Depuis la sortie du NBA Jam version Electronic Arts en 2010, les jeux de basketball arcade se sont faits extrêmement rares. Jusqu'à l'annonce de NBA Playgrounds, ce genre était même totalement absent sur PS4, Xbox One, PC et Switch. Le titre de Saber Interactive a donc la lourde tâche de remplir un vide laissé par une série mythique pour les amateurs du genre et les nostalgiques de l'ère 16-bit. Ce fils illégitime de NBA Jam peut-il s'en prétendre digne héritier, ou sera-t-il vu comme une pâle copie ? Les choses ne sont pas si simples que ça...
NBA Playgrounds étant un jeu de basketball arcade opposant des équipes de deux joueurs dans des matchs totalement surréalistes, il est logique de l'envisager comme un clone assumé de NBA Jam. Manette/console en main, il apparaît dès le premier match que cette nouvelle licence est sensiblement plus technique que celle créée au début des années 90 par Midway. Ce qui peut d'ailleurs perturber les joueurs qui se sont essayés au moins une fois à NBA Jam (il suffit de regarder le replay de notre live sur NBA Playgrounds pour s'en rendre compte).
Pour comprendre et apprécier le fonctionnement de NBA Playgrounds, il faut garder deux éléments essentiels à l'esprit. Le premier est le timing des tirs et des dunks. L'attaquant doit maintenir le bouton de tir et le relâcher au bon moment pour pouvoir marquer. En cas de timing parfait, qui change d'un joueur à l'autre, des points bonus sont accordés (ce qui peut par exemple permettre de marquer des paniers à trois points rapportant quatre ou cinq points). Le problème, c'est que le jeu n'explique pas très bien comment fonctionne ce système. Il est simplement écrit "tôt" ou "tard" en petit lorsque le joueur rate un tir ou un dunk. Saber Interactive gagnerait grandement à rendre plus lisible ce système à l'aide d'un patch.
Sans maîtrise, la puissance n'est rien
Le second élément correspond aux statistiques de chaque joueur. Dans le NBA Jam original, chaque joueur disposait de ses statistiques individuelles, mais malgré cela, il était possible de s'en sortir avec n'importe quelle équipe. Dans NBA Playgrounds, les statistiques sont essentielles, même si le joueur a l'impression d'avoir composé une équipe parfaite qui lui a permis de remporter aisément un match du mode tournoi, il est possible que ce même duo soit en grande difficulté contre une autre équipe. Il faut donc apprendre à varier les formations et tenir compte des points forts et des points faibles des différents joueurs. Une fois ces deux éléments assimilés, qui ajoutent un petit côté technique pas déplaisant à NBA Playgrounds, le fun est assuré.
Les joueurs de NBA Jam se souviennent bien du bonus "On Fire" qui augmentait considérablement la dextérité d'un joueur une fois trois paniers marqués d'affilée par ce dernier. Ils n'ont pas oublié non plus le turbo temporaire symbolisé par les sneakers colorés. Pour éviter de proposer un plagiat de NBA Jam, les développeurs de NBA Playgrounds ont décidé d'utiliser un système de bonus différent. En réalisant certaines actions (interception, contre, dunk ou tir réussi), le joueur remplit une jauge. Une fois cette dernière remplie, un bonus temporaire est sélectionné de manière aléatoire : turbo illimité, prochain tir forcément réussi, multiplicateur de points, tirs à trois points qui comptent double, etc.
Syndrome Mario Kart puissance 1000
Le souci, c'est que malgré la sélection "aléatoire", ces bonus favorisent généralement l'équipe incarnée par l'intelligence artificielle. Alors que cette dernière est déjà en avance au tableau de score, elle va avoir un bonus qui lui permet d'enfoncer encore plus le joueur. Un joueur qui a huit point de retard va par exemple être totalement enfoncé par un multiplicateur de points qui peut permettre à l'IA de mettre des paniers à 6 ou 9 points. Frustrant.
