Malgré un certain nombre de défauts techniques, le premier State of Decay avait réussi à convaincre une petite foule de joueurs grâce à sa vision originale du jeu de zombies. Près de cinq ans après la sortie du titre original, Undead Labs et Microsoft ont décidé de remettre ça sur Xbox One et PC. Et même si cette suite apporte son lot de nouveautés, souvent intéressantes, nombre des travers du premier jeu ne sont pas restées enterrées.
State of Decay 2 se déroule 18 mois après l'apparition des zombies et la chute de la civilisation. Les forces militaires n'ayant pas réussi à stopper l'invasion, il revient aux derniers survivants de l'humanité de se réunir en communautés et de réunir leurs compétences pour sécuriser une base, la développer et surtout survivre. Les différents personnages croisés n'ont pas le même background et les mêmes compétences. Pour permettre à sa collectivité de se développer au mieux, le joueur a donc tout intérêt à réunir des héros aux compétences variées.
Comme dans le premier épisode, les morts sont définitives ici et il faut donc faire bien attention à ce que l'on fait avec ses personnages. Les histoires des différents protagonistes sont tellement basiques et discrètes que le joueur est finalement plus triste de perdre un personnage pour l'évaporation de compétences que cela représente que pour l'impossibilité de compléter l'intrigue du dit personnage. Dans State of Decay 2, le joueur peut choisir un personnage ayant atteint un niveau suffisant et en faire le leader de sa communauté. Si cela change l'objectif à remplir pour atteindre la "fin" du jeu, la scénarisation du jeu est une fois encore tellement limitée que l'on ne se sent pas vraiment impliqué dans ce qu'essaie de raconter le jeu. Il a de toute façon d'autres chats à fouetter pendant sa partie.
The Walking Dead Simulator
En effet, faire vivre un groupe social nécessite un travail ininterrompu. Pour survivre et garder tout le monde en bonne santé et relativement heureux, le joueur doit sans cesse aménager sa base (pour améliorer sa protection, pour la fournir en électricité, pour cultiver des denrées, pour permettre aux survivants de se soigner, etc.) partir à la recherche de ressources comme de la nourriture, des médicaments, des munitions, des matières premières, etc. Et là se trouve un des points forts du jeu malgré une interface dense (un très grand nombre d'éléments sont à gérer chaque jour in-game) et pas nécessairement bien expliquée. Les besoins primaires d'un être humain ne pouvant jamais être mis en pause, State of Decay retranscrit bien l'urgence de la situation et la nécessité de partir à l'aventure bon gré mal gré pour trouver de quoi subsister. L'essence et les véhicules en état de marche n'étant pas disponibles en quantité illimitée, la grande majorité des déplacements s'effectuent à pieds. Le joueur ressent alors la sensation de se trouver dans un environnement gigantesque. Et si les trois différentes cartes de State of Decay 2 ne sont pas nécessairement aussi grandes que celles d'autres productions en monde ouvert, ces randonnées pédestres à vitesse réaliste demandent beaucoup de temps. Le seul problème avec ce système, c'est qu'il nécessite de faire de très nombreux allers-retours chronophages. Combinés à des actions relativement répétitives, elles peuvent à force générer un sentiment de lassitude.
En plus d'avoir à gérer ces besoins "primaires," le joueur doit également gérer ses rapports avec d'autres groupes. S'il est possible d'entretenir des rapports amicaux avec certains, d'autres sont tout simplement hostiles. Avec les conséquences que cela implique. Et histoire de rendre la situation encore plus tendue et cohérente, dans le cadre d'un monde plein de zombies, cette suite intègre un système de peste sanguine. Certains morts-vivants sont vecteurs du virus. Et lorsqu'ils attaquent un des héros, ce dernier se trouve infecté. Le niveau d'infection augmente alors à chaque attaque. Lorsque la contamination atteint un seuil critique et qu'elle n'est pas traitée (un remède peut être crafté avec l'équipement adéquat), alors le personnage se transforme à son tour en zombie. Si ce héros n'est pas exilé à temps, cela peut avoir des conséquences graves sur la communauté. Pour limiter les risques de propagation de la peste sanguine, le joueur peut aller détruire des coeurs de peste. Situés à différents points de la carte ces objets sont résistants et protégés par de nombreux zombies vecteurs du virus. Et comme les choses ne sont jamais trop simples, chaque annihilation de coeur rend plus résistants ceux qui restent. De quoi faire empirer un postulat de base pour le moins tendu pour les survivants.
Avoir un bon copain...
