Lorsque Koei a annoncé son intention d'adapter Hokuto No Ken à la sauce Dynasty Warriors, on imaginait un simple erzatz dans lequel les samuraïs et autres seigneurs chinois seraient remplacés par les combattants du Hokuto et du Nanto. Ils nous avaient déjà fait le coup avec Gundam Musou, qui avait réjoui les fans mais n'apportait rien de neuf en terme de gameplay... C'était sous-estimer le traitement que Koei réservait à l'homme aux sept cicatrices, qui s'illustre enfin dans un jeu qui n'est pas à mille lieues de sa légende. Les fans tiennent le titre qu'ils attendaient déséspéremment, si tant est que les amateurs de beat'em all ne le leur arrachent pas des mains.
Republication du test de la version import paru le 3 mai 2010, modifié pour l'occasion (cf. dernier paragraphe).
Testé à partir d'une version commerciale française.
C'est euphorique et plein d'espoir, mais aussi de doutes, que je lance ce jeu que j'attends depuis des mois : Fist of the North Star ! Amateur de la série des Dynasty Warriors et complètement geek dès qu'il s'agit de Ken, je sais que le jeu va me plaire. Mais sera-t-il bon ? Je pars donc avec l'idée de me faire un Warriors Orochi version Ken et advienne que pourra... Je ne vais pas tarder à comprendre mon erreur. Au premier abord, c'est la réalisation qui surprend ! Les graphismes sont particulièrement fins, les persos très détaillés, les caméras dynamiques, les mouvements fluides... D'habitude on a droit à deux ou trois prairies, une poignées d'arbres et une nuée de soldats figés qui n'apparaissent qu'à deux mètres du héros... Ici tout est différent. Pourtant, on ne peut pas dire que l'univers post-apocalyptique du manga soit des plus chatoyants, mais il est parfaitement retranscrit et affiche des décors désolés qui n'ont rien de désolant. Quand le premier groupe d'ennemis débarque et subit les premiers assauts de Kenshiro, on réalise que Fist of the North Star n'a définitivement rien de commun avec les autres titres de la série phare de Koei.
Il ne peut en rester qu'un
Si le principe du jeu reste de progresser en décimant des hordes d'ennemis, le rythme et la fréquence des combats rapproche d'avantage Hokuto Musou (c'est le titre japonais) des bons vieux beat'em all. Le mode principal du jeu, intitulé Legend, retrace la première partie du manga, jusqu'au combat de Ken contre Raoh. Vous pouvez y incarner Ken, Toki, Rei, Jagi, Raoh ou Mamiya qui disposent chacun de leur propre aventure. L'autre mode, baptisé Illusions, est une sorte de dimension alternative dans laquelle les protagonistes se voient conquérir le monde. Ce mode, qui se rapproche d'avantage d'un Dynasty Warriors classique, propose de progresser dans des environnements ouverts en capturant les bases des armées adverses. Aux personnages déja disponibles dans l'autre mode, s'ajoutent ici Shin et Souther. Tout au long des chapitres qui composent leur aventure, les héros devront progresser en affrontant punks, soldats et autres brigands, jusqu'à parvenir à leur boss, en fin de niveau. Les ennemis sont vifs, très nombreux et bien organisés. Ils n'hésitent pas à vous sauter dessus hache à la main ou reculent pour sortir une arbalète et se regoupent même d'un bond s'ils sont trop éparpillés. Ce principe imprime un bon rythme au jeu et rend les affrontements bien pêchus. Ça nous évite aussi de cavaler derrière un ennemi récalcitrant. Ici, tous viennent au massacre, de leur plein gré... En revanche, si vous tuez leur chef, le mastodonte de service faisant office de mini boss, vous les verrez ramper et supplier en hurlant, dans le plus pur esprit de l'animé.
En V.O. seulement
Question survie en terrain hostile, Ken et ses accolytes sont rodés et peuvent, entre autres, faire imploser ou exploser, trancher, percer et découper leurs adversaires, à mains nues. Tout cela dans un déluge de sang, de fines tranches de corps humains et de morceaux de cervelle. Hé oui, Fist of the North Star : Ken's Rage ne fait pas dans la dentelle. Ici, c'est pas le Club Do) ! Pour mettre à profit toutes ces techniques et faire vibrer les fans, chaque perso dispose d'un arbre d'évolution dans lequel on peut débloquer ces mouvements spectaculaires ainsi que des améliorations (force, combo, vie, pouvoirs, jauge musou...) et des objets d'équipement. Tout cela, grâce aux points de Karma obtenus pour chaque ennemi battu. Et signalons qu'avec cette version française on peut enfin comprendre quelque chose à la gestion des objets. C'était LE point délicat de la version import, et nous voilà donc comblés.
Tu es déja mort !
