sa présence facilite un peu la peine du trentenaire, qui pourra compter sur ses airs de piano pour ralentir un peu la chute des blocs lors des cauchemardesques phases nocturnes.

L'amour dure cinq ans

Car si Catherine met très largement l'accent sur les interactions sociales de tous ordres, l'autre versant de cet étrange OVNI vidéoludique propose bien des phases de puzzles qui avaient déjà à l'époque obligé Atlus à rendre la version occidentale plus accessible que l'originale japonaise. En plus de modes Facile, Moyen et Difficile, Catherine Full Body en propose un nouveau, baptisé Sans Risque, qui nivelle encore un peu la difficulté par le bas. Conseillé à ceux qui ne veulent vraiment pas se prendre la tête ou qui auraient déjà bouclé leur romance en 2011, cette option permettra même de mettre le jeu en mode automatique, voir de zapper en un claquement de doigts lesdites phases de puzzle. Catherine Full Body se transforme alors presque en visual novel dans lequel le joueur se contentera d'orienter le destin de Vincent, ce qui ne rend pas l'aventure déplaisante pour autant, tant l'ambiance et la mise en scène de cette romance d'aujourd'hui fonctionne toujours aussi bien dans cette revisite.

Et pour tous les autres qui souhaiteraient refaire cette aventure à la loyale, le mode Remix pourra éventuellement offrir un peu de nouveautés, même si celles-ci ne sont pas franchement transcendantes. Dans cette variante disponible d'entrée de jeu, certains blocs des phases de puzzles ont été soudés dans des blocs de deux à quatre cubes, et obligent donc à réfléchir un peu en amont ses déplacements. Sympathique, mais franchement pas révolutionnaire. Au vu du nombre de fins à débloquer, les fanatiques de la belle Catherine auront de quoi revivre la semaine infernale du père Brooks dans toutes les positions, quitte à pester au final contre quelques tunnels narratifs qui empêchent de quitter la partie quand cela nous chante, la sauvegarde automatique n'ayant pas plus le droit de citer dans Catherine Full Body que dans l'original de 2011...

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>L'AVIS DE JONIWAN

Ah, Catherine. Assurément, un des meilleurs jeux de la septième génération de consoles. Le voilà qui revient avec cette version Full Body, et j'ai eu la chance de pouvoir m'y frotter. Et si le matériel de base garde tout son charme, avec ses qualités mais aussi ses quelques défauts, il se voit agrémenté d'un bonus non négligeable : Une troisième nymphe vient jouer les troubles-fêtes dans la vie de Vincent, Rin. Et sachez que sa présence est carrément bien intégrée à l'histoire, que ce soit dans de nouveaux passages, ou dans ceux qui existaient déjà ! Bien évidemment, de nouvelles fins sont au programme, et pas mal de scènes supplémentaires sont aussi de la partie, avec d'autres personnages de l'intrigue et offrant un angle de vue inédit, qui pourraient pousser nombre de nouveaux venus à agir différemment de ce qu'ils auraient fait avec le jeu de 2011, et ça, c'est vraiment cool ! Sincèrement, Catherine Full Body est une version enrichie d'un jeu qui n'a pas vraiment vieilli, et aura autant d'arguments pour convaincre le chaland de passage qui l'aurait manqué en 2011, que l'habitué du Stray Sheep qui a déjà entendu maintes fois toutes les anecdotes sur les boissons alcoolisées ! A (re)faire, sans hésitation.

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