Encore aujourd'hui, il manque un jeu capable de faire vendre des Xbox One sur son seul nom. Si le problème devrait être réglé avec le prochain Halo, Sunset Overdrive a pu être perçu, en attendant, comme un probable "system seller". Reste donc à savoir si ce titre développé par Insomniac Games (Ratchet & Clank, Spyro, Resistance), est aussi cool que prévu... Oui, parce que le maitre mot ici, c'est "putain de cool" !
Lorsque j'ai vu les premières vidéos sur Sunset Overdrive, j'ai cru voir un mélange entre Dead Rising 3, Jet Set Radio, inFamous : Second Son et Rachet & Clank... Eh bien je peux désormais vous le confirmer, maintenant que j'ai fini le jeu : je ne m'étais pas trompé, c'est exactement ça ! Mais la question reste la suivante : ce grand mélange a-t-il donné naissance à un jeu qui pète, ou à un titre totalement pété !?
Cool Spot
Avec son monde ouvert de très grande taille, son style comics de seconde zone et sa direction artistique flashy, Sunset Overdrive séduit dès les premières minutes de jeu. Graphismes next-gen satisfaisants et colorés, animations sans faille, explosions spectaculaires et par dizaines dans une ville tortueuse, Sunset City, qui s'étend à perte de vue (malgré un léger popping), héros à customiser pour lui donner un look déjanté... Sunset Overdrive a tout du jeu qui s'annonce vraiment cool. Ajoutez à cela un humour bien gras et second degré, une ambiance série B légère, maltraitant tous les clichés geeks au plus haut point, des dialogues extrêmement crus qui n'ont pas peur des gros mots (c'est peut-être même trop parfois, mais c'est un style...), des centaines de créatures étranges à dégommer, et vous pouvez d'ores et déjà conclure : Sunset Overdrive plaira à coup sûr à l'adolescent pré-pubère qui n'a jamais quitté votre coeur. Mais le clou du spectacle... c'est vous !
Le héros, c'est vous
Dès le début du jeu, on vous propose de créer votre champion de toutes pièces. C'est d'ailleurs lui qui va sauver toute la ville de Sunset, désormais en proie aux monstres overdosés les plus fous. Overdosés parce que la société Fizzco vient de lâcher une boisson super cool en ville, l'Overcharge. Seul point noir : elle transforme ceux qui la consomment en monstres mutants. A vous alors de créer votre héros, via pas mal d'options (pas des masses non plus), afin de lutter contre cette racaille. Mais le plus cool dans tout ça, c'est que notre héros est capable de "grinder" (glisser) sur la plupart des éléments de la ville. Un peu à la manière d'un pratiquant de roller, il grinde donc, glisse, rebondit à des hauteurs vertigineuses, marche à l'horizontale le long des murs, dérape sur l'eau, etc., tout en explosant la tronche des mutés dans un déluge pyrotehcnique du plus bel effet. Pour résumer, le joueur incarne un véritable super héros de la glisse, aussi cool qu'un surfeur et qu'un skater réunis, le tout avec un côté petit singe de cirque capable de grimper ou de rebondir n'importe où. Un vrai rêve d'ado, en somme.
Et c'est fun à jouer ?
Avouez que la formule a de quoi séduire, d'autant que la jouabilité tient à peu près la route. Facile à prendre en main malgré quelques légers bugs de collisions (surtout à mi-hauteur, entre les immeubles), c'est un véritable régal de massacrer du mutant en grindant sur les fils électriques de la ville. D'ailleurs, notez qu'il est vivement recommandé de ne jamais mettre les pieds au sol sous peine devenir une proie facile et de risquer de casser votre série d'enchaînements super cools. Notons tout de même que si, avec la pratique, tout fonctionne correctement, la caméra fait parfois des siennes, ce qui peut gêner durant certaines phases d'action. Mais le vrai souci du titre vient finalement de son manque de lisibilité que l'on doit à la direction artistique extrêmement flashy, voire même trop criarde à mon goût. Là encore, il faudra être patient pour s'y habituer. Mais après quelques heures de jeu, ça passe.
Explosif et profond ?
Les développeurs ont implémenté tellement de systèmes dans Sunset Overdrive que tous les décrire prendrait un temps fou. Pour faire simple, vous pouvez booster toutes les armes et capacités de votre personnages via un système de "Rushs" et "Overdrives". Il s'agit de jetons octroyant des pouvoirs bonus supplémentaires. Pour les différents types de Rushs (débloqué via un personnage particulier), l'un permet à certaines armes d'électrocuter ses ennemis pour les immobiliser en plus des dégâts de base, l'autre de faire pleuvoir des boules de feu sur vos adversaires au corps à corps, un autre va les congeler, etc. De même, on utilisera des Overdrives (à débloquer en jouant avec skill) pour augmenter les munitions de certaines armes, ou encore pour remplir plus rapidement sa jauge de style. Car comme je vous le disais plus haut, le but est de grinder, sauter, marcher sur les murs, etc., pour faire des combos tout en cassant du mutant, ceci afin de profiter de certains Rushs et Overdrives une fois que la jauge de style atteint un niveau donné. Ainsi, plus vous jouez avec talent, plus le gameplay s'étoffe ! Et il s'agit d'un gameplay que vous avez customisé vous-même avec les Rushs. Une excellente idée, qui s'ajoute au rythme déjà effréné des joutes avec des monstres différents de plus ou moins grande taille, chacun plus ou moins sensible à certaines combinaisons d'armes et de Rushs. Bref, vous l'aurez compris : Sunset Overdrive, c'est l'orgie visuelle avec des explosions par dizaines, un rythme de jeu effréné avec les grinds et un arsenal de dingue (fusil lanceur de nounours faisant office de bombes, lance-feux d'artifices, lanceur de boomerangs électrocutants, lance-mines gluantes, fusil cracheur d'électricité et j'en passe...), dans laquelle le but est de tout détruire en foutant un maximum de bordel à l'écran. Et c'est fun, même si forcément ça ne plaira pas à tout le monde...
