Présenté lors du dernier E3, Need For Speed a tapé dans l'oeil de nombre de joueurs, tant il affichait de somptueux graphismes à la limite du photo-réalisme... mais qu'offre-t-il de plus dans le fond ? Ça ressemble à une question qui fâche.
Le premier contact avec Need For Speed est donc des plus agréables, car il flatte nos sens dans une belle démonstration visuelle et sonore. Le jeu nous propose ainsi un monde ouvert uniquement de nuit et presque constamment sous la pluie, ce qui lui permet d'afficher des graphismes vraiment splendides de réalisme.
Les véhicules sont finement modélisés, tout comme les bâtiments et autres éléments, mais surtout de nombreux effets spéciaux (réflexions sur les flaques, gouttes d'eau sur les voitures et la caméra, effets lumineux en tous genres...) viennent embellir le tout de façon implacable... Sérieusement, inutile de tergiverser : c'est une grosse claque.
Guitar Hero Live - Racing Edition
L'autre trait particulier de Need For Speed, c'est qu'il déroule cette fois son "scénario" (attention spoilers : vous allez devoir tenter de devenir le pilote de rue le plus respecté de la ville) avec des séquences cinématiques en images réelles, jouées par de acteurs qui vous parlent et vous tapent dans la main en vue subjective.
Votre bagnole apparaît d'ailleurs de temps en temps dans ces scènes, en incrustation 3D, ce qui est assez bien foutu. Bref, tout cela quelques semaines après Guitar Hero Live, on se dit qu'une mode est en train de (re)naître... Le truc, c'est que ce genre de cinématiques peut être plus ou moins kitch, et que là, avec des dialogues bien bas du front, elles le sont plutôt plus que mois ! Mais bon, passons, c'est un peu le genre qui veut ça aussi...
Challenges en pagaille
Vous êtes donc le petit nouveau en ville, et un "crew" assez sympa vous accueille à bras ouverts, voyant en vous une graine de champion. Chacun des cinq membres de cette fine équipe a une spécialité (drift, courses de crew, vitesse, mécanique et hors-la-loi) et vous passera régulièrement un coup de fil pour vous inviter à participer à une course. Les invitations apparaissent alors sur la map sous forme de points d'exclamation (une couleur différente pour chaque membre du crew / chaque style de conduite) et à vous de décider lesquels enchaîner. Dans l'ordre que vous voulez. Vous pouvez ainsi suivre la voie de la vitesse avec un personnage, celle du drift avec un autre, ou même faire un peu de tout progressivement, pour varier les plaisirs. Il faudra d'ailleurs souvent passer au garage pour faire passer votre caisse en mode drift ou en mode grip (via une réglette automatique ou des réglages individuels), car son comportement peut vraiment changer la conduite et vos scores.
En plus de toutes ces "missions scénaristiques", de nombreuses autres épreuves constellent peu à peu la map, chacune d'entre elles affichant un classement (le "speedwall") qui permet de comparer ses scores à ceux de ses amis. Et lorsqu'un pote battra l'un de vos temps, une petite icône de recommandation de course viendra bien sûr vous indiquer sur quelle épreuve vous avez perdu le lead, ce qui vous permettra de laver votre honneur. Une émulation sociale désormais classique, mais toujours bienvenue.
Connexion permanente et multi sans cloison
Need For Speed ne sépare à aucun moment le mode solo du mode multi. Concrètement, vous serez connecté en permanence (quitte à vous faire bondir, sachez qu'il est impossible de lancer le jeu sans connexion Internet) et d'autres joueurs navigueront en même temps que vous dans ce monde ouvert. Vous les croiserez et pourrez les inviter, au même titre que les amis de votre liste, à rejoindre votre "crew". C'est ainsi que vous pourrez lancer des épreuves soit en mode solo, chacun dans son coin, soit en groupe, pour faire la même épreuve en mode multi. Vos potes recevront alors une invitation valable 30 secondes qu'ils seront libres d'accepter ou non. C'est donc "seamless", comme disent les anglophones, et vous aurez toujours quelqu'un sous la main à inviter/défier.
Monde ouvert recherche fun désespérément
Mais pour rentrer enfin dans le vif du sujet, ces parties à plusieurs sauvent difficilement un jeu de course en monde ouvert qui manque cruellement de fun. D'une part, on s'ennuie ferme entre deux épreuves tant cette notion de monde ouvert est sous-exploitée. Si vous espérez vous éclater sur le chemin entre deux épreuves, comme cela pouvait être le cas dans les précédents NFS, notamment l'excellent Most Wanted qui proposait mille et un gap à franchir et autres sauts en longueur, alors vous allez être déçus. Les seules "activités" proposées ici : trouver 12 caisses contenant des pièces mécaniques, trouver des spots à prendre en photo, poser des donuts (dérapages à 360° sur place) à certains endroits et... c'est tout ! On lutte pour trouver les rares tremplins et sauts sympas, qui ne sont même pas utilisés comme des prétextes à record.
Mais que fait la police ?
Très bonne question : elle ne fait pas grand chose. Oui, des voitures de police patrouillent ici et là, mais non seulement elle ne sont vraiment pas nombreuses dans les rues, mais en plus vous les sèmerez sans lutter en quelques secondes à peine. Quant on sait à quel point cet élément emblématique des NFS a su être kiffant par le passé, on comprend à peine ce qu'on fait les développeurs sur ce coup... Un mystère. Hot Poursuit, réveille-toi !
Ajoutez à cela un trafic quasi inexistant, et vous comprendrez qu'au bout d'un moment, on finit par avoir la flemme de rallier deux épreuves en conduisant, tant et si bien qu'on se met à utiliser le téléporteur à gogo, et à ne quasiment plus profiter des rues en mode libre... Un comble pour un jeu en monde ouvert. Et ce ne sont pas ces maudits points photos/donuts/pièces mécaniques à trouver qui vous donneront envie de faire autrement.
Une belle déception
Si les dingues de tuning retiendront certainement quelques éléments plus positifs comme les belles possibilités de customisation et de réglages des voitures (mais s'interrogeront tout de même sur l'impossibilité de conduire en boîte manuelle !), personnellement j'ai traversé le jeu en m'ennuyant pas mal... Il faut dire que le niveau de difficulté est ridiculement bas durant de nombreuses heures de jeu, avant de grimper d'un coup sans qu'on ne s'explique vraiment pourquoi. Un point énervant qui fait presque figure de détail tant tous les éléments constitutifs d'une expérience moderne de NFS sont un peu à côté de la plaque.
Si l'expérience ici n'est pas totalement catastrophique - la jouabilité arcade et nerveuse étant plutôt agréable, le jeu magnifique et les épreuves nombreuses et jouables en seul ou en multi (avec ces fameux classements qui vous donnent envie de péter les records des copains) - on ne peut s'empêcher de penser que sous cette réalisation impressionnante se cache l'un des épisodes les moins entraînants de la série.