Si Lost and Damned mérite d'avoir sa propre critique, c'est parce qu'il est bien plus qu'un simple "DLC" ; en tout cas bien plus qu'un Operation Anchorage pour Fallout 3 ou un Knothole Island pour Fable II. C'est une toute nouvelle histoire, dans une ambiance différente de celle de GTA IV, et qui met une fois de plus en valeur le soin qu'apporte Rockstar à ses personnages et ses univers.
Les versions étant très similaires, les tests le sont aussi.
On pourrait croire que ceux qui ont aimé Grand Theft Auto IV aimeront The Lost and Damned. Pourtant, ce n'est pas si garanti. Car The Lost and Damned, et c'est tout à son honneur, pose une ambiance complètement différente. Arpenter la ville seul dans la peau de Niko Bellic, quoiqu'on en dise, ce n'est pas pareil que rouler en bande avec les membres d'un gang de bikers. Même si la ville est la même.
Une toute autre noirceur
L'histoire de Johnny Klebitz, Vice-Président du gang de bikers/dealers des Lost, est une histoire d'amitié, de trahison, de vengeance, de hiérarchie, une histoire qui développe des thèmes matures et surtout, une fois de plus, avec des rebondissements et des nuances qui font plaisir à jouer. Lorsque Billy Grey, le Président ultra violent des Lost, vient reprendre son poste de leader du gang fraîchement sorti de désintox, le joueur est catapulté directement au beau milieu d'un double conflit directement imputable aux violences de Billy. La trève d'avec le gang rival des Angels of Death tombe aussi sec, précipitant les bikers de Liberty City dans une nouvelle guerre, et en parallèle, la discorde s'installe entre Billy que rien ne semble pouvoir raisonner, et son second Johnny - le joueur -, nettement plus préoccupé par le business qui pâtit de cette nouvelle vague de violence. Si le synopsis est simple, l'histoire qui en découle est riche, notamment grâce à une galerie de personnages bien écrits, et avec laquelle on fera connaissance immédiatement, et au même tissage subtil de l'actualité dans les détails grinçants de Liberty City : de la crise à la question des gouvernements en perdition, en passant par les élections, le tout évidemment emprunt de cet humour noir typique. On le retrouve également dans de nouvelles émissions TV à découvrir, ou de nouveaux sites internet à visiter. De même, de nouvelles musiques ont été incorporées aux playlists des différentes radios.
GTA 4.1
Si l'ambiance de The Lost and Damned en fait une expérience différente, qui croise (parfois un peu trop lourdement) les aventures de Niko Bellic, côté gameplay, ça reste du GTA. Le fait de se livrer à des fusillades avec les autres membres du gang à ses côtés teinte certaines missions d'un côté encore plus violent que dans l'original, et ce d'autant plus que les nouvelles armes, du canon scié au superbe lance-grenades, sont d'une puissance effarante. Inutile cette fois de développer tout un réseau de contacts ; le gang est déjà là pour assurer au joueur l'accès aux armes, à des jobs, et à ce dont il peut avoir besoin. Bref : on rentre directement dans le vif du sujet, et ce n'est pas plus mal. À l'exception de deux ou trois missions assez mémorables (l'échappée d'un building assiégé par les flics du N.O.O.S.E., l'assassinat à l'aéroport), point de dépaysement pour autant. On rempile pour une douzaine d'heures de violences, de poursuites, d'histoires de drogue et de fuite en avant, avec un avantage notable : l'apparition de checkpoints au milieu des missions les plus longues. Reste également les à-côtés, eux aussi de la partie. Si on oubliera vite les nouveaux mini-jeux (le hi-low aux cartes et les bras de fer), impossible de ne pas apprécier les courses à moto où la batte de baseball sert plus encore que la poignée des gaz, ou les guerres de gang qui éclatent aux quatre coins de la ville. N'oublions pas non plus le multi, car parmi les cinq nouveaux modes, il y a de quoi se fendre bien la poire en ligne, notamment avec le mode Own The City (capture et défense de territoire) et Witness Protection (L'équipe Bikers doit empêcher l'équipe N.O.O.S.E. de débarquer des témoins d'un bus vers les commissariats de la ville).
Au final, The Lost and Damned n'a peut-être pas l'envergure de Grand Theft Auto IV en termes de récit, mais sa narration et ses personnages, le choix de cette ambiance bikers différente, et l'apport gargantuesque de contenu supplémentaire en font une étape historique en matière de contenu additionnel. Rockstar, avec le soin apporté à ce premier épisode spin-off, montre à bon nombre d'autres éditeurs et développeurs que les DLC peuvent être bien autre chose que des escroqueries. D'ailleurs, le public ne s'y est pas trompé non plus, semble-t-il, puisque dans sa version Xbox 360, il a été plus téléchargé pendant les premières 24h que n'importe quel autre contenu dans toute l'histoire du Xbox Live... prenez-en de la graine, vendeurs de costumes virtuels à la sauvette !