Même si les fans de Yakuza ne seront jamais d'accord sur la question, Yakuza 2 est cité par un certain nombre d'entre eux comme étant le meilleur épisode de la série. Lorsque SEGA, voyant la popularité grandissante de la licence hors du Japon, a décidé de mettre en chantier Yakuza Kiwami 2, l'éditeur nippon a donc immédiatement été attendu au tournant. Yakuza Kiwami 2 arrive après un très bon Yakuza Kiwami à cheval sur deux générations de machines et un Yakuza 6 : The Song of Life qui, malgré ses immenses qualités, avait tout de même le désavantage d'avoir à essuyer les plâtres du nouveau moteur Dragon Engine. Et il est évident que le Ryu Ga Gotoku Studio a voulu faire les choses (très) bien.
L'histoire de Yakuza Kiwami 2 débute en 2006, un an après les événements racontés dans Yakuza Kiwami. Alors qu'un Kazuma Kiryu retiré des affaires yakuzesques vient se recueillir sur les tombes de l'amour de sa vie, de son meilleur ami et de son père d'adoption, le nouveau chef du clan Tojo vient lui demander son aide. Afin de ne pas faire tomber les plus grandes familles Yakuza de Tokyo et d'Osaka dans une guerre très certainement meurtrières, le "chairman" Terada souhaite établir une alliance avec le clan d'Osaka. Les choses ne se déroulant jamais comme prévu, Terada est assassiné sous les yeux de Kazuma par des yakuzas justement venus d'Osaka. Afin d'empêcher que les choses ne dégénèrent, le héros va une nouvelle fois être obligé de prendre les choses en mains. Mais ce qu'il ne sait pas à ce moment là, c'est qu'une affaire vieille de vingt ans impliquant la mafia coréenne va resurgir et venir compliquer la situation...
Comme toujours dans les jeux de la série, Yakuza Kiwami 2 offre une aventure passionnante qui a pour autre avantage de mettre en scène certains des personnages les plus marquants de la série comme le grand méchant du jour Ryuji Goda et l'inspectrice Kaoru Sayama. Comme d'habitude, il convient malheureusement de noter que pour profiter pleinement de cette histoire, il faut comprendre l'Anglais. Comme la grande majorité de ses prédécesseurs, Yakuza Kiwami 2 n'est sous-titré qu'en Anglais.
En parallèle à cette histoire principale, Yakuza Kiwami 2 propose évidemment moult quêtes annexes. Et comme toujours, ces dernières vont du très sérieux au totalement absurde. Dans ces missions secondaires, Kazuma peut par exemple être amené à aller trouver un slip de rechange pour un homme qui a eu un accident dans les toilettes, à devenir (à son insu) doubleur de jeu vidéo de type "boy love," à faire face à un fournisseur d'accès à Internet peu scrupuleux ou encore à aider une star coréenne à visiter Kamurochô tout en échappant à ses fans en furie. Mention spéciale à celle où Kazuma se trouve invité par un yakuza à venir se détendre dans un club vraiment très spécial. Nous n'en dirons pas plus pour ne pas gâcher la surprise à ceux qui découvrent Yakuza 2 grâce à ce remake.
Yakuza 2 featuring Goro Majima
Les personnes qui ont joué à Yakuza 2 du temps de la PS2 remarqueront en revanche que la zone de Shinseichô à Osaka a tout simplement été supprimée du jeu, tout comme l'activité qui mettait, à contrecoeur, Kazuma dans la peau d'un hôte. S'il est toujours dommage de noter l'absence d'éléments d'un jeu dans son remake, ces deux défections ne causent pas de tort à l'aventure dans son ensemble. Et en termes de contenu, ce n'est pas comme si Yakuza Kiwami 2 était un peu trop chiche. Face à la popularité grandissante de Majima, en particulier en Occident, le Ryu Ga Gotoku Studio a ajouté une petite campagne inédite dans laquelle le joueur incarne le chien fou de Shimano. Cette dernière, qui se déroule après les événements de Yakuza Kiwami et qui se débloque au fur et à mesure de la progression dans le scénario principal, est vraiment très courte. Elle ne change pas la face du monde mais constitue un bonus sympathique. Une fois l'histoire principale, les quêtes annexes, et le scénario de Majima terminé, il reste encore énormément de choses à faire.
Parmi les nombreux éléments qui ont fait la renommée de la série Yakuza se trouve la richesse du contenu de chaque épisode et la multitude de quêtes et activités annexes. Si l'arrivée du Dragon Engine dans Yakuza 6 avait eu pour heureuse conséquence une amélioration sensible des graphismes, les débuts du moteur avaient malheureusement provoqué la diminution du nombre d'activités "extra-scolaires" mises à disposition de Kazuma Kiryu. Une des bonnes nouvelles de Yakuza Kiwami 2, c'est que ce les développeurs ont mis les bouchées doubles. Il y a vraiment beaucoup de choses à faire et on ne va pas s'en plaindre. En plus du retour de mini-jeux déjà présents dans Yakuza 6, de celui de certaines autres activités absentes du dernier épisode (poker, blackjack, jeux de cartes japonaises traditionnelles, golf, Colisée) et de jeux d'arcade complets (Virtua Fighter 2 et Virtual On), Kiwami 2 propose également deux nouveaux types de missions (en plus des quêtes principales et des quêtes annexes) comme des combats de "boss" et des missions de "garde du corps," de jeux d'urinoir (oui oui) ainsi qu'un tout nouveau mini-jeu (les shootings photo de mannequins sexy). Mais ce n'est pas tout.
