Dans les métiers souvent évoqués par les petits garçons, il y a pompier, astronaute, pilote de chasse et, parfois, aussi, conducteur de trains. Il y a bien des simulateurs de gestion de fermes et de conduite de tracteurs, des simulateurs de pêche, alors pourquoi aussi peu de trains ? Dovetail occupe le créneau depuis un certain temps déjà et propose maintenant ses services sur consoles. Ce train va-t-il rester à quai ? Rien n'est moins sûr...
Le monde du rail est vaste. Sur toute la planète, son importance est énorme. Que ce soit pour faire voyager des passagers sur des lignes inter-urbaines ou pour transporter des marchandises indispensables au commerce et au développement. Il en est également ainsi pour les locomotives que les conducteurs doivent savoir apprivoiser. Fini le charbon, c'est au diesel et à l'électricité qu'il faut s'adonner, avec des monstres de plusieurs milliers de chevaux. C'est qu'on a pas juste la famille à tracter !
De l'Europe aux Etats-Unis
Train Sim World vous propose un voyage sur trois principaux réseaux. Deux en Europe avec l'Allemagne et le Royaume-Uni et un aux USA, plus précisément dans le corridor nord-est de New-York. Il vous faudra ainsi maîtriser la conduite de trains aussi bien pour des passagers que pour le fret. Les premiers doivent arriver pile à l'heure et sur les bons repères en gare sans être secoués comme des prunes. Les marchandises nécessitent parfois des manoeuvres plus subtiles qu'il n'y paraît, par exemple en chargeant du charbon.
Trois locomotives sont proposées sur le sol anglais, deux aux USA et une seule en Allemagne. Si vous avez la chance d'être sur PC vous aurez également droit à des machines dédiées au fret avec quatre monstres supplémentaires. Chaque engin possède ses spécificités. Malheureusement, il ne faudra pas compter sur les didacticiels du jeu pour en comprendre parfaitement le fonctionnement et l'histoire. Ils sont beaucoup trop basiques et même parfois buggés (en désignant une commande avec la mauvaise terminologie). C'est bien dommage, car pour s'en sortir correctement, il faut impérativement aller sur le site de Dovetail et récupérer les notices qui avoisinent la centaine de pages de lecture. C'est dire qu'on rate énormément de choses en n'allant pas chercher les informations.
Ce qu'on ne manque pas en revanche, c'est la sensation de puissance et d'inertie des trains. Il n'est vraiment pas évident d'arriver à anticiper correctement les manoeuvres et de respecter les limitations de vitesse et autres signaux spécifiques. Pour résumer, il faut jouer avec trois paramètres :
- La puissance de traction
- La puissance de freinage
- Le pourcentage de pente
En tenant compte de ces éléments et en s'adaptant à ces derniers, on parvient généralement à ses fins. Mais cela demande une attention soutenue et on est loin de se douter que la conduite de ces véhicules peut se révéler aussi subtile (après tout, avec des rails on pourrait penser qu'il ne s'agit que d'aller "tout droit").
Que les vaches sont moches !
Train Sim World est une simulation. Le modèle physique des trains en atteste. Mais d'autres éléments l'orientent vers les plus pointus des amateurs d'authenticité. La gestion du temps par exemple, est aussi réaliste qu'irritante pour celui qui ne verrait dans ce jeu qu'un divertissement. Il ne vous sera par exemple pas épargné de prendre le train en tant que passager pendant 15 minutes pour aller dans une autre gare prendre les commandes d'une loco. Pas plus que d'attendre 20 minutes pour partir à l'horaire défini dans le plan de route. En revanche, cela devient un challenge intéressant quand il faut couvrir un service sur une ligne et rouler une heure durant.
Ce faisant, vous pourriez être tentés d'utiliser une vue externe ou de jeter un coup d'oeil par la fenêtre. Le paysage s'avère on ne peut plus décevant. Si les embranchements et la signalisation vous captiveront lorsque vous serez aux commandes, la modélisation des éléments de décor a au moins 10 ans de retard. Passables sur PC, les graphismes sont hideux sur PS4 et ajoutent le clipping et l'aliasing au tableau. C'est bien dommage, car il s'agit d'un défaut qui rebutera les moins engagés pour ce type de simulation. Dovetail a beau se targuer d'utiliser l'Unreal Engine 4, le résultat est bien en dessous des standards actuels. Ceci dit, si les décors vous donnent envie de fermer les yeux, vous serez plus concentrés sur l'univers sonore qui, pour le coup est vraiment très réussi. On s'y croirait sans aucun problème.
En ne proposant pas quelque chose de séduisant cosmétiquement, Dovetail rate totalement la cible consoles, beaucoup moins pointue lorsqu'il s'agit de simulation. D'autant que ce n'est pas le seul élément qui pourrait rebuter un débutant en la matière.
Prenez le train en marche ou restez sur le quai !
Le niveau de détail et de reproduction des cabines de conduite est heureusement plus satisfaisant. Bien que la définition de la version console ne soit pas suffisante pour exploiter correctement les informations affichées. Le HUD en bas à droite de l'image est ainsi beaucoup plus pratique. Ici encore, aucune explication sur des compteurs comme le "MR" ou le "BC". Débrouillez vous et puis c'est tout...
Environ 17 scénarios vous sont proposés en plus du mode libre qui vous permet de choisir le train dont vous voulez prendre les commandes et la ligne que vous voulez arpenter. Vous pouvez même tout simplement décider de la vivre en tant que passager. On occupe son temps libre comme on le souhaite...
C'est un peu ce qui caractérise l'ensemble de Train Sim World. Il a tout ce qu'il faut pour le passionné et a sans aucun doute été développé par des passionnés. Mais à trop rester sur leurs rails, ils oublient sur le quai tous ceux qui auraient pu découvrir leur univers. Rien ne va vous expliquer que pour que ce satané train démarre, il faut d'abord serrer les freins à fond avant de pouvoir les desserrer. Rien non plus ne va vous dire que l'aiguillage que vous êtes allé actionner est dans la bonne direction. Pourquoi diable avez vous raté votre mission parce qu'un signal n'était pas allumé et où était-il ? Des sauvegardes régulières pendant les trajets peuvent éviter de s'arracher les cheveux pour un "game over" au bout de 40 minutes de jeu, mais que c'est pénible ! Par ailleurs, cela ne dérange personne si vous roulez à 200 Km/h avec la porte de cabine de conduite ouverte...
Train Sim World se retrouve donc cantonné à un public de niche, qui sera à la fois passionné de train et capable d'y investir beaucoup de temps. Il y a peu de chance que cette cible se retrouve sur une console, et si tel devait être le cas, la déception risque d'être grande. Même le système d'XP qui reflète vos performances en ponctualité et en précision ne sert à rien d'autre qu'augmenter votre niveau global. Pas de progression, pas de bonus, ou de nouvelles choses en fonction de votre niveau. Ici encore, un élément de challenge qui aurait pu motiver et plaire aux joueurs consoles.