La plus grosse nouveauté dont bénéficie State of Decay 2 est très certainement l'ajout de la coopération avec d'autres humains. Alors que le concept même du premier State of Decay semblait fait pour le jeu en coop, la possibilité s'était révélée étrangement absente. Dans cette suite, des groupes allant jusqu'à quatre joueurs peuvent se réunir dans une même partie. Qu'ils se connaissent ou non. En toute logique, le gain en fun est encore plus important lorsque les personnes qui coopèrent se connaissent. Dans State of Decay 2, le joueur à la possibilité d'accueillir les autres joueurs dans sa communauté ou d'aller donner un coup de main dans celle de quelqu'un d'autre (quand il s'agit de joueurs avec qui il n'a pas d'attache, les invitations dans un sens comme dans l'autre se font via la radio). Les sacs de ressources obtenus dans une communauté autre que la sienne ne peuvent pas être rapportés dans sa base, seul le loot "classique" peut être conservé.
En plus d'être amusant grâce aux situations dans lesquelles il peut mettre les joueurs, ce mode coop fait gagner en "réalisme" l'aventure. En effet, les joueurs doivent se répartir les objets à récupérer dans les différents lieux visités (une couleur est attribuée à chaque membre du groupe et les objets entourés de cette couleur ne peuvent être ouverts que par la personne concernée) et le fait de communiquer permet de mieux gérer les situations tendues. Pendant l'assaut d'un coeur de peste en coop, votre serviteur devait par exemple se concentrer sur la destruction de celui-ci tandis que les autres le protégeaient des assauts continus des zombies à proximité. La présence d'autres joueurs et les échanges constants rendaient la situation plus palpitante. En mettant de côté les soucis techniques évoqués par la suite, il est possible de dire que la coopération est un des gros points forts de State of Decay 2. Atout qui augmente considérablement l'intérêt et donc la durée de vie du titre. La lassitude qui peut être rencontrée en complétant les différents objectifs seul est partiellement limitée en étant accompagné d'autres joueurs humains.
Survivre face aux zombies... et aux bugs
Un des aspects vis-à-vis desquels State of Decay 2 était attendu au tournant est la réalisation. Le premier épisode souffrait de nombreux problèmes techniques et il est logique d'espérer que ces derniers seraient éradiqués pour sa suite. Comme nous vous l'indiquions à l'issue de notre première prise en mains du jeu, les choses semblaient vraiment mal parties à ce niveau là. Et malheureusement, cela ne s'est pas vraiment arrangé entre la version preview et la version finale. Dès ses premières minutes dans l'univers de ce deuxième épisode, le joueur est confronté à une ribambelle de bugs. Certains sont comiques, comme des zombies qui tombent du ciel, ou qui fusionnent avec un véhicule. D'autres sont beaucoup plus gênants, et parfois même handicapants. Morceaux choisis : porte invisible qui empêche de sortir d'une maison, ligne de code qui apparaît à la place de l'objectif d'une mission, PNJ allié qui reste coincé sur une échelle et qui ne fait que monter et descendre, script qui ne s'active pas, etc.
Et là ne sont que des cas survenus lors de parties en solo. Lors de parties en coopération, les choses peuvent être tout aussi gênantes avec par exemple des personnages à moitié ensevelis qui se déplacent en glissant au travers du sol ou des freezes pendant les phases de conduite qui peuvent mettre le joueur en situation délicate lorsque le contrôle lui est rendu (pendant le test, il est même arrivé à plusieurs reprises qu'un écran de chargement vienne se superposer sur la fenêtre principale en cours de déplacement en voiture).
Pour ce qui est de la réalisation bugs mis à part, il n'est malheureusement pas possible d'affirmer que State of Decay 2 flatte la rétine. La modélisation des personnages et des environnement est plutôt basique et rien ne capte particulièrement l'attention. Malgré cela, et si l'on omet certains bâtiments copiés-collés d'une zone à l'autre, il est possible d'affirmer que le monde et l'atmosphère "à la The Walking Dead" de State of Decay 2 est crédible. Le titre étant disponible sur plusieurs plates-formes aux configurations sensiblement différentes, il n'apparaît pas de la même manière sur chacune d'entre elles. Sur la Xbox One originale, les textures tardent parfois à s'afficher et il arrive que le framerate rencontre des difficultés. Bien évidemment, sur consoles, les possesseurs de Xbox One X auront accès à la version la plus visuellement agréable du jeu. La végétation y est plus dense, la profondeur de champ plus importante, le taux de rafraîchissement plus stable et les temps de chargement plus courts (sans oublier l'affichage en 4K/HDR qui n'est pas possible sur les autres modèles). Malgré l'importance accordée à State of Decay 2 par Microsoft, Undead Labs reste une structure relativement modeste et l'envergure du projet était peut-être trop importante pour les moyens dont dispose le studio.