Les Ace Combat nous manquent. Non pas qu'ils constituent des jeux forcément inoubliables, mais à chaque génération, c'est un jalon agréable pour tous les fanatiques d'aviation. Malheureusement, ces dernières années, les dates de sorties s'espacent sensiblement entre chaque épisode. Cinq années que l'on attendait une suite à Ace Combat Infinity, qui ne faisait pas vraiment partie de la sérié canonique. Le 20ème est donc enfin arrivé, et il entre (à petits pas) dans l'ère de la réalité virtuelle.
Ahhh, fendre les cieux à Mach 3 en tirant une salve de missiles, tirer des virages à 9G tranquillement installé dans un canapé, frôler des montagnes en zigzaguant dans des canyons étriqués... Voici ce qui fait tout le sel des jeux Ace Combat ; une action débridée qui ne garde que le plus spectaculaire. Un spectacle qui est d'ailleurs au rendez-vous dès les premières minutes de vol dans Ace Combat 7 : Skies Unknown.
Tell me 'bout the blue blue sky
Quelle que soit la génération de machine, les Ace Combat ont toujours été réussis graphiquement. Bien entendu, cette assertion fera sourire les possesseurs de PC qui sont bien plus à l'aise avec leurs machines à 2.000€ et leurs simulateurs ultra réalistes (aussi bien sur la forme que le fond). Mais à quel prix !
Ceci dit, Ace Combat 7 est très joli à regarder. La modélisation des avions a encore une marge de progression, mais le souci du détail est bien présent. Par exemple avec le Tomcat, qui voit ses bords d'attaque sortis dans les phases de décollage et d'atterrissage et les armes d'emport qui changent en fonction des choix du joueur. Les mécanismes de trappes de ravitaillement sont également fidèlement reproduits, c'est du boulot soigné.
Les nuages font également partie des nouveautés apportées à Skies Unknown, ils sont très joliment implémentés avec un système volumétrique et des effets graphiques intéressants. Passer dans un nuage fait évidement baisser drastiquement la visibilité et sature rapidement, mais brièvement, le cockpit d'humidité. Pour un peu, on aurait un coup de froid. Ces effets sont rendus possibles par un système tiers déjà utilisé dans de nombreux jeux, mais pas toujours exploité correctement : trueSKY, spécifiquement dédié au rendu en temps réel des conditions atmosphériques.
Cet Ace Combat 7 se savoure également en replay, déclenché automatiquement après une mission. Cela permet d'aprécier les effets de compression de l'air lors des virages à hautes incidences et tout le travail des surfaces de contrôle pendant le vol. On pourrait presque passer autant de temps à regarder qu'à jouer. Et on regrette de ne pas pouvoir sauvegarder certains ralentis ou faire ses petits montages de vidéos.
Renseigne-moi Goose !
Ace Combat, ce sont aussi des scénarios à la japonaise. Comprenez que l'héritage de Kojima n'est pas loin, sans que ce soit aussi poussé dans le burlesque. Les 20 missions sont toutes scénarisées et offrent une variété de situations qui évitent de s'enliser dans la routine. Ne cherchez pas non plus de réalisme de ce côté, même si les inspirations sur l'évolution contemporaine de l'aviation sont notables.
Sans vous vous en dévoiler les détails, la guerre est à nouveau déclarée entre Eruséia et Oséa. Ceux qui ont joué aux opus précédents retrouveront leurs petits, les autres passeront à côté des nombreuses références à cet univers connu. Vous incarnez Trigger, un pilote forcément surdoué impliqué dans cette guerre. La narration est soutenue par de très nombreuses cinématiques, avec un mélange de séquences photo-réalises (des séquences réelles filmées) et de l'image de synthèse totale. Ce cocktail amène parfois vers des sentiments d'Uncanny Valley vis à vis de l'histoire.
La majeure partie de l'intrigue tourne autour de l'utilisation de drones sous différentes formes et de la façon d'en faire usage. Le tout empaqueté dans une intrigue politique faite de trahisons et de coups bas. La mise en scène est globalement correcte, même si elle aurait pu être encore plus punchy. On peut également regretter de ne pas pouvoir pleinement profiter de ce qui se passe en pleine action. Les dialogues sont nombreux, mais uniquement doublés en anglais (ou japonnais). En conséquence, on rate les lignes de dialogue lorsqu'on est concentré sur les nombreuses cibles qui fusent dans tous les sens.