Cet élément souligne par ailleurs un des plus gros problèmes du titre. La triche de l'IA est caractérisée. Dans NBA Jam, une équipe dominée pouvait recevoir un coup de fouet dans le dernier quart temps. Mais rien de comparable à ce qui se passe ici. Si le joueur est en avance de plusieurs points à un peu plus d'une minute de la fin (dans ce jeu, les matchs ne se déroulent qu'en une période), l'ordinateur va se mettre à enchaîner les tirs parfaits et les interceptions. Un match dominé pendant 80% du temps peut se terminer sur une défaite avec plus de quinze points d'écart. Vue l'importance accordée aux statistiques des joueurs, quand un Shaquille O'Neal enchaîne les tirs à trois points, c'est qu'il y a un problème quelque part. Saber a tout intérêt à revoir l'équilibrage de son jeu pour que se dernier réalise son plein potentiel chez les amateurs du jeu en solo.
Du côté du roster, le studio américain a choisi d'utiliser un système de cartes pour le moins original. Lors du premier démarrage du jeu, l'utilisateur reçoit trois paquets de cartes. Chacun d'entre eux contient cinq cartes et à chaque carte correspond un joueur. Pour en débloquer d'autres, il faut participer à des matchs et remplir la barre d'expérience associée à l'utilisateur (une victoire remplit la barre plus rapidement). Le passage à un nouveau niveau débloque un nouveau paquet de cartes, et la victoire à un tournoi fait gagner un paquet doré qui augmente les chances de débloquer un joueur rare aux statistiques élevées. Plus le niveau augmente, plus il est long de débloquer un paquet de carte. Et malheureusement pour les joueurs pressés, il est très fréquent de tomber sur des doubles. Mais bonne nouvelle pour les joueurs allergiques aux micro-transactions, NBA Playgrounds en est totalement dénué. Seule la patience permet de débloquer l'intégralité des stars de la NBA présentes dans le titre. À noter par ailleurs que Saber Interactive a déjà annoncé qu'il ajoutera prochainement de nombreux autres joueurs au roster de son titre.
From downtown !
Niveau réalisation, NBA Playgrounds est tout à fait honnête. Jeu de basketball arcade oblige, les joueurs ne sont pas modélisés de manière réaliste. Les caricatures des joueurs sont de très bonne facture et tous les joueurs sont aisément reconnaissables. Visuellement, le seul véritable reproche vient d'une sorte de filtre légèrement flou qui recouvre les joueurs sur Switch. Il ne gêne pas le gameplay mais donne un rendu un peu curieux au jeu. Du côté de l'audio, le jeu dispose d'une poignée de musiques qui finissent par paraître répétitives et de commentaires réalisés par deux commentateurs qui n'arrivent pas à la cheville du commentateur original de NBA Jam (Tim Kitzrow) en termes de charisme. De plus, il arrive que les commentateurs disent l'inverse de ce qui se passe à l'écran (comme par exemple dire que le joueur vient de se prendre une raclée alors qu'il a gagné). Heureusement, là n'est pas le plus important dans un jeu de ce type.
À l'instar des autres productions disposant de modes multijoueur en local, NBA Playgrounds est sublimé par les configurations de jeu offertes par la Switch. Il est en effet possible de jouer à quatre sur un écran de télévision ou sur l'écran de la Switch en mode table. Et histoire de faciliter encore plus le multijoueur impromptu, le titre est compatible avec la prise en main à un seul Joy-Con tenu à l'horizontal. La taille de ce dernier fait qu'il ne s'agit pas de la configuration la plus confortable. Mais cela dépanne.
Décision étrange en revanche, celle de sortir NBA Playgrounds sur Switch sans le mode de jeu en ligne, pourtant présent sur les autres versions. S'il a déjà été annoncé qu'il sera rajouté prochainement (il est déjà listé sur le menu principal du jeu mais grisé), commercialiser un jeu incomplet fait un peu mauvais genre. Un acheteur potentiel pour qui ce mode est essentiel a donc tout intérêt à patienter.