Pour faire valser vos opposants, vous disposez deux deux boutons de coups avec lesquels vous pouvez réaliser une poignée de combos différents, plus un bouton de garde et un bouton d'esquive. C'est peu, mais cela oblige à choisir les attaques que l'on porte en fonction de la situation plutôt que de bourriner sur tout ce qui bouge. Les combattants du Hokuto disposent de frappes simples et d'attaques qui touchent les points vitaux et font exploser les ennemis. Côté Nanto, les combattants peuvent entrer en mode Aura lors d'un combo et ainsi projeter des vagues d'energie qui tranchent les ennemis à distance. Tous disposent également de techniques spéciales dont l'utilisation est limitée par des blocs de pouvoirs. Comme la jauge de vie, ces blocs peuvent être régénérés grâce à des objets de soins dispersés dans les niveaux. À cet arsenal de techniques, s'ajoute une jauge Musou qui se remplit au gré des affrontements. Une fois déclenchée, elle décuple momentanément la puissance des persos et leur permet d'utiliser les arcanes ultimes de leur art martial, des techniques qui dévasteront le menu fretin et causeront de gros dégâts aux boss. Pour rajouter au carnage, il est aussi possible de projeter les ennemis dans le décor, ou inversement, de leur jeter des éléments du décor. Toutes ces actions se réalisent de façon instinctive et nous permettent de semer le chaos, sans la moindre confusion.
La loi du plus fort
Dans chaque niveau vous aurez la possibilité de foncer sur l'objectif ou d'explorer l'environnement à la recherche de quêtes annexes. Celles-ci constistent essentiellement à dénicher un mini boss, dérouiller un groupe d'ennemis en un temps limité ou encore à protéger un groupe de villageois. En cas de réussite vous serez gratifiés par une étoile. Chaque chapitre propose ainsi sept étoiles, formant la Grande Ourse, à réunir. Lorsque vous reconstituez la constellation, le jeu devient alors plus difficile et les boss deviennent particulièrement coriaces. Si vous parvenez, en plus, à leur administrer la même attaque que dans le manga, vous ferez apparaitre l'étoile de la mort au dessus de leur tête, ce qui aura pour effet de les mettre en furie. Si vous réussissez tout de même à les mettre à terre, il faudra les achever avec une séquence QTE infernale, à peu près dix fois plus dure qu'en temps normal. Et à la moindre erreur, le bougre reprendra la moitié de sa vie et il faudra tout recommencer. Sachant que terminer le mode Legend "à la cool" demande déja une trentaine d'heures, imaginez le temps nécéssaire pour faire le tour du jeu en optimisant les résultats... C'est juste colossal !
Un éclat un peu atténué
Le jeu affiche un respect scrupuleux du manga, mais aussi des personnages. Qu'il s'agisse de leur panoplie de coups, leurs attitudes, leur costume, leurs poses, les voix, les bruitages... Tout à été travaillé avec beaucoup de style et dans le détail. Il faut voir Rei s'élançer dans les airs ou Toki s'agenouiller pour cracher du sang après un combo pour vraiment comprendre à quel point Koei a pensé aux fans. Ceci dit, le jeu est loin d'être parfait... même pour un fan. On peut notamment regretter l'abscence de certains persos importants comme, Jackal, Hyui, Shuren ou le Joker qui n'apparaissent même pas dans le jeu. On est aussi en droit de se demander pourquoi des persos incontournables comme Jyuza, Ryuga, Fudoh et surtout Juda ou Shuu (qui était déja le grand absent de Hokuto Fighting sur PS2) qui sont pourtant modelisés, ne sont pas jouables ? De même on aurait aimé des décors plus variés, des intérieurs. Pourquoi ne pas avoir exploité la prison de Cassandra, le palais de Shin, les égoûts sous la ville de Souther ? Entre détails anecdotiques et oublis inconcevables, on arrive parfois à se demander ce qui a justifié certains choix des développeurs. Sans trop me mouiller je peux d'ores et déja dire que ça sent la suite et l'édition spéciale à plein nez. D'ici deux ans, on l'aura notre Hokuto Musou et ses cent cinquante persos jouables. Mais chaque chose en son temps ! Et d'ici là, apprécions cet opus pour ce qu'il est : un bon beat'em all classique et la meilleure adaptation du manga Hokuto No Ken à ce jour !
Améliorations de la version européenne
Pour cette édition européenne, Fist of the North Star : Ken's Rage propose le costume original de Ken (dans les premières fournées du jeu), ainsi qu'un scénario bonus (Heart) si vous l'achetez dans certaines enseignes (notamment Micromania). Contrairement à ce qui a pu être dit, "tous les DLC japonais" ne sont pas inclus de base dans notre version européenne.
Sinon, les explosions des ennemis sont plus variées, plus sanglantes et projettent des petits bout de chair à la façon de Mortal Kombat. Ce n'est pas toujours du meilleur effet, mais au besoin vous pourrez toujours rebasculer dans le mode "violence modérée" de la version japonaise. La VO est bien évidemment de mise, vous ne trouverez donc pas de VF douteuse du type "machin à pain" ou "truc de fourrure". Et pour finir, les dégâts sur les personnages sont plus détaillés.
Ce Fist of the North Star : Ken's Rage est donc une très agréable surprise pour un fan de la première heure comme moi : il rajeunit la saga de Koei. Alors, certes, si on dépouille ce beat'em all de sa licence, il est difficile de ne pas lui reprocher certaines faiblesses (un level design basique, une réalisation inégale - mais néanmoins sans précédent sur cette licence). Mais ce que beaucoup considéreraient comme des faiblesses constitue aussi un charme old-school curieux pour les vieux briscards du beat'em all, et s'aligne finalement bien avec l'univers de Ken lui-même. En d'autres termes, on peut aisément lui accorder une étoile supplémentaire quand on est très fan - après tout, l'amour rend aveugle !