En seulement deux jeux, la série des Just Cause a réussi à se faire un nom et à se créer une base de fans fidèles. Just Cause 2 étant sorti il y a cinq ans, ces derniers attendaient le retour de Rico avec une certaine impatience. Just Cause 3 montre qu'Avalanche n'a clairement pas pris l'arrivée de la licence sur consoles New-Gen à la légère. Le jeu aurait cependant bénéficié de passer un peu plus de temps dans les bureaux du studio suédois.
[Mise à jour, 23 février 2016] Deux mois et demi après la sortie de Just Cause 3, et après la mise en ligne faite par Avalanche de deux patchs, nous sommes retournés dans le monde de Medici pour vérifier si les modifications apportées sont suffisantes pour altérer les impressions laissées par le jeu lors de sa sortie. Le dernier patch en date, le patch 1.02 était censé raccourcir les temps de chargement et améliorer les performances du jeu. Pour ce qui est des temps de chargement, ils sont effectivement plus courts lors d'un respawn. Mais ils restent cependant relativement longs. Là où un respawn prenait fréquemment plus d'une minute, il faut désormais attendre entre 35 et 45 secondes pour que Rico revienne à la vie. Pour ce qui est du temps de chargement au démarrage du jeu, il faut toujours patienter pendant plus d'1min30 avant de pouvoir commencer à jouer.
En ce qui concerne les baisses de framerate, elles sont encore nombreuses. Qu'il s'agisse de déplacements à bord d'un véhicule ou à l'aide du grapin, ou encore de scènes d'action chaotiques, le jeu continue de tomber largement sous les 30 images par seconde. Les autres problèmes du jeu, comme la faiblesse de l'intelligence artificielle, n'ont quant à eux pas bénéficié de correctifs.
L'impression d'ensemble laissée par Just Cause 3 lors de sa sortie n'a donc pas été modifiée par la mise en ligne des patchs. Les personnes qui comptent se procurer Just Cause 3 en ce début d'année 2016 s'exposent aux mêmes problèmes que ceux qui se le sont procurés lors de sa sortie. Nous ne changeons donc pas notre note.
Le test initial a été publié le 2 décembre 2015.
Just Cause 3 raconte l'histoire du retour à son pays d'origine de Rico Rodriguez, le héros historique de la saga Just Cause. Malheureusement pour lui, et heureusement pour les joueurs, ce pays méditerranéen fictif appelé Medici est sous le joug du Général Di Ravello, un dictateur sanguinaire comme en raffolent les auteurs de fiction et les réalisateurs de films d'action. Aidé par ses amis, les soldats rebelles, et surtout son équipement, Rico va petit à petit reprendre le contrôle de sa patrie. Comme ce synopsis l'indique, le scénario de Just Cause 3 n'est clairement pas son point fort (et l'humour des dialogues paraît forcé et ne fonctionne pas vraiment). Ce dernier n'est qu'un prétexte donné au joueur pour enchaîner les opérations de sauvetage et/ou de destruction.
Monde ouvert mais progression conditionnée
Et ces opérations, le joueur en mange qu'il le veuille ou non. En effet, Just Cause 3 ne permet pas d'enchaîner les missions principales de la campagne au rythme souhaité par l'utilisateur. Il lui demande de libérer un nombre donné de régions avant de pouvoir poursuivre l'aventure. Et pour libérer une région, il faut libérer tous les villages et détruire toutes les bases ennemies qui s'y trouvent. Cela a pour effet d'augmenter considérablement la durée de vie du jeu. Mais comme dans un Kiss Cool, il y a toujours deux effets, et ce système a également pour conséquence de créer une certaine lassitude chez le joueur. Aussi fun soient-elles, les opérations de libération d'un village ou de destruction d'une base militaire se suivent et finissent par se ressembler. Et ce malgré la différence d'envergure d'une mission à l'autre. Autre élément gênant : le fait que toutes les zones à libérer/détruire ne soient pas indiquées sur la carte (dont l'absence sur le hub est regrettable soit dit en passant). Le joueur doit obligatoirement explorer le moindre recoin de la map pour trouver où agir et donc pour progresser, ce qui est plutôt contradictoire avec le désir des développeurs de laisser les joueurs faire ce qu'ils veulent.
De plus, cette exploration demande du temps. En effet, Medici est un grand pays dont les environnements méditerranéens et montagnards invitent à la découverte. Malgré les scènes de combat intenses qui s'y déroulent, le pays fictif imaginé par Avalanche Studios est dépaysant et agréable à l'oeil avec ses champs multicolores, ses montagnes et ses villages de bord de mer. Les environnements sont par ailleurs mis en avant à l'aide de la grande profondeur de champ qu'affiche le jeu. Pour traverser ce vaste monde, de nombreux véhicules sont mis à disposition du joueur : voitures, motos, scooters, tracteurs (oui, vous avez bien lu), avions, hélicoptères, etc. Mais le joueur découvre rapidement que le meilleur moyen de transport reste l'équipement de Rico. À l'aide de son grappin, de son parachute et de sa "wingsuit", tous trois utilisables à loisir, le joueur peut parcourir des zones étendues relativement rapidement.
