Grand classique de l'ère 8/16 bits, notre bon vieux Bomberman reprend du service à l'occasion du lancement de la Nintendo Switch... une console qui a priori lui va à ravir, fort de ses possibilités de jeux multi. Alors, est-ce que ça sent le plan idéal pour accompagner votre indispensable Zelda : Breath of the Wild ?
Super Bomberman R joue indéniablement la carte de la nostalgie... et du recyclage, certes. Notons malgré tout pour commencer la présence d'un mode "Histoire". Ce n'est pas la première fois que ça arrive dans un Bomberman, mais quand même, ça peut presque faire office de "nouveauté", d'autant qu'il est jouable en solo mais aussi en coop' (2 joueurs, un Joycon chacun, easy). La question restant de savoir si vous aurez envie d'y passer plus de 5 minutes...
Une aventure à vite oublier
Composée de 5 mondes comportant chacun 8 niveaux + un boss en deux parties (avec un giga-boss final en guise de dernier "feu d'artifice"), ce mode Histoire, jouable seul ou à deux, peine à convaincre. Il essaye certes d'apporter un peu de variété avec différents objectifs (tuer tous les ennemis, escorter des personnages, activer des interrupteurs...), et quelques subtilités (plaques glissantes, etc.), mais la mayonnaise ne prend que rarement, gâchée par le manque d'intérêt, la lassitude et surtout un gros défaut de lisibilité.
Ces niveaux proposent en effet une caméra spéciale, avec une vue en biais très désagréable, car elle a le don de nous embrouiller en permanence. Le stages proposent en plus différents niveaux de hauteur, qu'on a souvent beaucoup de mal à distinguer... Je ne compte plus les fois ou je suis mort par erreur à cause de ça. Parfois, les designers ont en plus très mal choisi les couleurs du sol et des murs, ce qui vous fera plisser les yeux pour tenter de vous repérer... avant de vous faire sauter. Très agaçant.
Jouer à deux à ce mode peut certes ajouter un peu de fun (et surtout grandement faciliter la tâche contre les boss, surpuissants), éventuellement mieux faire passer la pilule... mais globalement vous aurez très vite envie de passer à autre chose. Et les petites cinématiques, très mignonnes au demeurant, n'y changeront rien. Bref, face au manque d'intérêt global de ce mode Aventure, face à l'ennui qui survient après les quelques premiers niveaux, vous n'aurez très vite qu'une seule envie : rejoindre le menu "Multijoueur" !
Un multi qui peine à sauver les meubles
Les possibilités de jeu multi sont complètes, puisqu'on peut jouer jusqu'à 8 sur une seule console (à condition d'avoir 8 Joy-con et/ou manettes Pro, évidemment), mais aussi en ligne ou en multi local (4 consoles reliées avec 2 joueurs sur chacune). Pour ceux qui se posent la question, la Switch ne permet pas en revanche de jouer avec une seule cartouche sur plusieurs consoles, comme le propose la 3DS avec certains jeux, l'option n'est donc logiquement pas proposée. Malgré cela, le potentiel fun est bien là, si vous avez quelques potes et quelques manettes sous la main. La formule fonctionne toujours, c'est vrai. L'autre bonne nouvelle, c'est que ce mode "Bataille" ne propose pas l'horrible caméra du mode Aventure : elle est cette fois bel et bien placée au dessus des tableaux, à l'ancienne. Ouf.
Là où le bât blesse en revanche, c'est que le contenu ne suit pas. Le mode Bataille est en effet famélique en termes de diversité : pas de championnat, pas de statistiques... rien, à part un petit menu de configuration de la partie (permettant de choisir le nombre de sets, la durée, d'activer ou non les chariots vengeurs ou les blocs de pression...). Ça fait maigre, vous en conviendrez. On aurait préféré que les développeurs nous proposent quelque chose de plus complet ici, d'intégrer des nouveautés à l'antique formule plutôt que de nous servir le mode Histoire dans lequel on ne reviendra jamais ou presque (le seul intérêt est finalement d'y gagner des pièces pour débloquer de nouveaux tableaux pour le multi).
De quoi se marrer en attendant mieux ?
Après quelques parties en multi, je ne peux pas le nier : il y a toujours de quoi passer un bon moment et de rigoler entre potes, c'est vrai. Mais il faut quand même composer avec une jouabilité que je trouve bien en dessous des classiques de la série. Les personnages bougent en effet de manière trop "brusque", se coinçant parfois sur un recoin de mur au moment où l'on croit pouvoir tourner pour se mettre à l'abri. Il y a un petit quelque chose de rigide dans cette nouvelle jouabilité, qui dénote avec la précision extrême des épisodes 2D classiques. J'ai d'abord cru que c'était à cause des sticks des Joy-Con, j'ai alors testé au pad Pro, mais le résultat était identique. La petite latence énervante dans les commandes y semblait même plus importante.
Bref, ce Super Bomberman R a déçu le vieux fan que je suis. Je pensais pouvoir profiter de ce nouvel épisode, dispo au lancement d'une console qui semblait faite pour lui, pour m'y remettre comme un petit fou, mais ce sera finalement sans moi... et probablement sans vous non plus. Le mode Aventure est anecdotique et plutôt raté, le mode multi est certes plus efficace mais décevant en termes de contenu, la jouabilité est imparfaite et agaçante... Konami aurait franchement dû y mettre plus de travail, de coeur et d'envie.