Très chers chasseurs de monstres en bandes organisées, de France et de Navarre, ce jour est à marquer d'une pierre blanche. Il voit non seulement la sortie de l'excellent Dragon Ball FighterZ, mais aussi celle du premier vrai reboot tant attendu d'une grande série entamée en 2004 : Monster Hunter World ! Et autant vous le dire tout de suite : le voyage ne devrait pas vous décevoir...
Il y a quelques mois de cela, Mass Effect avait relativement échoué dans sa découverte d'un nouveau monde. Son nom ne l'indique pas forcément, mais Monster Hunter World nous propose lui aussi de partir à la découverte d'autres horizons et d'un nouveau continent, mais comme il m'a été donné de le constater lors de ma preview d'octobre dernier à Osaka, contrairement à EA, Capcom semble avoir mis toutes les chances de son côté pour nous proposer une aventure hors normes, une expérience totalement renouvelée en comparaison avec le reste de la série.
Le Challenge est de taille puisque malgré le nombre de clones qu'elle a enfanté, de Toukiden à God Eater, en passant par Freedom Wars, la saga Monster Hunter n'a jamais réussi à réellement percer sous nos latitudes, à tel point que de nombreux épisodes restent exclusivement disponibles sur l'archipel, comme le XX, récemment sorti sur Nintendo Switch. Un véritable plan marketing géant avait pourtant été mis en place lors de la sortie de certains épisodes, comme récemment le 4G de la 3DS, avec notamment de la publicité sur les 4x3 du métro Parisien, mais les ventes occidentales sont toujours restées globalement décevantes par rapport à celles enregistrées au pays du soleil levant.
En faisant cette fois migrer sa licence historiquement nomade sur nos consoles de salon de dernière génération, mais également en mettant un bon coup de pied aux fesses dans ses mécaniques de jouabilité rigides à souhait, dans un souci d'optimisation de l'ergonomie, sans oublier d'opérer une véritable refonte graphique, Capcom semble bien décidé à séduire le monde entier avec Monster Hunter World, et c'est peut-être ça qu'il veut dire, ce titre, finalement. Mais trêve de digressions ! Intéressons-nous au sujet du jour, et posons-nous clairement la question : Monster Hunter World est-il la tuerie que nous espérions tous ?
"Le bon chasseur, il voit un truc, il tire"
Dans Monster Hunter World, vous jouez un chasseur de la commission qui entame un voyage sans retour vers un monde inconnu. Cette expédition est la cinquième, et quatre autres flottes vous ont précédées il y a des années de cela. Certains sont mêmes nés dans ce "nouveau monde", qui commence tout de même à ne plus être si frais que ça ! Les raisons de votre départ ? Il faut faire la lumière sur un mystérieux phénomène qui pousse les dragons anciens, et notamment le Zorah Magdaros, un gigantesque monstre gros comme une montagne, à faire eux aussi ce même voyage à intervalles réguliers.
L'aventure commence à bord du bateau qui vous mène à votre destin, et s'ouvre sur un outil de création de héros tout simplement démentiel. Moult options de personnalisations sont disponibles, et si vous êtes amateur de la chose, vous devriez prendre un malin plaisir à vous créer un personnage sur mesure, que ce soit un punk déjanté, un troublant sosie de 2B, une superbe gallinette cendrée où un bon vieux baroudeur en quête d'aventures. Des modèles prédéfinis sont bien entendus disponibles et de nombreux éléments, comme les cheveux et la pilosité, sont unisexes et peuvent donner des résultats surprenants pour peu que vous soyez adepte de la dérision. Et avec le choix de différents éclairages, vous pourrez vraiment vous rendre compte des teintes que votre héros aura tout au long du jeu... Une bonne demi-heure plus tard, ce sera au tour de votre Palico d'avoir droit à son relooking intégral. En ferez-vous un clone de votre chat ? Si, comme moi, vous en avez deux, il faudra faire face à un cruel dilemme ! Mais là encore, on va avoir l'embarras du choix et faire durer un peu plus le plaisir.
On découvre ensuite les premières cinématiques du jeu, qui donnent le ton. Avec un doublage français de bonne facture - mais qui n'est pas systématique en dehors des cinématiques - un héros muet et des PNJ anonymes uniquement définis par leur job, on va assister à un véritable spectacle auquel Monster Hunter ne nous avait pas habitués. Tout est plus scénarisé, et ce au sein même des missions principales (ce qui posera d'ailleurs un problème au niveau des fonctionnalités multijoueur, mais nous en parlerons plus bas), avec des phases d'enquêtes lors desquelles il faut remonter la piste d'un monstre en suivant ses traces à l'aide de nos fameuses "navicioles" en mode Geralt de Riv, ou encore escorter nos compagnons au travers d'une zone dangereuse. Certaines quêtes sont mêmes ultra-scénarisées, comme celle où l'on croise le chemin du Zorah Magdaros, que l'on repousse à grand coup de canons qu'il faut charger à plusieurs, la scène n'étant pas sans rappeler la fuite en train dans le désert de Lost Planet 2, ou l'on pilonnait une créature tout aussi gigantesque avec un canon du même calibre que celui de la Shinra dans Final Fantasy VII. Niveau grand spectacle, Monster Hunter World nous sort le grand jeu et fait véritablement passer la série dans une nouvelle dimension.