Le choix des armes
Les contrôles sont toujours aussi arcade, cet héritage est pleinement assumé (vous transportez des dizaines de missiles sans problème). Quelques phases d'atterrissage, de ravitaillement en vol et une seule d'appontage (en mode non VR) viennent ajouter quelques challenges supplémentaires (cela reste très facile). Le taux de succès concernant le toucher des missiles est cohérent. Vous avez plus de chances de détruire l'objectif en tirant dans ses 6 heures que dans des virages serrés. Le switch entre les armes est obligatoire si vous voulez atteindre des évaluations de missions élevées (jusqu'au rang "S").
D'ailleurs en fonction de la mission, il vous faudra équiper votre appareil avec des améliorations diverses. À vous de faire le choix tactique le plus judicieux en fonction de la situation. Inutile évidement d'emporter des bombes et d'en augmenter l'efficacité si vous faites de l'interception pure. Les dilemmes se rencontrent pendant les missions mixtes et sont pondérés par votre façon de jouer. Il n'y a pas que l'armement qui peut être adapté, vous pouvez également choisir d'axer votre stratégie sur la maniabilité ou la vitesse.
L'arbre de développement augmente la durée de vie du jeu en incitant les pilotes à gagner toujours plus de points de performances afin de déverrouiller tous les avions (un peu plus d'une vingtaine) et toutes les améliorations. Certaines cependant sont réservées au multijoueur ou au contraire interdites. Ici encore, c'est votre style de pilotage qui va guider vos choix.
Vol en formation
Le multijoueur d'Ace Combat 7 offre des options classiques, avec des matchs en équipes ou chacun pour soi jusqu'à 8 participants. Dommage de ne pas avoir proposé des missions coopératives, ou encore la campagne elle même en multi. D'autant plus qu'en vol, vous n'êtes jamais seul, les équipiers ne se gênant pas pour occuper les ondes en bavardages.
Ces parties sont agréables, quoique frustrantes dans certaines situations, dans la mesure où il n'existe pas de débriefing pour comprendre ce qui vous est arrivé lorsque vous vous faites descendre. Cela ne permet pas de corriger son pilotage pour devenir plus performant. En revanche, l'équilibrage des matchs selon la valeur des appareils est une excellente chose. De cette manière, vous ne serez jamais en face d'un avion qui tourne deux fois mieux que le vôtre. Ce serait on ne peut plus frustrant.
Les points de déverrouillage en multi sont valables pour débloquer des appareils en mode solo et vice et versa. Le niveau de pilote qui évolue uniquement en multi donne en revanche accès à des caractéristiques spécifiques à ce mode. Une des nouveautés du jeu est particulièrement exploitée en multijoueurs. Il s'agit des nuages et de la topographie de certains environnement. Les nuages permettent de se cacher aux radars ennemis, ainsi que de perdre les missiles. C'est totalement irréaliste pour des appareils modernes, mais cela ajoute des éléments de gameplay intéressants. Ainsi, on peut également se servir du relief pour l'utiliser comme bouclier et se protéger.
Une réalité pas assez virtuelle
Hormis des graphismes remis au goût du jour grâce à l'Unreal Engine 4, la grosse nouveauté de cet opus, c'est bien sûr l'arrivée de la réalité virtuelle (exclusivité PS4/PSVR). Si cette technologie immersive est adaptée à un style de jeu, c'est bien aux simulations aériennes, où le repérage dans l'espace est capital. Oui, dans Ace Combat 7, les missions en VR sont excellentes et très immersives. Si elles n'ajoutent rien au réalisme du pilotage (on a pas besoin de repères visuels pour de la navigation réaliste à vue), elles sont incroyables pour l'immersion.
Malheureusement, ces missions ne sont qu'au nombre de trois ! Il est difficilement compréhensible (voir acceptable) que les gens du Project Aces n'aient pas autorisé la VR sur l'ensemble des missions du mode campagne, et même en multijoueur. Cela aurait totalement changé la manière de jouer et quasiment doublé la durée de vie du jeu, qui n'en a que pour une douzaine d'heures dans sa campagne solo en mode normal. Résultat : la VR se limite à un simple bonus, qui aurait pu être vendu en DLC aux seuls possesseurs du matériel adéquat, sans pénaliser tous les autres (le jeu a été retardé plusieurs fois). Le mode difficile n'apporte malheureusement pas grand chose et peut d'ailleurs directement être choisi par les habitués de la série. Un second run une fois le jeu terminé ne servira qu'à se faire plaisir avec des armes plus performantes et plus efficaces. La différence de difficulté n'est pas grande et cette dernière n'est d'ailleurs pas linéaire.
Le vol n'est cependant pas trop ennuyeux, pour peu que l'on n'attende pas trop de cet Ace Combat 7. Mais au rythme de sortie des jeux, on peut assez facilement se laisser tenter à pousser la manette des gaz à fond. On ne monte juste pas aussi haut qu'on aurait pu le souhaiter...