Halo Wars est sorti il y a maintenant 8 ans, et pendant cette période, Microsoft a eu le temps d'enrichir le background de la licence via plusieurs FPS... assez du moins pour proposer un Halo Wars 2 complet en termes d'unités. Pour repartir du bon pied, le studio Creative Assembly - déjà derrière la formidable saga Total War - est rentré dans la danse, et ça se sent. En résulte-t-il un "must have" de la stratégie pour autant ? C'est ce que nous allons voir tout de suite.
Rien de mieux pour repartir sur de bonnes bases que de sortir son jeu sur PC et non plus uniquement sur Xbox, ce qui était tout même une hérésie à l'époque pour un jeu de stratégie. Cette fois, grâce au programme "Xbox Play Anywhere", le jeu acheté sur Windows Store permet aussi bien de jouer sur Xbox One que sur un PC équipé de Windows 10. D'ailleurs, pour directement entrer dans le vif du sujet, le jeu est aussi jouable à la manette qu'au clavier/souris, même si ce dernier combo est bien plus intuitif pour un RTS, c'est important de le souligner. Bref, à vous de choisir vos préférences. Attention toutefois : il n'y a pas cross-play possible ! Vous ne pourrez donc pas jouer avec vos camarades console si êtes sur PC, ou inversement.
Halo-uette, gentille Halo-uette ♫
Univers Halo oblige, le jeu propose une campagne solo avec une vrai histoire digne de ce nom, alors que c'est plutôt rare dans le petit monde du jeu de stratégie. Sans être le plus grand connaisseur de la saga, on peut pourtant apprécier le background déployé par les développeurs. L'histoire se passe en 2059, alors que l'humanité règne en maître un peu partout. Le Capitaine Cutter et la Red Team se réveillent d'un hyper-sommeil proche d'une "Arche", une installation Forerunner permettant d'activer les Halos (les mondes forteresses). Malheureusement, ce monde est très hostile et occupé par les Banished, et c'est là que débute l'intrigue et la guerre. C'est donc parti pour environ 10 heures de gameplay solo, sur un total de 12 missions.
"Mon contact à Washington dit qu'on n'a pas affaire à un élève, mais qu'on a affaire au professeur..."
Pour arriver à ce résultat, 343 Industries a donc reçu l'aide de The Creative Assembly, qui jouit de l'expérience accumulée sur les Total War, et cela ne dénature en aucun cas le background élaboré initialement par Bungie. Les cinématiques, en plus de respecter à merveille l'univers Halo, sont assez bluffantes visuellement et apportent une vrai plus-value à l'histoire. Entre chaque mission, on assiste à un mini-film venant nous conforter dans l'idée que l'univers Halo est effectivement assez "bad-ass", même si ça reste assez classique pour les vieux roublards fans de Science-Fiction. C'est d'ailleurs un reproche que l'on peut faire à l'ensemble du jeu, car si le gameplay est plaisant et jouissif en de nombreux aspects, il reste aussi trop classique aussi bien dans le fond que dans la forme. Pas de prise de risque à l'horizon, et ça peut faire râler le joueur PC habitués à des Company of Heroes ou autre Dawn of War. Inversement, le jeu est une excellente mise en bouche pour ce que l'on nomme dans le jardon "la bleusaille" du RTS, ou encore le joueur amateur. Pas trop de micro-management par exemple, qui aurait pu faire fuir le tout venant.
"Un bon parasite, c'est un parasite mort"
Ainsi, impossible par exemple de choisir l'emplacement exact de sa base, chaque map possèdant un nombre défini d'emplacements disponibles. Et évidemment ils ne sont pas extensibles à l'infini, il va donc falloir faire des choix et dédier par exemple sa base principale à l'infanterie et ses secondaires à l'aérien, aux véhicules terrestres ou aux ressources. Le système de ressource est d'ailleurs assez simple... peut-être même un peu trop. Soit vous en récupérez directement au sol via des unités terrestres, ce qui est un peu une sorte de butin de guerre, soit (et c'est évidemment obligatoire pour espérer gagner) vous construisez des modules/générateurs dans vos bases. Très honnêtement, une fois 3 ou 4 modules installés, on peut clairement dire que vos ressources sont quasi-illimitées, ce n'est donc pas une barrière à votre stratégie globale et les développeurs comptent surtout sur votre habilité à commander des troupes pour remporter la victoire. Si en solo c'est plutôt chose aisée, ça l'est en revanche beaucoup moins en multijoueur.
"23 à 0 ! C'est la piquette Jack ! Tu sais pas jouer Jack... T'es mauvais !"