Un chasseur sachant chasser...
Il n'y a pas que par son aspect scénaristique que Monster Hunter World se démarque de ses ainés : le level design à lui aussi subi de profondes modifications. Les niveaux sont au nombre de 5, ce qui pourrait paraître peu pour un habitué de la série, mais n'oublions pas qu'il s'agit là d'un reboot de la franchise. Les lieux visités se montrent en tout cas magnifiques, et ils proposent des panoramas assez démentiels. Entre la forêt des débuts et le plateau de corail, débordant de couleurs, le tout avec un cycle jour/nuit, vous en prendrez vraiment plein les mirettes. De plus, les niveaux perdent leur découpage en sections séparées par un temps de chargement, et deviennent (ENFIN !) complètements ouverts, ce qui peut amener des situations ultras spectaculaires lorsque des monstres partageant le même écosystème sont amenés à s'affronter entre eux, vous mâchant le travail par la même occasion.
Le monde de Monster Hunter grouille de vie et de petits objets à collecter, et les monstres assurent le spectacle. Cette transformation du level design est assurément une réussite ! Pour ce qui est des monstres justement, comme pour le nombre de niveaux, on pourra leur reprocher leur faible nombre d'environ 30... Mais encore une fois c'est très relatif, car n'oublions pas que nous faisons face à une vraie nouvelle version du jeu, et non une simple révision comme c'est le cas depuis des années. Pour ce qui est des petits nouveaux, il faut bien avouer que leur design est super séduisant ! On a par exemple l'Anjanath, sorte de T-Rex croisé avec un Dilophosaurus (le genre de dinosaure à collerette qui a eu raison de Dennis Nedry dans Jurassic Park), Le Kulu-Ya-Ku, un poulet géant et énervé, ou encore ce croisement entre une chauve-souris, un ours polaire et... un ballon de baudruche ! D'autres grands classiques comme le Rathian sont bien entendu de retour dans cet opus, pour permettre aux chasseurs du monde de participer à des affrontements qui n'ont jamais été aussi spectaculaires.
Chasse et pêche
Un des autres aspects de Monster Hunter qui évolue avec World, c'est la grande ergonomie qui a été conférée au jeu. Jusqu'à présent, la jouabilité action et exploration du titre n'avait que très peu évolué, et se montrait rigide à souhait, mais ici, tout a été revu, et si la quinzaine d'armes présentes sont celles dont on a l'habitude, leur maniement à légèrement été revu lui aussi, pour un résultat globalement bien plus fluide. Même le lock sur un ennemi, mécanique qui n'est apparue que récemment dans la série, prend ici tout son sens et ajoute un véritable dynamisme dans les combats. Autre apparition de taille : les navicioles, des petits insectes lumineux bien pratiques puisqu'ils vous indiquent le chemin à suivre, mais aussi les éléments de loot qui se trouvent tout près de vous. Associés à la carte, qui se met à jour en temps réel, vous avez tous les outils nécessaires pour faciliter la collecte de pièces afin d'améliorer votre équipement. Pour ramasser ces objets, tout est aussi bien plus facile : les pierres à aiguiser, les pioches, les filets... tout cela n'a plus de "durabilité", et il est même désormais possible de moissonner les petits objets à la volée, en courant, tout en bénéficiant d'une endurance infinie en dehors des combats. Bref, l'idéal pour une exploration plus agréable de ces grandes contrées ouvertes, qui font également preuve d'une importante verticalité et s'étendent parfois sur plusieurs étages. On y escalade alors les murs et les obstacles encore plus simplement que dans Assassin's Creed, et on se prend même pour Tarzan à se déplacer de liane en liane d'une simple pression en avant sur le stick. Toute la jouabilité du titre a été revue en profondeur, et ce qui pouvait auparavant paraître venir d'un autre âge du jeu vidéo est désormais bien ancré en 2018, une année qui décidément commence fort bien.
Au rayon des nouveautés, on n'a pas encore tout vu. La ville d'Astera, qui sert de hub central, est tout simplement gigantesque et débordante de vie. Elle possède même des raccourcis pour se déplacer plus rapidement en son sein. En plus du tableau des quêtes, avec ses missions principales et libres, vous trouverez de quoi faire des achats, mais aussi un comptoir qui donne accès à un système de contrats, de requêtes et de livraisons, pour jalonner vos aventures de plus nombreux loots non négligeables. Et il sera même possible de partir librement en exploration, sans accepter de quête au préalable. On pourra aussi envoyer une équipe de Palicos faire un safari et ramener des récompenses, cultiver des consommables et faire progresser le niveau de recherche de la base pour gagner de nouveaux gadgets à vocation défensive, ou encore manger à la cantine pour gagner des bonus d'endurance et de vie.
