Passer après les Skylanders et le rouleau compresseur Disney pour proposer un titre mélangeant jouets et jeu vidéo, il fallait oser. Grâce à la force de la marque LEGO, dont il produit les jeux depuis des années, et la puissance de ses licences partenaires, Warner Bros. pouvait se permettre de tenter une insertion sur ce segment du marché. Et pour ne pas parler uniquement aux enfants, l'éditeur a fait le choix d'utiliser des licences qui parlent également aux adultes. Grand bien lui en a pris.
LEGO Dimensions, en plus d'être la nouvelle création de TT Games, c'est avant tout la rencontre hautement improbable de licences et personnages que rien n'aurait dû réunir. Dans le scénario du jeu, la rencontre de tous ces univers est le fait du maléfique Lord Vortech. Ce dernier veut en effet réunir les différents mondes du multivers LEGO et régner dessus d'une main de fer. Pour y parvenir, il doit récupérer une pièce maîtresse dans chacun de ces mondes. Et lorsque son intervention dans les univers DC Comics, Le Seigneur des Anneaux et La Grande Aventure LEGO provoque la disparition de Robin, Frodo, et Barbe d'Acier, il revient à Batman (version jeux LEGO), Gandalf, et Cool Tag de partir à l'aventure pour tenter de retrouver leurs amis et rétablir l'ordre des choses.
Si les bases de l'histoire sont clairement simples, comme souvent dans les crossovers les plus fous, le script du jeu a bénéficié d'un soin tout particulier. Les personnes qui ont apprécié le film La Grande Aventure LEGO pourront savourer la campagne de LEGO Dimensions comme un très long film. Les dialogues sont drôles et débordent de clins d'oeil et de références croisées (en plus de renvoyer à des points précis des différentes licences représentées dans le jeu, LEGO Dimensions se paye également le luxe de faire référence aux précédents jeux LEGO). De plus, les réactions des différents héros changent en fonction des personnages avec lesquels ils font équipe (il arrive par exemple à Homer Simpson de s'esclaffer en présence de Batman).
Fan des années 80
Autant être honnête, il est difficile de jouer à LEGO Dimensions sans avoir le sourire figé sur le visage lorsqu'on est un enfant des années 80. Il arrive que les crossovers paraissent forcés, réalisés dans un seul but mercantile. Ici, et même s'il est évident que le but de Warner Bros. est de gagner de l'argent, la rencontre des différents univers (Doctor Who, DC Comics, Retour vers le Futur, jeux rétro Midway, etc.) a été faite dans le plus grand respect des licences concernées. Et cela se ressent jusque dans la bande-son du jeu. Dans le niveau se déroulant dans l'univers des Ghostbusters par exemple, il aurait été aisé de se contenter de laisser tourner en boucle la célèbre chanson de Ray Parker Jr. Mais ce n'est pas ce qu'ont fait les réalisateurs du jeu. Plusieurs pistes tirées de la bande-originale du film peuvent être entendues à différents points du niveau. Et sur un fan, cela fait son petit effet.
Pour ce qui est du doublage, un travail de qualité a là aussi été effectué. Si les choses ne vont pas aussi loin dans la version françaises que dans la version originale, il est tout de même possible de noter la participation des comédiens de doublage officiels de Marty McFly, Doc Brown, ou encore Homer Simpson. Histoire de pinailler, il est possible de noter que le niveau Retour vers le Futur (de la campagne principale) ne joue pas assez avec la thématique du film et ne met pas assez en scène Marty McFly et Doc Brown. L'absence du générique des Simpson est elle aussi regrettable. Mais dans l'ensemble, LEGO Dimensions a de quoi ravir les nostalgiques et les fans des différentes licences utilisées.
Malgré leur succès et leurs qualités indéniables, certains "gros joueurs" n'apprécient pas les jeux LEGO en raison de leur gameplay relativement simpliste. Il est cependant fort probable que la présence de certaines licences dans LEGO Dimensions attire vers le jeu quelques uns de ces gros joueurs. À ces derniers il convient donc de préciser que LEGO Dimensions, interactions avec le portail mises à part, se joue exactement de la même manière que ses prédécesseurs. Il est donc question de combats simples, associés à des énigmes liées aux compétences des différents personnages ainsi qu'à des phases de conduite (ces dernières nécessitent par ailleurs un temps d'adaptation). S'il est plaisant à jouer pour ceux qui n'ont jamais eu de dent contre les jeux LEGO, LEGO Dimensions ne réconciliera certainement pas avec la série les gens réfractaires à son gameplay.