Des histoires dans l'histoire
Deux activités disposant de leur propre scénario font elles aussi leur retour dans cet épisode. Ces activités sont la gestion du bar à hôtesses et le créateur de clan. La première, très similaire à celle présente dans Yakuza 0, demande au joueur de gérer son roster d'hôtesses (du recrutement au relooking en passant par les remplacements en cas de jours de congés) ainsi que le club lui-même (répartition des hôtesses en fonction des goûts des clients, gestion de crises, etc.) dans le but de gagner le plus d'argent possible et de remporter une compétition opposant plusieurs établissements du genre de la région. Entre deux ouvertures du bar, Kazuma peut faire la connaissance de ses principales hôtesses lors de rendez-vous. Les joueurs de Yakuza 0 ne manqueront d'ailleurs pas d'apprécier les éléments scénaristiques qui lient cette nouvelle version de l'activité à celle vue dans l'excellente préquelle.
La seconde activité scénarisée est le créateur de clan. Mais contrairement à celui de Yakuza 6, il n'est pas question de "tower offense" mais de "tower defense." Kazuma doit venir en aide à l'entreprise de Goro Majima dont le projet d'immeuble fait l'objet de toutes les convoitises. Des businessmen véreux, incarnés par des légendes du catch japonais, cherchent à récupérer le contrôle du chantier par la force et c'est à Kiryu de recruter et organiser la force de défense tout en protégeant le matériel du chantier. Plus difficile que le mode Clan Creator de Yakuza 6, il pourra donner du fil à retordre aux joueurs qui le prennent par-dessus la jambe. Et contrairement au mode similaire de son prédécesseur, l'intrigue cette fois liée au Clan Creator s'intègre mieux à l'histoire principale grâce au lien aux activités de Majima pendant les événements de Yakuza 2. D'une manière générale, ces deux activités sont aussi prenantes que celles de Yakuza 0 et de Yakuza 6 et peuvent à elles seules occuper de nombreuses heures de jeu. Les développeurs ont bien compris que Yakuza 0 a fait forte impression aux fans et à de nombreux petits nouveaux et cela se ressent clairement dans Yakuza Kiwami 2.
Beau comme un dragon
L'agrandissement du contenu se ressent également dans le système de combat de Yakuza Kiwami 2. S'il est toujours question d'un seul et unique style de combat, ce dernier a été sensiblement étoffé depuis Yakuza 6. Kazuma peut employer un plus grand nombre de techniques, la liste de "Heat Actions" potentiellement utilisables a été agrandie et le héros peut désormais s'équiper d'armes qu'il peut garder d'un combat à l'autre (le nombre d'armes utilisables a lui aussi été revu à la hausse). En plus de ça, Kazuma peut faire la connaissance de plusieurs PNJ particuliers au cours de son aventure. Une fois que l'ex-Yakuza au grand coeur a sympathisé avec ces personnes, ces dernières peuvent lui venir en aide lorsque des combats se déroulent à proximité de là où ils se trouvent. Yakuza oblige, ces coups de main valent le coup... d'oeil. Sachant que ces personnages sont des individus allant de la dominatrice au chef cuisinier, on vous laisse deviner la teneur de l'aide qu'ils peuvent apporter à Kazuma. Pour le reste, le système d'expérience a été repris de Yakuza 6. Et même si certains types de points d'expérience sont plus compliqués à obtenir que d'autres, la chose semble plus équilibrée que dans le précédent épisode.
Niveau réalisation, Yakuza Kiwami 2 vient comme ses prédécesseurs se placer dans le haut du classement dans la catégorie des jeux permettant le "tourisme virtuel." Les décors sont cette fois bien connus des joueurs de Yakuza. Mais c'est en revanche la première fois que Sôtenbori (la version légèrement modifiée d'un quartier d'Osaka) bénéficie d'une modélisation réalisée à l'aide du Dragon Engine. La ville portuaire n'a donc jamais été aussi belle que dans Kiwami 2. Et Dragon Engine oblige, elle permet d'entrer et de sortir sans temps de chargement de la grande majorité des bâtiments. Pour ce qui est de Kamurochô (la version là aussi très subtilement modifiée de Kabukichô à Tokyo), la map récupère les zones absentes de Yakuza 6. S'il est malgré tout possible de noter un aliasing plutôt présent, quelques baisses de framerate et des temps de chargement parfois un peu long (au sortir d'une activité par exemple) sur une PS4 standard, il est clairement question dans Kiwami 2 du plus beau jeu Yakuza sorti jusqu'à présent. Les environnements grouillent de détails et de vie et c'est clairement le jeu qui se rapproche le plus d'un véritable voyage au Japon.