Mais l'endroit où l'on passera probablement le plus clair de son temps, c'est à la forge ! On pourra y acquérir de nouvelles armures en utilisant la carcasse des monstres que l'on vient de dépecer, mais aussi les améliorer en échange d'orbes obtenues en réalisant des quêtes. Vos armes pourront aussi bénéficier d'améliorations à base de parties lootées en combat, le tout étant représenté dans un arbre de progression ou il est possible de revenir en arrière pour effectuer une autre modification, dont on peut prévoir le résultat à l'avance. Cerise sur le gâteau : pour tous ces items dont vous avez besoin pour crafter, qu'ils soient issus de l'exploration ou du combat, vous pourrez créer une liste de souhait indiquant en permanence où vous en êtes de votre quête de la création de la pièce d'armure ultime... Les activités possibles à Astera sont nombreuses et on y revient avec plaisir entre chaque mission. Et avec toutes les quêtes libres disponibles en plus des missions principales, vous aurez largement de quoi tenir plusieurs dizaines d'heures. Pour voir le bout du jeu, il faudra bien plus de temps avec un post game où vous allez farmer de façon encore plus intensive contre des monstres encore plus redoutables qu'à l'accoutumée. Dans ses composantes de RPG et de Monster Hunter typique, World tape très fort et se montre très bon et très complet. Et pour ceux qui auraient peur que le jeu se soit "casualisé", rassurez-vous : les combats sont toujours aussi difficiles !
Monstre Chasseur Monde
À Astera, vous ne trouverez pas que des PNJ : c'est en effet là-bas que vous pourrez retrouver d'autres chasseurs, au quatrième et dernier étage, pour accéder à des contrats d'arène, où vous affronterez un montre en équipe de deux, avec un stuff prédéfini. Et si les fonctionnalités de clans ou les fusées de détresse pour appeler d'autres joueurs à l'aide vont se montrer bien pratiques pour explorer ce nouveau monde en équipe, ou ne pourra que regretter le fait qu'il ne soit malheureusement pas possible de faire la campagne scénarisée entièrement en coopération... Chaque joueur devra d'abord faire dans son coin la partie scriptée d'une mission, pour ensuite retourner au camp et lancer la fin de la quête ensemble. Si vous aviez prévu de retourner le jeu de bout en bout avec un ami, attendez-vous à quelques soucis d'ordre logistique !
Aussi, si vous allez aider un camarade de rang inférieur au vôtre à terminer une quête du mode histoire, vous devez d'abord attendre qu'il ait vu ladite séquence scriptée pour pouvoir accueillir un autre joueur dans sa partie. Tout ceci n'est peut-être qu'un détail, mais force est de constater qu'il fait un peu tâche dans le tableau. À vrai dire, il s'agit même du seul reproche sérieux que l'on peut faire au jeu. Une partie de ce dernier a été conçue pour être jouée seul, et Capcom se tient coûte que coûte à ce précepte.
Autre point logistique : si deux joueurs de niveaux différents jouent ensemble, ce sera forcément dans des missions au niveau de celui qui est le moins avancé... Des fonctionnalités en ligne bien rodées donc, mais qui soufrent grandement de ces complications dans les missions scriptées, qui deviennent un peu, en quelques sorte et pas à 100%, une partie vraiment solo de Monster Hunter World.
Ne me reste plus qu'à évoquer la partie technique du titre. J'ai eu la chance de faire une grande partie de mon test sur PS4 Pro, et si c'est la machine que vous possédez à la maison, vous devrez alors faire un choix, à savoir booster l'une des trois composantes suivantes : augmenter la résolution (pour profiter encore plus de votre télé 4K OLED HDR flambant neuve), augmenter les graphismes (pour bénéficier de petits détails plus travaillés aux niveaux des ombres ou des textures), ou enfin privilégier le framerate à tout le reste. J'ai pour ma part surtout joué en mode framerate, et si l'ensemble se montre suffisamment stable pour ne jamais ralentir, on n'est clairement pas à 60 fps, mais plutôt proche des 30, avec des pics de fluidité à certains moments. Cette alternance est assez déconcertante, même si l'on se prend souvent à apprécier les pics en question, qui nous font relativiser sur la réelle beauté du titre. Sur PS4 normale, forcément, on est un cran en dessous de tous ces éléments, mais rassurez-vous : le tout reste parfaitement jouable, sans aucuns problème. Nous n'avons lmalheureusement pas eu l'occasion de tester la version Xbox One (X), mais nous y reviendrons bientôt. Quand au PC, s'il devrait proposer des performances optimisées et aux petits oignons pour qui disposera d'une bécane de compétition, mais il faudra malheureusement attendre la sortie un peu plus longtemps, puisqu'elle a été décalée de quelques mois par rapport aux consoles.