Depuis le lancement de la série Start Trek originale en 1966, les ponts de commandement des différents vaisseaux Enterprise sont des lieux emblématiques, régulièrement au coeur de l'action, qui font fantasmer des millions de trekkies de par le monde. Pour le plus grand plaisir de ces fans, Ubisoft, par le biais de Red Storm, nous propose aujourd'hui d'enfiler un casque de réalité virtuelle et de nous faire vivre des missions stellaires dans le centre névralgique d'un vaisseau de Star Fleet.
Faire parti du staff d'un croiseur interstellaire et pouvoir se comparer à Jean-Luc Picard, James Kirk, Spock, Data, Worf, Seven of Nine et tous les héros mythiques de la saga qu'on a regardé pendant des heures devant sa télé, c'est véritablement un rêve pour beaucoup d'entre nous. Un rêve que Red Storm se propose de réaliser avec Star Trek Bridge Crew, un titre exclusivement VR (testé ici sur PSVR mais jouable sur les autres systèmes VR PC existant, avec crossplay PC/consoles s'il vous plaît) dans lequel on évolue au sein du pont d'un des prestigieux vaisseaux de la flotte de Star Fleet.
Le jeu nous propose d'incarner l'un des quatre postes clefs de l'équipage du vaisseau Aegis (une variante de l'Enterprise, dont le design est dans l'esprit des films sortis sous l'ère J.J. Abrams). Il y a d'abord l'ingénieur, chargé du bon fonctionnement du vaisseau, qui s'occupera donc des réparations des réacteurs, phasers et boucliers de défense, ainsi que de la répartition des ressources disponibles entre chacun des éléments précédemment cités. Vient ensuite le timonier, responsable des déplacements du vaisseau, de sa vitesse et du passage en impulsion ou distortion. L'officier tactique, lui, utilise les différentes armes mises à disposition, que ce soit les torpilles ou le phaser, mais il fait également des intrusions dans les systèmes ennemis via le hacking de leur système. Dernier rôle enfin, celui qui fait rêver : le capitaine, qui donnera les différents ordres aux trois autres et décidera des actions à suivre en accord avec les différents objectifs qui lui sont communiqués par le haut commandement.
Jeu de mains
Chacun de ces rôles possède son interface propre, assez claire et facile à maîtriser, grâce à laquelle vos mains virtuelles pourront appuyer sur des boutons pour lancer diverses actions. J'attire votre attention sur le fait qu'il s'agit là des seuls gestes que propose le jeu. Si vous vous imaginiez en train de vous balader dans le vaisseau, d'aller à la cafèt' tailler le bout de gras avec la stagiaire vulcaine, ou encore explorer une planète, vous allez être déçus. Star Trek Bridge Crew est avant tout un jeu statique, dans lequel on exerce un job ultra sédentaire, assis à son poste pour ne jamais en bouger et jouant simplement avec les interfaces de commande afin de lancer les différentes actions aux moments opportuns. Rien de plus, rien de moins.
En termes de contrôles, l'utilisation de deux PS Move permet de déplacer les mains de l'avatar et de toucher du doigt les éléments de l'interface graphique virtuelle en cliquant sur la gâchette. Avec le DualShock, ce sont les deux sticks analogiques qui servent à déplacer les mains de boutons en boutons. Les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients : si les PS Move permettent d'être plus rapide par rapport au Dual Shock, dont le déplacement est plus lent et moins immersif, on perd néanmoins en précision au moment de confirmer la sélection, du fait de la proximité des boutons, qui fait qu'on a tendance à cliquer sur le mauvais bouton, voir dans le vide.
On pilote ensemble, on meurt ensemble
Le deuxième élément primordial du titre, c'est qu'il est avant tout destiné au multijoueur en co-op. En effet, chacun des quatre postes qui doivent être occupés étant indispensables au bon déroulement des opérations et la survie du vaisseau, le jeu propose de composer une équipe de 4 personnes qui occuperont chacun l'un des postes clefs détaillés plus haut. Tous les membres devront se synchroniser et agir de concert, sous les ordres du capitaine, pour mener à bien la mission. De fait, une parfaite entente et une communication précise entre les différents membres sera indispensable. En effet, il suffit qu'un seul équipier soit à la traîne dans les tâches qui lui reviennent pour que la mission finisse invariablement en fiasco. D'autant plus que certaines actions, comme la mise en route du déplacement en distorsion, nécessitent des actions conjointes entre les membres de l'équipage dans un temps imparti. Une bonne coordination et une bonne synchronisation sont alors vitales afin d'arriver, à terme, à obtenir les automatismes communs indispensables à certaines manipulations.