Un vrai jouet vidéo
Mais sans mauvais jeu de mots, LEGO Dimensions apporte réellement une nouvelle dimension à son gameplay de par l'utilisation qu'il fait de ses figurines et de son portail. Le portail fourni dans le kit de démarrage de LEGO Dimensions dispose de sept emplacements, décomposés en trois zones, sur lesquels il est possible de placer sept figurines/véhicules/objets (libre au joueur de mélanger personnages et objets comme bon lui semble, il peut par exemple placer six personnages et un véhicule s'il le souhaite). Et du placement des figurines dépend la résolution des nombreuses énigmes proposées dans le jeu. Pour ouvrir une porte, il peut par exemple être demandé au joueur de reproduire un schéma de couleurs sur le portail : les trois emplacements de gauche devront être rouges, celui du haut jaune, et les trois de droite verts. Pour y parvenir, l'utilisateur va dans le jeu devoir placer une figurine sur une source de couleur puis placer manuellement la vraie figurine sur la zone correspondante du portail. Et comme il n'y a pas de source verte dans le jeu, il sera nécessaire de faire des mélanges en plaçant une figurine jaune et une figurine recouverte de bleu sur la zone du portail correspondant à la couleur verte.
Bien évidemment, il ne s'agit là que d'un exemple de l'utilisation faite du portail et de ses énigmes. Dans certains cas, il peut être demandé de placer les figurines sur le portail de manière à faire grandir ou rapetisser les personnages afin d'activer des mécanismes inaccessibles en temps normal. Dans d'autres situations, placer une figurine sur une zone particulière du portail va conférer des pouvoirs spécifiques au personnage correspondant in-game. Le pouvoir de l'eau va par exemple permettre à un personnage d'éteindre des objets enflammés. Dans LEGO Dimensions, il n'est donc pas question de placer une figurine sur le portail et de la déplacer une fois ou deux au cours d'un niveau. Le joueur doit en permanence interagir avec les figurines pour progresser.
La meilleure illustration de cette utilisation sophistiquée des fonctionnalités du portail se trouve dans le niveau Portal 2. Dans ce dernier, le joueur doit résoudre une série de puzzles dont la résolution est liée aux différents types d'énigmes utilisant le portail. Et même si LEGO Dimensions est majoritairement destiné aux enfants, la résolution de ces énigmes ne paraît pas toujours évidente. Si l'on ajoute à ça le fait que les figurines (articulées comme n'importe quel LEGO) vendues avec le jeu et dans les différents packs peuvent être dissociées de leur socle pour être servir de jouets, alors on se retrouve face à un titre qui exploite pleinement le concept de "jouet vidéo."
Un investissement potentiellement considérable
Bien évidemment, dès qu'il est question de "jouets vidéo," la question des coûts générés par l'achat des packs de contenu additionnel physique semble incontournable. À l'instar de titres tirés des licences Skylanders ou Disney Infinity, LEGO Dimensions informe le joueur que certaines énigmes ne peuvent être résolues que par des personnages ou objets absents du pack de démarrage. Pour découvrir le moindre secret caché dans le jeu, il va donc falloir repasser à la caisse, alors qu'il suffisait de progresser dans l'aventure pour débloquer des personnages permettant de résoudre des énigmes inaccessible dans un premier temps dans les précédents jeux LEGO. Si cela n'est pas trop gênant quand l'achat est lié à une licence à laquelle le joueur tient, les complétionnistes pesteront certainement devant certaines énigmes qui nécessitent l'achat d'une figurine spécifique ou de personnages liés à une licence en particulier. Votre serviteur n'aura par exemple aucun problème avec le fait d'acheter le Pack Niveau Ghostbusters pour résoudre les énigmes liées au personnage de Peter Venkman. En revanche, il est regrettable de voir que certaines énigmes ne peuvent être résolues qu'à l'aide de la figurine UniKitty (tirée du film La Grande Aventure LEGO), et que d'autres demandent au joueur de posséder un pack LEGO Ninjago.
Si cette situation peut être frustrante, il est important et juste de préciser que LEGO Dimensions est un jeu généreux pour les personnes qui comptent se procurer uniquement le pack de démarrage (le Trophée Platine peut-être obtenu à l'aide du seul pack de démarrage). En plus de la campagne solo dans laquelle il est possible de découvrir les différentes licences présentes dans le jeu (Les Simpson, Retour vers le Futur, Ghostbusters, Scooby-Doo, etc.), les figurines Batman, Gandalf et Cool-Tag fournies avec le jeu permettent d'accéder aux mondes DC Comics, Le Seigneur des Anneaux, et La Grande Aventure LEGO respectivement. Ces mondes ouverts permettent d'accéder à divers mini-jeux et énigmes qui rallongent considérablement la durée de vie du jeu. Et pour ceux qui choisiront de faire des achats supplémentaires, chaque figurine donne accès au monde ouvert de sa licence. La figurine de Bart Simpson par exemple donne accès au monde des Simpson, tandis que la figurine d'Owen Grady donne accès au monde de Jurassic World. Au joueur de choisir ce qu'il veut acheter en fonction de ses affinités.