Au programme, deux camps : L'UNSC et les Banished. Que ça soit pour l'un ou l'autre, sans coopération, point de salut, il faut savoir communiquer avec son équipe pour espérer prendre le dessus sur l'adversaire. Pour cela, on a par exemple la possibilité de traverser des portails de téléportation pour nous emmener à l'autre bout de la map prendre à l'ennemi à revers. Quelle rage de voir son antagoniste débouler de nul part avec des unités d'élites qui ravagent tout sur leur passage, sans qu'on ait le temps de réagir convenablement à l'agression... Et quelle joie quand on arrive à le faire ! en revanche on regrettera encore une fois le manque de micro-management. Pouvoir se mettre à couvert et en embuscade de l'infanterie aurait par exemple été une mécanique bienvenue. Heureusement, on a tout de même de bonnes surprises comme le choix du leader en début de partie, qui donne la possibilité d'avoir accès à tout un tas de pouvoirs différents allant de la frappe orbitale au déploiement de troupes supplémentaires, façon pod de Dawn of War.
Outre le mode Deathmatch/Team Deathmatch, qui consiste à de la conquête de territoire et de l'extermination, le jeu propose aussi le mode Blitz, qui ne permet pas de construire ses unités grâce à ses bases mais qui implique au contraire un système de deck de cartes à utiliser judicieusement. Pour faire simple, vous choisissez votre deck d'unités en début de partie et vous devez les déployer au moment le plus opportun en jeu, sachant que le but est de dominer le plus longtemps possible 3 zones au centre de la map pour accumuler des points. C'est le mode de jeu le plus dynamique, et il offre une pression constante pendant 10 minutes.
Pour être certain de vaincre, il faut apprendre à connaitre les unités de son camp : infanterie Spartan, tank lourd, artillerie mobile... Il faut savoir faire le bon choix.
"Quand on remporte le tour à Sloubi, on a quatorze solutions possibles : soit on annule le tour ; soit on passe ; soit on change de sens [...] Ou : chante Sloubi. Nous, on va faire que chante Sloubi"
Dans le mode Blitz on a au choix 96 cartes possibles, et chacune d'elle coûte un nombre de ressource. Il est impératif de choisir astucieusement chacune d'elles selon la topographie du terrain et selon votre future stratégie. Comme dans beaucoup jeux de cartes, certaines sont dites rares et sont en fait des unités spéciales ou des héros permettant de changer le cours d'une bataille. Il y a en tout 4 niveaux de rareté : commune, rare, spéciale et légendaire, permettant de faire plaisir aux collectionneurs, sachant que le jeu propose (malheureusement) une boutique in-game pour vous en procurer. Fort heureusement, finir la campagne solo permet déjà d'en réunir pas mal. C'est ce mode de jeu qui est le mieux rythmé du titre, car à l'inverse d'un Age of Empire (pour citer un jeu culte), il faut facilement 15 minutes pour se préparer et avoir ce qu'il faut pour lancer une escarmouche sur l'adversaire. Inutile donc de trop compter sur des rush façon Warcraft III (pour citer un deuxième jeu culte). Ce qui raye définitivement une multitude de tactiques possibles en début de partie, qu'on a l'habitude de voir dans ce type de jeu.
D'un point de vue artistique, le jeu reste convaincant, même si l'on regrette une trop grosse monotonie dans les décors due à la présence d'une seule et unique planète. Mais on retrouve globalement tout ce que qu'on a pu voir de culte dans la saga Halo depuis une décennie en termes d'unités... et ça, forcément, ça va faire plaisir aux fans. Techniquement, c'est agréable pour la rétine sans être transcendant, et on est loin d'un Total War. Certaines textures, du sol notamment, souffrent d'un manque de définition certain, d'autant que le jeu n'est pas un exemple en termes d'optimisation et offre parfois un beau spectacle de chutes de framerate. Mais pas d'inquiétude : inutile d'avoir une machine de guerre (sur PC) pour apprécier à le jeu, on s'en sortira à merveille avec une GTX 960.
Et sur Xbox One ?
Sur la console de Microsoft, comme mentionné plus haut, le jeu est très jouable à la manette. Evidemment, un jeu de stratégie restera toujours plus intuitif au clavier, notamment en raison de certains raccourcis pour grouper ses unités qui nécessitent avec le pad d'avoir des doigts très extensibles (ou alors une main difforme), mais ça reste donc jouable. Pour le reste, ça fait extrêmement plaisir de voir enfin un jeu de stratégie sur console, avec une qualité qu'il est important de souligner. En fait, à part la différence pad/clavier, le jeu est strictement identique en termes graphiques ou techniques, souffrant des mêmes défauts (baisse de framerate dans les grosses bastons) et des mêmes qualités (un multijoueur très agréable et une prise en main facile). L'occasion parfaite pour découvrir le genre RTS si vous n'avez qu'une console !