Un jeu de skill pour les complétistes
Inutile de tergiverser, Sunset Overdrive est un jeu grand public, facile d'accès, qui joue la surenchère tant sur le plan graphique que sur celui du gameplay. Mais sachez que même si tout est facile à prendre en mains, il faudra tout de même pas mal de skill pour réaliser certains enchaînements de mouvements, même s'ils ne sont pas indispensables à maîtriser, tant l'aventure principale ne propose pas de réelle difficulté. D'ailleurs, outre les missions principales, plusieurs quêtes annexes (dont certaines réellement ardues cette fois) sont disponibles, des dizaines de challenges sont à découvrir à travers la ville et des centaines de trucs sont à ramasser pour débloquer des tonnes d'autres trucs (fringues, rushs, armes, etc.). Et comme si cela ne suffisait pas, vous pouvez refaire toutes les missions et quêtes du jeu quand vous le voulez, afin d'améliorer votre score. Autant être clair, c'est vachement cool à jouer, et les complétistes se feront un plaisir de tout trouver et de tenter de réaliser les meilleurs scores sur les classements en ligne des différentes épreuves en boucle.
Une overdose de variété ?
Seul souci dans ce déluge orgiaque : on fait toujours un peu la même chose. En effet on glisse, on grinde et on tue des infectés à répétition, jusqu'à l'écoeurement. C'est pourquoi les développeurs ont tenté de varier les plaisirs en nous proposant différents défis avec de la recherche, de l'escorte, de la course, etc., et même un petit jeu de stratégie récurrent. Notre héros va en effet se faire une bande de potes, des survivants aux capacités uniques, qui lui seront bien utiles. Ainsi, Bob vous fourni des armes plus dingues les unes que les autres, Callista étoffe votre garde-robe pour toujours avoir un look tendance, et Floyd crée de nouveaux Rushs en utilisant l'Overcharge récolté en jeu. Ces trois lascards établissent des bases fortifiées dans différentes parties de la ville, tout au long de l'aventure (comptez un peu plus d'une douzaine d'heures en ligne droite pour finir le scénario, et bien plus pour venir à bout de tous les défis annexes). A vous alors de placer stratégiquement vos pièges (ils sont assez variés) autour de la base pour endiguer le flot d'overdosés, accro à l'Overcharge. Un peu de stratégie donc, avant une phase d'action intense durant laquelle vous devez protéger votre base. Ce mini-jeu, entre arcade et stratégie avec les pièges, casse un peu le rythme, tout comme c'est le cas pour certains défis de plateformes. Vous l'aurez compris, il est évident qu'Insomniac Games a tenté de varier les activités, mais cela ne suffit pas vraiment, puisqu'on fait toujours la même chose au final : grinder et tirer.
Un chaos qui vaut le coup ?
On termine ce petit tour d'horizon avec le jeu en ligne : le Team Chaos. Accessible via des photomatons dans toute la ville (vous pouvez lancer une recherche de joueurs tout en jouant en solo pour patienter), il s'agit d'un mode coopératif avec sept autres participants, qui vous demande de remplir différents défis issus du solo. Evidemment, ces derniers sont aménagés pour être joués à plusieurs et demandent, pour certains, une certaine coopération. Mais pour la plupart, il s'agit de faire un maximum de combos en tuant des monstres tout en défendant des lieux et tout en remplissant des défis spécifiques (tuer 5 monstres de telle ou telle manière par exemple). Il s'agit parfois aussi de mettre à sac des bases d'humains agressifs. Rien de bien palpitant, même s'il est fun de parcourir la ville avec d'autres joueurs sans le moindre ralentissement. Et puis les bonus débloqués en multi, ainsi que l'argent récolté (servant à acheter des armes, des munitions et des fringues par exemple), sont ramenés dans votre partie solo. Un ajout sympa donc, mais qui n'a rien de vraiment révolutionnaire et dont le but est de semer le chaos en ville et entre potes plus qu'autre chose...
Je ne vais pas vous mentir, quelque chose me gène dans Sunset Overdrive. On a vraiment l'impression qu'il s'agit d'un jeu fourre-tout avec un gameplay emprunté à Jet Set Radio, des armes façon Ratchet & Clank, un super-héros aux super-pouvoirs digne d'inFamous et des mutants super nombreux comme les morts-vivants survitaminés de Dead Rising... Et puis cet humour potache, cet étrange mélange des genres et cette vulgarité exacerbée ne plairont pas à tout le monde non plus. D'ailleurs, avec le recul et une fois le jeu terminé, je dirais que ce titre s'adresse presque uniquement à un public jeune, qui apprécie les parcs d'attractions et les univers sans queue ni tête, créés dans le simple but de se défouler. Néanmoins, je dois bien admettre que si j'avais eu un jeu comme ça entre les mains à 15 ans, j'aurais probablement adoré tant il est jouissif, délirant et fun à jouer malgré ses petits défauts. Mais soyons clairs : il n'est pas indispensable et n'est pas vraiment non plus le system seller tant attendu sur Xbox One.