Il aura fallu attendre près de 18 ans avant de voir arriver un tout nouveau King's Quest sur nos écrans ! Bon sang, près de 20 piges, vous vous rendez compte ? Et encore, je compte le dernier volet, totalement nul à ch... soit dit en passant, et huitième de la lignée des jeux de Ken et Roberta Williams, baptisé King's Quest : Masque d'éternité. Le VRAI dernier King's Quest reste pour moi King's Quest VII : The Princeles Bride, mais ce n'est qu'un avis perso... Bref, ce nouveau volet en date, 21 ans après (ouch !) est-il vraiment de sang royal ?
C'est justement ce que nous allons voir, pas plus tard que tout de suite... Si le nouveau studio de développement du titre, The Odd Gentlemen, a été aidé par High Moon Studios (Deadpool...) pour les animations, le travail global sur tout le reste, et qui lui est imputable, est absolument remarquable. Et ce en de nombreux points. Si vous faites partie des "pionniers" qui ont pu jouer à toutes les versions de la saga King's Quest, au clavier et en anglais au tout début, avant de devenir "point and click", ce titre là, entièrement jouable à la manette sur consoles, ne devrait pas vous dépayser pour autant.
Une lignée de Roi
Oui, n'ayons pas peur des mots, ce King's Quest nouvelle génération, dont le premier volet intitulé La Voix du Chevalier, sera suivi de quatre autres chapitres, est une totale réussite. Bien sûr, il n'est pas exempt de quelques petits défauts, mais globalement, la production est de grande qualité. L'intrigue nous amène à écouter le Roi Graham, visiblement en fin de vie, qui conte ses aventures à sa petite fille Gwendolyn. Le tout est ponctué de commentaires, tantôt humoristiques, tantôt totalement absurdes voire cyniques avec cette petite touche d'émotion, qui lie ces deux personnages. Ce premier chapitre s'arrête fort évidemment sur la toute première quête de Graham, qui souhaite participer à un tournoi face à d'autres apprentis chevaliers, puisque le Roi Edward de Daventry, sans héritier et qui commence à se faire vieux, souhaite justement un Chevalier digne de ce nom à ses côtés, voire carrément le remplacer.
Une quête pas si absurde... quoique
Si le début de l'histoire vous mène directement dans l'antre d'un dragon (oups, désolé), il ne s'agit là en réalité que d'un flashback raconté par Graham à sa petite-fille... Il nous initie en tout cas à ce que sera le gameplay durant l'aventure. Une sorte de tuto ou de mise en bouche, plaçant ainsi complètement l'intrigue. A ce propos, sachez que si les sauts de votre personnage se font automatiquement, vous devrez fort heureusement "gérer" tout le reste. Avec notamment des phases à la Uncharted pour la grimpette, et quelques morceaux de QTE qui ponctuent ici et là certaines scènes d'action. Quoiqu'il en soit, nous sommes tout de suite dans le vif du sujet. Le début est en effet très rythmé. Le "vieux" Graham racontant anecdote sur anecdote, et vous en jeune postulant Chevalier, tentant de combattre un Dragon... borgne... Pourquoi ? Comment ? Je vous laisse le découvrir...
Des puzzles comme on aime
Pour celles et ceux qui ont connu la grande époque de la saga, et là je m'adresse (forcément ?) aux plus anciens d'entre vous, il est difficile de ne pas succomber au charme de ce renouveau de la série. Tant au niveau graphique, dans un style dessin animé / cell shading du plus bel effet, et sans que rien ne paraisse balourd ou de mauvais goût, que d'un point de vue... des puzzles. En effet, la série a toujours eu pour habitude, et c'est l'une des choses qui ont fait sa "force", de proposer des énigmes parfois bien retorses. Si tout reste est très logique (oh, wait...), il faudra évidemment parfois tenter de nombreuses choses en désespoir de cause. Mais évidemment rien d'irrémédiable. Tout cela est ponctué par des dialogues, en grand nombre et fort bien doublés (dommage pour la V.O. avec Zelda Williams et Christopher Lloyd, mais la VF est de qualité...) seront parfois la clé de résolution des énigmes.
Inventaire à la Prévert
Si le personnage principal, en l'occurrence Graham, doit souvent faire face à des choix moraux concernant telle ou telle situation dans laquelle il se retrouve, tous les personnages rencontrés dans le jeu seront plus ou moins "fouillés" par le déroulement de l'histoire. Une mécanique narrative qui nous permet ainsi de savoir qui a besoin de quoi et à quel moment. Si certains cachent des choses inavouables, il vous faudra le découvrir pour aller de l'avant et débloquer une situation qui semblait inextricable de prime abord. Car, comme à l'époque, vous disposez d'un inventaire d'objets parfois bien étranges, qui vous servira à faire du "troc" avec ces autres héros du jeu. Une fois encore, il faudra faire appel à votre logique et éviter, comme moi, de chercher parfois midi à quatorze heures...
Gameplay éclectique
Si ce King's Quest : La Voix du Chevalier demeure un jeu d'aventure en point and click, il a tout de même évolué avec son temps. Ainsi, de nombreux passages d'action (plateforme 2D, course à pied et autres) sont venus renforcer un titre déjà fort riche. De sorte qu'il sera impossible ici de reprocher au jeu d'être trop linéaire ou de tourner en rond. Les décors, même s'ils sont parfois un peu criards, collent parfaitement à l'ambiance générale de la série, et ont ce qu'il faut de dépaysant, voire d'inquiétants par moment, notamment dans les forêts infestées de loups. Si vous n'avez pas (trop) le sens de l'orientation, vous risquez même de vous "perdre". Il faut dire que certaines résolutions d'énigmes nécessiteront de faire pas mal d'allers-retours. Et comme il y a rarement des raccourcis, il faudra se rappeler de chaque lieu. Un peu comme à l'époque en somme...
Vivement la suite !
Difficile de dévoiler ici l'intrigue du jeu, car passablement riche... et sachant que ce n'est encore qu'un début. Les dialogues, comme dit plus haut, sont souvent excellents et ajoutent de la finesse à l'ensemble, tandis que les mini-jeux sont fort bien trouvés et la narration véritablement bien amenée. On sent que les développeurs ont saisi tout le sel de la série, évitant ainsi de la dénaturer et de rendre les fans de la première heure totalement aigris. En ce sens, je ne le suis guère. Je suis même très agréablement surpris par ce que The Odd Gentlemen a réussi à faire. Visiblement, Roberta Williams a su parfaitement aiguiller le studio, et c'est une très bonne chose que ce dernier ne soit pas parti dans une direction opposée.
Rappelons que ce premier épisode sera à vous contre la somme de 9,99 €, sachant que la saison complète s'achète à 39,99 € (avec plusieurs thèmes sur PS4 et un épilogue bonus). Le Season Pass est également disponible pour les épisodes 2 à 5 si vous décidez de craquer plus tard. Ce qui serait logique. Bref, c'est au choix.
Au final, une très belle surprise que ce premier volet des nouvelles aventures de King's Quest, que je vous invite évidemment à vivre sans aucune retenue. Il s'adresse aussi bien aux amoureux de la saga qu'aux néophytes à la recherche d'un excellent jeu d'aventure cet été, à la fraîche. Encore une fois, vivement la suite !