L'espace est infini, les missions moins...
Sur le papier l'idée est excellente, et dans la pratique on rentre facilement dans le personnage. À tel point que, pour peu que l'on se mette dans une condition de "jeu de rôle", on peut arriver à se croire dans une scène de la série avec nos camarades. Néanmoins, sur la longueur, on fait rapidement le tour des 6 missions de la campagne, dont les types d'objectifs sont limités. Sauvetage de vaisseau à la dérive, combats contre des vaisseaux klingons, défense de position et exploration reviennent régulièrement. Malgré un autre mode de jeu proposant des missions aux objectifs générés aléatoirement, les véritables variantes ne sont pas vraiment légion, au point qu'on finit par agir machinalement, tandis que l'excitation du départ retombe comme un soufflé se dégonfle.
À noter qu'il y a bien un mode solo, dans lequel on incarne obligatoirement le capitaine de l'Aegis et où l'on donne donc ses ordres aux trois autres membres de l'équipage, contrôlés eux par l'IA. On a néanmoins la possibilité de prendre la main sur leur poste de travail à tout moment, et ce n'est pas un luxe, car l'IA montre de sérieuses limitations, notamment en termes de réactivité aux ordres et de vitesse d'exécution. Si l'on veut mener à bien la mission, ça ne laisse pas d'autre choix que de se retrouver en permanence au four et au moulin, jonglant d'un poste à l'autre, ce qui entraîne une véritable frustration et une difficulté supplémentaire conséquente.
Techniquement, lors dès premières secondes du jeu avec le casque sur la tête, alors que l'on est propulsé dans l'espace infini, on ne peut qu'être émerveillé devant l'immensité qui est tout autour de nous. Idem lors de nos débuts sur le pont du vaisseau : on passe de longues minutes à regarder autour de nous pour admirer la reconstitution de l'intérieur typique d'un vaisseau Starfleet. One se retrouve en immersion dans la série. Malgré tout, dès que l'on regarde de plus près, il faut reconnaître que graphiquement, c'est juste moyen, avec notamment des modélisations de persos assez froides et un espace sidéral qui, une fois passé l'émerveillement initial, paraît finalement bien simpliste.
Les inconnus de l'Aegis
Au passage, on regrettera l'absence de noms connus de la série. Ici, pas de Spock ou de Picard, pas même les seconds couteaux de la série : on a affaire à de parfaits inconnus. Pour ma part, cela représente une vraie déception, qui limite le sentiment d'immersion dans l'univers de la saga. En termes de nostalgie en revanche, on remarque la possibilité d'évoluer dans le premier vaisseau Enterprise de la série d'origine (NCC-1701 pour les intimes). Et à ce niveau, on peut dire que la modélisation est parfaitement réussie. L'intérieur reprend tous les codes de l'époque et on se retrouve plongé dans l'ambiance hippie ultra-colorée des années 60. C'est véritablement jouissif visuellement. En revanche, à l'usage, ce mode est réservé aux experts pour la simple et bonne raison que les développeurs ont poussé le vice jusqu'à reproduire les interfaces de l'époque. Ces dernières sont uniquement composées d'interrupteurs aux couleurs flashies, disposés sans véritable logique et sans indication écrite (à moins que l'on affiche la sous-couche didacticielle prévue à cet effet), ainsi que des radars et des cartes très limités dans leur affichage, rendant toute opération beaucoup plus longue et pénible qu'avec les affichages digitaux des interfaces de l'Aegis.
Au final, si l'idée du jeu est bonne, elle est néanmoins limitée (ou pas assez développée) pour accrocher le joueur sur la longueur. Passé les instants de joie de se retrouver au centre de commande d'un vaisseau de Star Fleet, la routine s'installe à cause de la multiplication des mêmes gestes à l'infini, dans des missions aux objectifs redondants. En revanche on pourra passer de bons moments en mode roleplay entre copains fans, c'est une certitude, mais ludiquement parlant, il aurait fallu plus de variété dans le gameplay pour le rendre vraiment attirant sur la durée.