La série Wolfenstein aura bercé les plus tendres années des amateurs de FPS qui ont aujourd'hui dépassé la trentaine. Alors autant dire que le retour de Blazkowicz, le héros, était attendu au tournant. Heureusement, le briseur de Nazis a encore quelques cartouches en rab', ce qui vous permettra de prendre part à un FPS certes classique dans la forme, mais qui fait bien le boulot à quelques détails près !
Tout comme le fait si bien ce titre de MachineGames lui-même, allons directement à l'essentiel. Après une intro tout en finesse qui annonce la couleur, apprenez que les nazis ont remporté la guerre 39-45 et que notre héros est resté dans un état végétatif pendant 14 ans. Le réveil en 1960 est donc ultra brutal. Les allemands dominent le monde, ont fait plier les plus grandes nations et profitent d'une technologie excessivement avancée, pour ne pas dire "suspecte"...
Nazillons dans toute leur laideur
Tout comme l'ont été la plupart des épisodes précédents, l'univers de ce Wolfenstein : The New Order est une vision altérée de l'histoire dans laquelle tous les clichés nazis sont repris, non sans un certain humour mais toujours en restant assez sérieux sur la forme finalement. Les docteurs tarés aux accents dépravés, les boss ou intervenants charismatiques stéréotypés bardés de croix gammées, les manipulations génétiques douteuses et autres tortures plus barbares les unes que les autres, les soldats en armure futuriste, les chiens mécaniques, les membres coupés, les étranges "méchas", les têtes qui explosent dans des gerbes de sang... Tout cela fait le "charme" de ce volet et nous sommes en plein FPS violent à souhait qui déborde de mauvais goût mais qui demeure néanmoins jouissif puisqu'il est totalement fictif. Le tout étant accompagné d'une réalisation efficace avec un framerate souvent de qualité (60 fps d'après les développeurs) qui offre une véritable pêche à l'action pour des affrontements vifs, dynamiques et ravageurs.
Un plan qui se déroule sans accrocs
Si dans la plupart des niveaux (16 au total) on a parfois le sentiment d'être dans des lieux ouverts, la majeure partie de l'aventure consiste à aller vers un point fixe et les couloirs ne manquent pas pour autant. Quelques passages alternatifs permettent par ailleurs de récolter des munitions et des objets de collection mais l'intérêt du titre se situe évidemment ailleurs. D'abord on joue souvent les gros bras en sortant les armes (futuristes, fictives ou non) pour pulvériser de la croix gammée avec panache mais on peut tout aussi bien s'infiltrer discrètement pour aller, par exemple, poignarder un gradé nazi. Ceci afin d'éviter qu'il ne donne l'alerte et rameute la base pour faire venir des renforts à la rescousse. Une double approche, soit infiltration, soit action, est ainsi souvent possible (même si certains passages obligent à être discret) et cela permet à chacun de trouver son propre style.
D'autant plus qu'en fonction des actions accomplies, on gagne des atouts (furtivité, tactique, attaque, démolition) qui vont de la course silencieuse en passant par l'augmentation des munitions et de la puissance de feu, au rechargement rapide, à l'amélioration de nos talents de sniper, à la qualité de notre endurance, de la résistance aux explosifs, de notre maniement des grenades, etc. Bref, il y a de quoi faire. Un bon point même si ces compétences ne changent finalement que peu de choses dans le feu de l'action, sauf peut-être pour la furtivité qui indique l'emplacement des gradés sur la carte. Au rayon des armes on passe des pistolets aux couteaux en passant par les mitrailleuses en tous genres avec quelques armes futuristes au laser (dont une dans chaque main parfois) particulièrement plaisantes. Là aussi, on peut être satisfait. Mais ne vous y trompez pas, malgré ces éléments c'est l'action qui prime et les subtilités manquent parfois. Pour autant ce Wolfenstein : The New Order est agréable puisque les affrontements font mouche et que le plaisir lors des échanges de tirs est au rendez-vous.
Pas de quoi changer l'histoire
Indéniablement le plaisir est là. Le titre fait son boulot de FPS bien gras, même si, inévitablement, certains éléments déçoivent. Par exemple, les textures ne sont pas toujours superbes, on trouve un peu d'aliasing ici et là, le jeu est souvent un peu terne malgré un rendu global de qualité, les réactions des ennemis sont parfois un peu idiotes, etc. C'est propre, plutôt joli et les environnements modernes remaniées à la sauce nazie passent bien mais, franchement, on espérait mieux graphiquement, sans pour autant oublier d'apprécier la vivacité de l'action.
Autre point dérangeant : l'intelligence artificielle des ennemis. Autant être clair, le jeu peut être difficile dans les niveaux de difficulté élevée mais si on a un ou deux neurones (oui, ça suffit), que l'on s'en sert correctement et que l'on est patient, on parvient aisément à progresser. Mais que ce soit en infiltration ou lance-roquettes à la main, l'I.A ne fait pas des merveilles. Les soldats ne sont pas très éveillés, tant que vous restez discret, et leur champ de vision limité aide pas mal alors qu'en frontal, même s'ils ont tendance à se cacher, ils se mettent souvent à découvert ce qui facilite votre carnage malgré leur surnombre et leurs dégâts outranciers qui peuvent faire la différence. On notera aussi quelques bugs de collisions, dont un qui m'a d'ailleurs bloqué et obligé à relancer ma sauvegarde... Enfin, malgré un solo conséquent de presque 20h, et une version alternative de celui-ci (enfin, ça ne change pas beaucoup non plus quand même) se rapportant à un choix au début de l'aventure, le manque de multijoueur se fait tout de même ressentir.
Pour résumer, Wolfenstein : The New Order remplit son office de FPS classique mais défoulant, le tout avec quelques finesses qui ne changeront pas le cours de l'histoire mais qui suffisent à proposer un peu de variété. L'ensemble est accompagné d'une aventure soignée avec des cut-scenes à la fois dramatiques et amusantes de par leurs nombreuses références et leur insistance à nous présenter des clichés tellement poussés que ça en devient drôle. Un bon jeu de tir en somme qui manque néanmoins de multi et, peut-être, d'un peu de profondeur...