Détruisez comme vous voulez
Cet équipement sert également d'outil de destruction. Et lorsqu'il est maîtrisé par le joueur, ce qui demande de la patience et de la pratique, il ouvre des possibilités de création de chaos rarement vues dans un jeu vidéo jusqu'à présent. Dans Just Cause 3, de nombreux éléments du décor sont destructibles. Et souvent, leur destruction rime avec explosions spectaculaires. Il ne paraît pas exagéré de dire que le titre de Square Enix montre des explosions parmi les plus belles et impressionnantes jamais vues dans un jeu vidéo. Et détruire une base ennemi avec style et panache, ça défoule, et c'est gratifiant. D'une certaine manière, Just Cause 3 est une sorte de Minecraft de la destruction. Avalanche donne aux joueurs de nombreux outils permettant d'être créatifs en matière de chaos. D'ailleurs, les développeurs n'ont jamais caché que le jeu a été conçu avec la génération YouTube en tête. Ils souhaitent voir des vidéos montrant ce que les joueurs arrivent à faire avec leur titre.
Vous souhaitez attacher un soldat ennemi à un hélicoptère puis envoyer ce dernier sur une parabole géante ? C'est possible. Vous souhaitez surfer sur une voiture en route puis détruire une statue à l'aide d'un bazooka ? C'est possible aussi. Et là ne sont que deux exemples. Avec un peu d'imagination, et de talent, il est possible de mettre en scène des réactions en chaîne dont les "Action Heroes" des années 80 seraient fiers. Histoire de donner davantage de possibilités au joueur, Just Cause 3 permet d'améliorer l'équipement et les véhicules utilisés par Rico. Pour ce faire, il est nécessaire de récupérer des engrenages qui servent de points à dépenser pour débloquer des améliorations pour les véhicules (il est tout à fait concevable d'ajouter de la nitro à un simple tracteur), pour le grappin (afin d'augmenter la vitesse de déplacement du héros), etc. Ces engrenages peuvent être gagnés en réalisant les meilleures performances possible dans les nombreux défis (course, pilotage d'avion, wingsuit, etc.) présents sur la carte. Plus la performance est bonne, plus le nombre d'engrenages obtenus est élevé. Et il va falloir s'accrocher pour tout débloquer, le challenge étant corsé dans certains défis. Au fond, seuls les joueurs qui n'ont pour unique but que de trouver de nouvelles manières de tout détruire et de pousser le gameplay du jeu dans ses derniers retranchements tireront pleinement parti des possibilités offertes par Just Cause 3. Ceux qui ont besoin d'une raison de semer la zizanie feront plus rapidement le tour de la question.
Commercialisation précipitée
Les impressions laissées par les choix fait par Avalanche en termes de narration étant purement subjectives, il est temps de passer aux choses qui fâchent vraiment. Autrement dit les multiples problèmes techniques dont souffre cette version console de Just Cause 3. Le premier, et celui qui a le plus agacé votre serviteur, se situe au niveau des temps de chargement. Qu'il s'agisse du démarrage du jeu ou du respawn après un décès en cours de mission, les temps de chargement peuvent prendre plusieurs longues minutes. Et lorsque vous peinez à passer une mission et que vous devez patienter deux bonnes minutes avant de pouvoir retenter votre chance, il y a de quoi voir rouge.
Autre problème gênant, les chutes de framerate. Les développeurs ont pris la décision de faire tourner leur jeu en 30 images par seconde. Et heureusement qu'ils n'ont pas cherché à proposer du 60 images par seconde. En effet, le jeu tombe fréquemment sous les 30 images par seconde, et dans certains cas se rapproche même des 20 images par seconde. Lors des scènes d'action les plus soutenues, ces ralentissements peuvent durer pendant de longues secondes. Se retrouver face à une situation de ce genre en 2015 sur PS4 est plutôt étrange.
Toujours à propos des soucis dont souffre Just Cause 3, il convient d'évoquer l'intelligence artificielle. Ou plutôt sa relative absence. Il n'est pas rare de voir des ennemis tourner en rond, tirer dans un mur ou se jeter dans le vide. Et là ne sont que quelques exemples de comportements étranges. De plus, cette attitude curieuse est aussi présente chez les alliés et les villageois. Associez à ça des bugs d'affichage (PNJ de musiciens qui jouent à l'aide d'instruments invisibles par exemple) et de collision pour un rendu qui est parfois indigne de la licence et de l'ambition du studio. Pour ce qui est des problèmes techniques notables mais moins handicapants se trouvent l'aliasing et le clipping. Ce dernier n'est pas réellement surprenant, Just Cause 3 se déroulant dans un monde ouvert de taille conséquente.
Et il est important de noter que ces problèmes sont survenus après l'installation du patch prévu pour le lancement de Just Cause 3. En l'état, la réalisation du jeu laisse comme un arrière goût d'inachevé. Mais il ne faut pas se méprendre. Il est évident que les développeurs d'Avalanche se sont donnés du mal. Le titre aurait certainement dû bénéficier de quelques mois de développement supplémentaire afin que l'équipe du studio suédois passe un bon coup de polish sur le jeu (cela dit, ces finitions n'auraient certainement rien changé à la structure narrative du jeu). De toute évidence, Square Enix n'était pas prêt à rater les fêtes de Noël afin de donner plus de temps aux développeurs. Le jeu tel qu'il est disponible actuellement peut potentiellement faire une mauvaise impression auprès de certains joueurs, et cela pourrait causer du tort à la série. Il faut désormais espérer que de futurs patchs parviendront à corriger ces problèmes.