39-45, une guerre mondiale qui aura défiguré le monde et laissé des plaies béantes pour de nombreux peuples. Autant d'années, et même plus, séparent le premier Company of Heroes qui retraçait en Stratégie Temps Réel les événements du front ouest, du deuxième opus de Relic Entertainment, qui s'intéresse au front Est. Mais cette fois on ne peut pas dire que le temps ait apporté de quelconques bouleversements.
Que faire lorsque les Américains ne peuvent pas être les héros d'un jeu de guerre ? Eh bien, les Russes feront l'affaire ! Les hommes du peuple hein, pas les officiers qui envoyèrent des millions d'hommes au massacre sous les ordres de Staline, faut pas déconner. L'exécution des fuyards, le massacre de civils, la politique de la terre brûlée, les pertes énormes pour des prises symboliques... Tout cela nous est conté dans la campagne solo de Company of Heroes 2, dont les missions expliquent aussi le fonctionnement du jeu. Un peu, mais pas trop. Pas de campagne solo pour les Allemands, qui restent les grands méchants nazis, ni de didacticiel pour les particularités des troupes. Vous n'aurez qu'à apprendre sur le terrain, en escarmouche.
Qualité vs quantité
Pas de panique, il n'y a pas d'énorme différence entre les deux camps. Les Russes sont plus nombreux, et les troupes de base peuvent constamment renforcer les unités spécialisées qui auraient essuyé des pertes. Avec les Allemands, vous aurez plus tendance à rapatrier les blessés pour les remettre d'aplomb ou à les protéger dans des bunkers, alors que les Soviétiques restent sur le front pour mourir et être remplacés. Une des plus grosses lacunes des rouges vient du manque d'infanterie antichar, car les panzerfausts ne se trouvent que sur l'ennemi (comme le nom germanique de ces tubes lance-grenades l'indique). Heureusement, les troupes peuvent aussi ramasser et utiliser les armes spéciales bêtement tombées des mains des ennemis partis (en charpie).
Ça valait le coup d'attendre
Parmi les autres mécanismes inédits et mis en avant lors de la promotion du jeu, on trouve le froid, qui oblige les pauvres soldats à rester près du feu pour ne pas finir en glaçons. Le blizzard qui souffle par période est à prendre en compte lorsque l'on prépare une attaque. De même, le froid modifie le terrain, car les rivières deviennent franchissables plus facilement. Pas forcément pour tout le monde, vu que les blindés risquent de couler à la moindre petite explosion (de mortier par exemple), mais si vous êtes capable d'en faire passer un discrètement... La ligne de vision "réelle" est d'ailleurs l'autre innovation. L'ennemi apparaît et disparaît selon le champ de vision des troupes. D'où l'importance des snipers qui peuvent voir assez loin ou tirer des fusées éclairantes. Mais on n'échappe pas à un petit jeu de cache-cache qui oblige à être très réactif sur la défense, et très prudent sur l'attaque, pour ne pas tomber dans un piège.
Obéir aveuglément
Autant vous dire que tout cela est assez intense. N'importe quel STR demande généralement une parfaite connaissance des mécanismes de jeu pour la gestion des ressources (comme d'habitude liée aux points capturés et tenus), mais aussi une maîtrise du micro management sans faille. Et c'est encore plus vrai pour Company of Heroes 2, dont la richesse mérite d'être saluée, mais seulement par les pros du STR qui aiment un gameplay classique. Personnellement, je n'aurais pas été contre une IA un peu plus autonome sur deux ou trois éléments ! Rapprochez-vous un peu du feu automatiquement au lieu de crever de froid à deux mètres, non ? Si je vous dis de vous coller à cette couverture, c'est pour vous mettre du bon côté par rapport à l'ennemi, non ? Un petit pourcentage de chance qu'un groupe de soldats pense à évacuer un bâtiment quand celui-ci est prêt à s'écrouler, c'est trop demander ? Je suppose... Mais autant de gestion, ce n'est plus humain.
Il faut sauver le soldat Ryanovitch
Si vous n'êtes là que pour le spectacle en revanche, n'hésitez pas. Company of Heroes 2 n'est vraiment difficile qu'en escarmouche pour les gens qui ne sont pas des poulpes, mais la campagne solo est capable de vous faire croire que vous avez la pression tout en vous laissant largement de terrain pour gagner. Entre la destruction des bâtiments, les explosions ou les flammes impressionnantes, les cris dans tous les sens et les soldats qui meurent à la chaîne, on se sent vraiment en plein chaos dans des batailles désespérées. Mais en fait non, tout va bien ! Regardez hop, un script ici, un point de contrôle là, et c'est gagné. Mis à part une VF parfois défaillante, des voix qui ne collent pas toujours (surtout dans les cinématiques... Au moins ils nous ont évité l'accent russe), et quelques plantages techniques, l'ambiance est totalement prenante et stressante. Après, contre l'IA ou un être humain, on se fait réellement éclater, et pas seulement pour le spectacle, mais c'est là que le jeu devient intéressant, non ?
Company of Heroes 2 s'avère donc très sympathique, mais vraiment pas facile à prendre en main. Les habitués du premier ne seront pas perdus, mais les nouveaux venus risquent de trouver le gameplay confus et mal expliqué. Ensuite, le degré de micro-gestion est simplement effarant. C'est un style qui a ses fans, donc il s'agit là plus d'un avertissement que d'un point négatif. Certains mécanismes me semblent totalement inutiles, comme l'ordre 227 qui empêche le repli des troupes soviétiques sous peine d'exécution, mais c'est un détail qui ne pose pas de vrais problèmes non plus. Maintenant, si vous êtes le genre de joueur capable d'exploiter l'ensemble du jeu (le froid, les couvertures, les renforts, le choix du commandant selon la tactique opposée, la furtivité, etc.) alors foncez. C'est vraiment un titre qui demande qu'on y passe énormément de temps pour être apprécié. Sinon, autant capituler tout de suite. Mais les Russes ne capitulent jamais, n'est-ce pas ?