Grande Arlésienne du jeu vidéo, Gran Turismo PSP se décide enfin à montrer le bout de ses pneus après quelques looongues années de retard... On se souvient en effet que le jeu avait été annoncé il y a belle lurette, sous le nom de Gran Turismo 4 : Mobile, et qu'il aurait dû être prêt pour le lancement du tout premier modèle de PSP... en 2004/2005 ! Polyphony a-t-il profité de tout ce temps pour nous pondre la bombe tant attendue ? Le suspens prend fin aujourd'hui ! Et ça c'est beau.
Gran Turismo PSP, c'est la promesse d'une version portable et bichonnée à l'extrême de la légendaire saga de Polyphony. Un UMD (ou un téléchargement) blindé de courses et de bagnoles, qui nous permettrait d'emmener partout un jeu digne de ses aînés, avec ce gameplay si spécifique, ces modèles physiques réalistes, ce pilotage précis et pointu... Et de ce côté, autant être clair : c'est une belle réussite.
Ça commence fort
Le jeu propose tout de même la bagatelle de 800 voitures et 35 circuits (70 si l'on compte les variantes) ! Sur PSP, il peut également se targuer d'être le jeu de course le plus réaliste qui soit. Polyphony a réussi un coup de maître en transposant la jouabilité si typique de la série avec brio. Il faut "trajecter" avec précision, surveiller ses freinages et ses accélérations en sortie de virage, prendre garde aux transferts de masses, aux aspérités piégeuses de certains circuits bosselés, ne pas mordre la pelouse sous peine de tête à queue... Impressionnant. Le jeu offre par ailleurs les habituelles aides au pilotage (traction, direction, modèles physiques professionnels...), à activer ou non selon ses propres besoins de réalisme et de difficulté, ainsi que la bien pratique ligne de trajectoire idéale, indiquant les points de freinage. Finalement, il ne manque à la PSP que des touches analogiques pour que le bonheur soit total. Difficile en effet de couper complètement l'anti-patinage quand on ne peut pas vraiment doser son accélération en sortie de virage... Moi qui ai l'habitude de tout couper, je me suis ainsi vu obligé de laisser quelques aides pour ne pas avoir à tapoter frénétiquement le bouton d'accélération après chaque virage... Mais soyons clairs : je pinaille et, après de longues heures de jeu, je reste encore sur le cul devant un gameplay d'une telle qualité sur PSP. C'est juste du jamais vu. D'un pur point de vue jouabilité : toutes les sensations d'un GT sont là... ou presque : le simple fait de n'être que 4 concurrents en piste change un peu la donne aussi. Mais retrouver ce feeling sur une console portable, c'est tout simplement grisant.
Trop mimi, le GT mini
Bien sûr, la modélisation des caisses et des environnements n'égalent pas ceux d'un épisode PS2, ou encore moins PS3, mais à l'échelle d'un écran PSP, le résultat final est tout simplement bluffant. On note quelques scintillements et quelques bugs de popping (lorsque les éléments du décor apparaissent à la dernière seconde), tandis que les dégâts sur les carrosseries sont évidemment absents, mais il faut vraiment faire la fine bouche pour oser lui en tenir rigueur, tellement le jeu est visuellement réussi. Là encore Polyphony a allongé un travail remarquable, immédiatement séduisant. D'autant qu'une fois le jeu installé sur Memory Stick, les temps de chargements (un point essentiel selon moi, surtout sur PSP) sont franchement hyper courts. Une aubaine. L'ambiance sonore ne gâche rien à la prouesse technique, avec tout d'abord des bruitages crédibles pour les moteurs, les crissements de pneus et autres chocs, mais aussi une B.O. qui tient la route. D'ailleurs, côté musiques, vous aurez en plus la possibilité de stocker quelques mp3 dans un dossier du Memory Stick, histoire d'utiliser vos propres morceaux dans le jeu. Et ça c'est la classe.
Un vrai GT dans la poche ?
Malheureusement, lorsqu'on s'intéresse de plus près au contenu de cet épisode, une énorme surprise nous saute à la tronche sans prévenir. Et autant vous le dire clairement : elle est mauvaise. Allez, accrochez-vous, car si côté excellence technique et gameplay ce Gran Turismo PSP a tout d'un grand, il ne lui manque ni plus ni moins qu'un... mode Carrière ! Et ce n'est pas une plaisanterie : vous aurez beau retourner les menus dans tous les sens, vous ne trouverez rien de ce genre. Les anciens "Permis" sont de la partie (nombreux et retors, comme on les aime), mais dans un mode dédié baptisé "Défis Pilotage", complètement déconnecté du dit mode "Solo". Pourquoi ? Car ce dernier n'est qu'un mode Arcade classique où l'on choisit un type d'épreuve (chrono, course ou drift), sa bagnole et son circuit. Point. On enchaîne les épreuves à la carte, sans fin, sans but ultime si ce n'est de gagner un peu de crédits à chaque fois, histoire de se payer de nouvelles caisses. Chaque course gagnée se débloque dans un mode de difficulté plus élevé (classé de D à A), mais c'est une carotte bien fade pour nous pousser à progresser... La déception. La GROSSE déception. Surtout qu'on ne comprend absolument pas ce qui a empêché Polyphony de proposer un vrai mode Carrière, étant donné qu'ils avaient toute la matière pour le faire... Au chapitre des déceptions plus légères, les 800 caisses proposées sont non seulement un peu vieilles (à l'exception de quelques modèles récents qui se comptent sur les doigts d'une main), mais on ne peut surtout absolument pas les améliorer. Les réglages sont bien sûr de la partie (garde au sol, amortisseurs, angle de pincement, etc.), mais pas les améliorations payantes des habituels GT, à savoir l'ajout d'un turbo, l'achat d'un moteur plus puissant, d'un allégement de carrosserie... Dommage.
Des duels pour oublier
L'avantage des jeux portables modernes, c'est aussi cette facilité d'organiser des parties multijoueurs sans spliter un écran en deux ou quatre. Alors si l'on pourra une fois de plus reprocher à Gran Turismo PSP de ne pas proposer de mode "Infrastructure" (jouable via internet), on appréciera tout de même la qualité de son mode "Ad-hoc", jouable de deux à quatre en local et franchement fun. Les options ne manquent pas, avec la possibilité d'infliger des handicaps d'une course à l'autre, d'attribuer des bagnoles aléatoirement, de donner un coup de boost au joueur le plus mal placé, de retirer les collisions (pour ne pas avantager ces bourrins qui s'appuient sur vous dans les virages, comme Traz)... Il y a même un principe de "Jackpot", qui permet à un ou plusieurs joueurs de multiplier ses gains en fin de course (Dieu merci on gagne aussi des crédits en multi, pour se payer de nouvelles caisses). Un vrai plus, mine de rien.
Bref, Gran Turismo PSP réussit le pari de nous proposer un vrai Gran Turismo portable... mais pas complètement. Côté gameplay et réalisation, il fera tomber la mâchoire des plus blasés d'entre vous ; mais côté contenu, il décevra forcément l'immense majorité des fans de la saga... Un Gran Turismo sans mode Carrière, c'est presque une hérésie ! Il y a de quoi faire cependant, avec des dizaines d'heures de jeu en perspective avant d'en faire le tour, un mode multi hyper sympa... et surtout aucun équivalent à ce jour sur PSP. À vous de voir maintenant ce que représente pour vous un mode Carrière dans Gran Turismo...