En 2006, avec Dead Rising sur Xbox 360, les équipes japonaises de Capcom proposaient un aperçu de ce dont la seconde console de Microsoft était capable, avec ses hordes de zombies à trucider et son centre commercial gigantesque à parcourir. De la même manière aujourd'hui, en 2013, Dead Rising 3, cette fois développé par Capcom Vancouver, studio déjà responsable de Dead Rising 2 mais alors connu sous le nom de Blue Castle Games, doit prouver que la Xbox One en a dans le ventre...
Avec comme référence évidente L'Armée des morts de Zack Snyder et le Zombie de George A. Romero (le premier est un remake du deuxième, avec un scénario différent et des zombies bien plus "athlétiques"), Capcom a toujours eu de l'ambition pour Dead Rising. Pour laisser s'exprimer tout l'humour potache, l'ambiance de série B chère à cette série, il fallait en faire toujours un peu plus que ce soit dans les masses de morts-vivants à affontrer ou dans la manière de s'en débarasser. Et déjà, malgré certains défauts, les deux premiers épisodes de Dead Rising réussissaient ce défi, constituant de bons défouloirs à l'humour décalé. Dead Rising 3 garnit encore un peu plus une formule sans ratés, avec seulement un peu moins de personnalité...
Bienvenue à Zombieland
Petit condensé d'une grande ville californienne, Los Angeles par exemple, Los Perdidos est la nouvelle cité dans laquelle les morts-vivants arpentent les rues. Sur Xbox One, Dead Rising 3 propose en effet pour la première fois un "vrai" monde ouvert, si on le compare aux "zones" déjà gigantesques des deux premiers épisodes. De plus, magasins et bâtiments à visiter, de plus ou moins grande envergure, sont nombreux. Cependant, de par sa topographie meurtrie, avec moult rues bloquées, la ville du jeu est divisée en quatre blocs à l'apparence distincte, dans lesquels il faut arpenter les rues d'une manière précise, et où l'on a vite fait de se perdre. Un peu frustrant. De plus, on a beau être sur Xbox One, l'environnement de jeu proposé, bien que conséquent, n'a rien à voir avec l'immensité du monde d'un GTA V ou d'un Skyrim par exemple. On se rapprocherait finalement plus de ce que propose un titre comme Batman : Arkham City. Dans Dead Rising 3, la démesure est en fait ailleurs.
Dead Bodies Everywhere
Pour vous faire une idée du nombre de zombies que l'on trouve au mètre carré dans Dead Rising 3, regardez cette photo de la dernière Gamescom de Cologne prise par mes soins et imaginez que tous ces joyeux passionnés de jeu vidéo sont en fait des morts-vivants... Voilà, vous avez à peu près une idée de l'allure des rues de Los Perdidos. C'est le point le plus impressionnant de ce nouvel opus, assurément. Les zombies sont partout, lents comme dans les films de Romero le jour, plus agressifs la nuit, certains comme les pompiers, les policiers ou... les joueurs de foot américain (!) se révélant plus coriace que le zombie "lambda". Mais, une telle proportion de zombies est semble-t-il, alors que la console de Microsoft vient à peine d'arriver dans les foyers, relative à la qualité graphique du titre, très correcte certes, mais en aucun cas bluffante. Le frame-rate, assez douteux lors de nos premières rencontres avec le jeu tient désormais la route, lui. Et il serait dommage qu'il en soit autrement car on atteint bien vite des sommets de frénésie à bousiller de la chair pourrie à tout va.
Nick Gyver
Nick Ramos, le héros de ce nouveau jeu, mécanicien de profession qui a pour signe particuler d'avoir un mystérieux nombre "12" tatoué dans le cou, est un "Mac Gyver" hors-pair. Il est en effet capable de faire, par exemple, d'un souffleur à feuilles mortes et d'un godemichet une arme mortelle. Batterie et masse pour se fabriquer le marteau de Thor, fusil à pompe et mitraillette pour obtenir une arme à feu à la puissance démesurée, lampe torche et gemme pour se prendre pour un Jedi, masque de dragon, parapluie et pétards pour planer tout en crachant des feux d'artifices... les combinaisons sont innombrables dans Dead Rising 3 et toujours plus amusantes. La bonne nouvelle, c'est que les établis ne sont plus nécessaires pour fabriquer ces armes aussi mortelles que loufoques, et que les différents objets sont désormais classés en catégories, ce qui simplifie grandement les choses. En effet, pour fabriquer certaines nouvelles armes, pas besoin spécifiquement d'une batterie ou de piles : un objet dans la catégorie "électrique" suffira. Capcom oblige, les clins d'oeils aux séries Mega Man ou Street Fighter sont nombreux, comme les références faites aux épisodes précédents, avec par exemple des statues dorés de Franck West à dégoter un peu partout dans le jeu. Dommage cependant que Nick n'ait pas son charisme et que l'intrigue manque aussi de personnages forts... Mais au-delà de l'intrigue principale, pas de souci, ilm y a toujours de nombreuses choses à faire pour les plus "complétistes", avec de nombreux survivants à aider. Ou pas. Les boss "psychos" sont toujours de la partie, et c'est peut-être eux qui posent encore le plus de problèmes. Pas un modèle de souplesse, Nick est tout de même plus maniable que les héros des deux jeux précédents, ramasser des objets et gérer l'inventaire étant en revanche des opérations toujours un peu fastidieuses, même s'il y a du mieux.
Ma moto-compresseur est fantastique
L'autre grosse nouveauté de Dead Rising 3, c'est aussi bien évidemment la possibilité de fusionner des véhicules. Là aussi, les idées stupides et amusantes ne manquent pas. Si vous pourrez utiliser deux épaves de camions ou de voitures pour vous faire des véhicules résistants pouvant balancer toutes sortes de choses mortelles, quelle joie de nettoyer les rues de Los Perdidos avec un engin de nettoyage urbain, pour faire passer les morts qui marchent dans les balais au niveau des roues et les recracher par boules entières, à la manière d'une chouette. Le top, avec sa vitesse de pointe, ses lances-flammes et son rouleau compresseur,... la moto-compresseur ! Un nettoyage efficace pour vous faire gagner des PP (Points Prestige), utiles à améliorer vos capacités de mécaniciens, votre santé, vos compétences au combat à distance ou au corps à corps et la faculté de monter certaines combinaisons d'objets, les plans bleus à trouver étant toujours indispensables pour avoir l'ensemble des possibilités. Enfin, et c'est toujours appréciable pour ce genre de titre, un mode deux joueurs en coop' en ligne est disponible, tout comme des commandes Kinect permettant de donner des ordres à la voix de manière aisée aux survivants rencontrés. Utile aussi : la possibilité de se débarrasser d'un zombie par un simple soubresaut de la manette (désactivable si on le souhaite).
Loin d'être fine, la formule Dead Rising était déjà bien roborative, grasse et démesurée comme il faut. La bonne nouvelle, c'est qu'en restant dans cette même lignée, Dead Rising 3 propose le supplément next-gen qui va bien. Toujours plus généreux, avec des zombies absolument partout, plus d'espace, plus d'armes et de véhicules aussi mortels que stupides, il n'est certainement pas le titre qui présente le mieux sur Xbox One, mais peut-être un de ceux où il y a le plus de choses à faire et de plaisir à prendre. Bref, une valeur sûre au bon goût de série B.