Après avoir terminé son Batman il y a peu, Telltale embraye avec un nouveau jeu d'aventure narratif épisodique. Et pas des moindres puisqu'il s'agit de la troisième saison de son The Walking Dead, qui a fait entrer le studio californien dans la cour des grands. Les fans attendaient avec impatience un retour vidéoludique dans le monde imaginé par Robert Kirkman et sont maintenant servis. Mais vers quel genre de circuit nous emmène cette "nouvelle frontière" ?
Clementine. On a adoré protéger ce petit bout de chou innocent dans la première saison. L'incarner et la voir devenir une survivante d'exception a été éprouvant dans la deuxième. Que nous réserve-t-elle dans la troisième ? Aucune idée lorsque débute cette nouvelle série de 5 épisodes : Telltale a décidé de nous faire incarner un personnage inédit. Il s'appelle Javier Garcia. Et pour nous présenter ce latino-américain d'une vingtaine d'années, au design somme toute générique, les développeurs opèrent un retour en arrière, au moment où les morts ont commencé à se réveiller et les zombies à envahir les rues. Le héros va, évidemment, prendre tout ça en pleine poire alors que le patriarche des Garcia vient de rendre l'âme. La séquence d'intro, qui démarre sur une prise de bec musclée entre Javi et son frère aîné David, s'emballe vite. Des quelques sermons et pleurs, on passe à la panique, l'incompréhension et, déjà, des choix importants. Moins statique en termes de mise en scène que ce à quoi nous ont habitués les californiens, elle assure les présentations comme il se doit, implique immédiatement le joueur en lui intimant de faire le nécessaire pour ses proches. Et ça marche.
Le Javi de la crèche
Quatre ans après cette tragédie, on retrouve Javi. L'ex-joueur de baseball a survécu avec quelques membres de son clan - Kate, sa belle-soeur, et les enfants de son frangin, Gabe et Mariana, qui ont bien grandi depuis que l'Apocalypse s'est déclarée. On sent qu'il a pris les choses en mains, et conscience qu'il ne devait en aucun cas décevoir ceux qui sont encore vivants à ses côtés, avec qui les liens se sont resserrés fermement. Peut-être même plus que de raison... Une sorte de routine a l'air de s'être installée, brisée par un pillage qui va mal tourner et voir le groupe éclater. Un peu d'action (des QTE pas trop complexes), quelques décisions - à travers l'habituel système de dialogues de Telltale - qui dessineront le Javi que vous souhaitez être et vous en arriverez à croiser Clementine... comme si elle vous était étrangère. Cela alors que, quelques instants auparavant, vous étiez en train de charger votre sauvegarde de la saison 2 ou de répondre à des questions pour la simuler. Perturbant. Mais pas mal vu. Car du coup, cela amène à se demander si on doit lui faire confiance. Et instille le doute dans l'esprit du joueur qui croyait la connaître. Par le biais d'un court flashback jouable, on sera amené à décider ce qui a pu lui arriver. Ce qui pourrait bien avoir de sacrées répercussions sur le présent et l'avenir, dans lequel elle vous accompagne.
Aimons-nous vivants
Rien que ce voile d'ombre sur Clem et le fait que l'on doive presque la redécouvrir, en passant par des lieux où elle a laissé une petite trace, amène un peu de sang frais à une recette composée d'une écriture, d'une ambiance, d'un voice acting qui ne traînent pas la patte mais qui garde le goût salé des problèmes habituels made in Telltale. Bien que plus agréable et affûté visuellement que ne l'étaient les deux précédentes saisons, avec notamment des effets de lumières fort réussis, ce comics vidéoludique traîne encore des freezes et autres bugs d'affichage derrière lui. Les sous-titres français ont beau être là Day One, ils sont, lorsqu'ils existent, souvent à côté de la plaque, très amateurs. Ce qui n'empêche pas d'arriver au terme de ce chapitre rempli de rebondissements, parfois choquants, avec le désir de vouloir sauver chaque personne que Javi côtoie et connaître ce que le sort réserve aux Garcia. Rapidement.