L'étrange Dragon Commander de Larian Studios est enfin arrivé, après de nombreuses modifications. Le coeur du jeu est toujours aussi explosif : un peu de RPG, un peu de Stratégie tour par tour, un peu de STR et un peu d'action. Ça fait beaucoup de genres différents et pas mal d'occasions de se planter, alors l'alchimie fonctionne-t-elle au final ?
Le monde de Rivellon est en proie au Chaos. L'empereur est mort, assassiné par ses trois enfants, qui partent en guerre pour la suprématie. Vous êtes le quatrième rejeton de feu votre empereur, mais né bâtard, car votre mère était... une Dragonne. Vous êtes donc mi-homme, mi-dragon et c'est en vous que Maxos, un puissant mage de l'empire, voit l'espoir d'une réunification. Accompagné de quelques généraux et subissant les demandes de divers représentants des races civilisées de Rivellon, vous allez reconquérir votre territoire puis annihiler vos frères et sœurs. Mais le démon Corvus, qui est au cœur de votre incroyable forteresse volante, ne vous laissera pas terminer la guerre si facilement. Même s'il était votre "allié" pendant un temps, il relancera l'affrontement contre des ennemis possédés toujours plus féroces. Et bon là, je me suis arrêté parce que ça va cinq minutes.
Dragon pour tous
Dragon Commander n'est pas désagréable à jouer, mais malgré ses qualités, il sonne un peu creux et ne convient pas aux longues sessions. À bord du Corbeau, vous devrez régler les querelles de vos généraux ou bien accepter ou rejeter les idées de vos conseillers. Ce faisant, vous modifierez les histoires des personnages qui vous entourent, ou vous influerez positivement ou négativement sur le taux d'appréciation des différentes factions. Les nains sont assez traditionalistes, sauf quand le progrès est économique. Les Morts vivants sont religieux et conservateurs. Les elfes aussi, mais ils vénèrent la nature et ne sont pas contre quelques avancées morales. Les lézards sont républicains et tenteront de faire triompher les droits civils, jusqu'à vous demander d'abdiquer. Quant aux diablotins, ils se foutent un peu de tout tant que ça pète. Les sujets abordés dans ce monde steampunk/fantasy sont très contemporains et intéressants, même si Larian en rajoute des tonnes sur l'homosexualité et le féminisme. Perso, je suis à fond pour filer tous les droits qu'ils veulent (et ceux qui sont contre peuvent s'y opposer sans soucis), mais si on pouvait parler d'autres choses de temps en temps merci ! (Si vous êtes choqué par cette phrase, merci de lire les commentaires pour les éclaircissements)(Hint : non, je ne suis pas homophobe; toutes ces remarques concernent le traitement du sujet DANS LE JEU. Pas dans la vraie vie.)
Draconique sa race
Quoi qu'il en soit, cette partie RPG est plutôt sympathique, tout comme l'histoire qui vous lie à la princesse que vous aurez choisie. Il y a de quoi rejouer au jeu pour découvrir plus de background, mais encore faut-il finir Dragon Commander une fois. De plus, toutes ces décisions semblent parfois ne pas avoir assez d'impact, si ce n'est sur votre popularité. Dommage qu'il n'y ait pas d'événements plus décisifs. En tout cas, cela reste important dans votre stratégie, car votre popularité influe sur les ressources obtenues par chaque territoire, qui possède toujours une faction majoritaire. Si vous êtes un ami de la nature, vous voudrez donc tenter de conquérir le monde en commençant par les régions qui sont aux mains des Elfes. Les zones rapportent de l'or et des points de technologie par tour. Le nombre d'habitants se montre utile quand le combat a lieu, car ce sera votre réserve de chair fraîche à envoyer sur le terrain. En mode STR, lorsque ce chiffre tombe à zéro, vous ne pouvez plus créer d'unité.
Le retour de la ligne Maginot
Vous pouvez aussi construire des mines pour améliorer le rendement d'un territoire, et des usines pour produire des unités. Le plus intéressant de ce "Risk", c'est que chaque participant déplace ses armées et joue des cartes d'avantages ou d'attaques (boost d'or, sabotage d'unités, etc.) simultanément. On peut donc engager des batailles sans trop savoir si des renforts n'arriveront pas en même temps, ni si une région délaissée ne va pas se faire assaillir aussitôt. La réflexion et la prudence sont au rendez-vous, surtout lorsque l'on sait que vous ne pouvez jouer et intervenir en dragon que pendant un affrontement par tour. Car le mode STR est tellement bourrin que l'on peut renverser assez facilement les pires situations. Les autres batailles sont réglées automatiquement, avec la possibilité de payer un général pour améliorer le pourcentage de chance.
La guerre ne change jamais
Là où le bât blesse, c'est que la partie STR est bourrine et répétitive, en tout cas contre l'IA de la campagne. Chaque faction ennemie est assez bien équilibrée, donc pas vraiment besoin de s'appuyer sur une tactique : on fait un peu toutes les unités, qu'on envoie en masse contre un peu toutes les unités adverses. Si vous êtes un pro du micro-management, vous y trouverez peut-être votre bonheur, en créant vos propres challenges. Mais sinon, la déroulement est toujours le même : capturer les bases neutres les plus proches, attendre le premier assaut ennemi (on ne peut pas se changer en dragon tout de suite), pisser de l'unité, pulvériser l'armée en mode draconique, avancer le front, recommencer jusqu'à annihilation de l'adversaire. Si la campagne était un peu plus dynamique, je ne dis pas. Mais le chapitre II se traîne quelques heures de trop. Quand arrive le chapitre III, on a juste envie de partir en vacances, très loin. Peut être ai-je trop pris mon temps avant ? Il est vrai que toutes mes compétences de dragon et toutes mes améliorations d'unités étaient payées et obtenues à la fin du deuxième chapitre, laissant la gestion des points de technologie obsolète. Voilà qui est étrangement rythmé.
Dragon on Dragon action
A priori, le mode multijoueur, que je n'ai quasiment pas pu tester faute d'adversaires, pourrait être un peu plus intéressant sur tous les plans (sauf celui du RPG bien sûr, car cet élément disparaît en multi). Avec un affrontement à plusieurs dragons, la possibilité d'être à plus de deux dans une bataille, des stratégies plus improbables, etc. Dragon Commander prend tout son sens. Mais attention, une partie dure longtemps, il faut donc être organisé. Mieux vaut avoir 2 ou 4 amis possédant ce titre sur Steam et ayant un agenda flexible pour en profiter. Je ne vois pas ça autour de moi, mais si c'est votre cas, tant mieux. Perso, j'ai subi les parties aléatoires pour vous, et c'est une très mauvaise idée, ou alors pour quelques escarmouches. Une vraie campagne multi demandera d'avoir des joueurs sérieux et présents.
On ne va pas vous dire d'éviter Dragon Commander s'il vous tente, mais soyez sûr de ce qui vous attend. Mieux vaut y jouer par petites touches, car enchaîner les combats STR bourrins à coups de boules de feu n'a rien de vraiment passionnant au final. Si c'est ce qu'il faut pour découvrir l'intéressante histoire et l'univers délirant de Larian, on veut bien faire l'effort, mais attention à l'overdose. Et pour les fans de Multi, ce titre est à envisager, mais il faut autant aimer pousser des pions sur un plateau que microgérer des dizaines d'unités.
Divinity Dragon Commander est dispo dans Steam pour 40 euros.