Le milieu des années 90. L'âge d'or de Square. En l'espace de quelques années, Secret of Mana, Final Fantasy VI et Chrono Trigger. Tout est dit. Le trio de l'aventure made in Japan. Trois pépites brillant encore aujourd'hui au firmament ludique. La Super Nintendo nous menait loin. Une époque qui ressuscite désormais sur Nintendo DS. Place aujourd'hui à Chrono Trigger, un titre qui, en 1995, avait tenté de bouleverser les codes du RPG traditionnel avec un rare talent. Un chef-d'œuvre qui aura mis près de 15 ans à parvenir aux joueurs européens. A l'épreuve du temps, attention : révélation...
Une odyssée temporelle. Un périple vous happant dans la nuit des temps, avant de vous projeter dans le présent, pour mieux vous envoyer tutoyer les lumières chaudes d'un futur apocalyptique... Voilà le voyage unique que vous propose Chrono Trigger. Vortex temporel. Fuite du temps. Course contre la montre. Une thématique suffisamment riche, et bien menée, pour conférer à cette épopée un rythme, une ambiance... et pour tout dire, un charme uniques. Car oui, une magie indicible émane du titre. Un sentiment perceptible dès les premiers instants tant la narration se veut rapide, mouvante, vous propulsant dès le prologue dans un maelström fait d'action, d'aventure, et de surprises. Partons défier le temps en compagnie de Chrono, Lucca, Gren... à la recherche de leurs amie Marle happée dans une autre époque. Place au dédale du temps où vos actions pourront changer le cours de l'Histoire.
Bonne étoile et audace
A l'origine du projet, un trio de réalisateurs d'exception : Hironobu Sakaguchi (père des Final Fantasy), Yuuji Horii (créateur des Dragon Quest) et Akira Toriyama (réalisateur des Dragon Ball). Une Dream Team qui aura ainsi supervisé l'un des tout meilleurs jeux de rôle japonais de l'Histoire. Ajoutez une bande-son culte composée par le duo Yasunori Mitsuda et Nobuo Uematsu (quelques morceaux seulement), et vous commencerez à tutoyer le nirvana ludique. Mais au-delà des grands noms, sa force, Chrono Trigger la puise aussi dans ses prises de risques. De nombreuses idées, inédites pour l'époque, faisaient ainsi leurs premiers pas. A commencer par la disparition des sacro-saints combats aléatoires des RPG japonais. Ici, à l'image d'un Action/RPG, les joutes s'effectuent directement dans les décors traversés. Pas d'écran séparé, pas de transitions pesantes pour des combats moins statiques, pour la plupart vite expédiés. Vos ennemis sont visibles à l'écran. Il vous sera souvent possible de les éviter. D'autres vous tendront des pièges. Les combats restent au tour par tour, mais la frustration d'être constamment interrompu lors d'une phase d'exploration s'estompe globalement. Jubilation ! D'autant que cette version DS offre un nouveau mode de représentation. Ainsi il est possible de déporter toutes les informations sur l'écran du bas. En haut, le jeu vierge de toutes mentions. En bas, les statistiques de vos héros, leurs capacités, les menus... Les cases bénéficient d'une taille suffisante afin de pouvoir être activées avec le pouce. Pratique. Intuitif.
A l'épreuve du temps
Pour transcender une aventure soignée dans la forme, il fallait que Square dote son jeu d'un fond des plus travaillés. A ce titre, le système de combat se révèle d'une efficacité confondante. Ainsi vous pourrez constituer des équipes de 3 combattants, apprendre des capacités propres, et mêler les aptitudes de certains de vos équipiers pour réaliser de dévastatrices combinaisons. L'entraide entre personnage se révèle d'ailleurs primordiale pour certains assauts combinés, ou des attaques de zones. Notons toutefois que la difficulté générale se révèle assez peu élevée. Les combats sont vifs. Aucune avalanche de menus. Chrono Trigger soigne constamment son rythme, sans pour autant oublier d'être un rien tactique. Problème de cette qualité : vous serez souvent hésitant lorsqu'il faudra constituer votre équipe d'attaque. Tous se complètent... et heureusement, chacun montera de niveau, même s'ils ne font pas partie de votre roaster. De son côté, la réalisation se montre tout aussi éblouissante. Véritable prouesse technique en 1995, Chrono Trigger reste encore aujourd'hui une pépite 2D. Les forêts sont denses, les canyons escarpés, les villes animées, les héros charismatiques. Autre innovation de l'époque, pour l'une des premières fois dans un jeu vidéo, une large palette de fins s'offrait aux joueurs pour concrétiser les choix cruciaux effectués en cours d'aventure. Des fins multiples puisqu'il est possible d'en compter 13 (dont une inédite à la DS faisant la transition avec Chrono Cross). Certaines heureuses. D'autres plus sombres. Cette version DS comprend d'ailleurs une zone "Extra" référençant de nombreux éléments (artworks, cinématiques, personnages rencontrés, techniques de combats, différentes fins, etc). Une petite encyclopédie ingame. Bien vu. Près de 15 ans après sa sortie initiale, cette version DS permet tout d'abord une chose simple : offrir aux joueurs français leur premier contact « officiel » avec Chrono Trigger. A ce titre la qualité de la traduction est à souligner. Petits plus de cette versions DS, l'apparition des cinématiques (dessin animé) de l'adaptation sorti il y a quelques années sur PSone. Les amateurs de joutes en multi seront aussi ravis de découvrir un nouveau mode de duels en Wi-Fi permettant d'entraîner des créatures et affronter celles d'amis. Sans parler des deux quêtes inédites. L'une directement intégrée à la trame principale, l'autre disponible une fois l'aventure achevée une première fois. Soit une bonne vingtaine d'heures de jeu.
Genèse d'une saga légendaire
Pour ceux qui auraient une tendresse particulière pour Chrono Trigger... sachez que deux suites ont vu le jour. Grâce à No Life, vous pouvez en apprendre plus en vidéo (là, juste au-dessus). La première suite est restée exclusivement réservée au Japon. C'était en 1996, sur le système de téléchargement de la Super Nintendo, le Satellaview. Titre de l'aventure ? Radical Dreamers : Nusumenai Hoseki. A ce sujet précis, pour les amateurs d'anecdotes croustillantes, je ne saurai d'ailleurs trop vous conseiller l'écoute du podcast « La Saga Super Nintendo ». Autre titre de cette constellation mythique : Chrono Cross sur PlayStation en 1999. Un titre fort. Techniquement somptueux et doté de nouvelles compositions enchanteresses de Yasunori Mitsuda. Mais ceci est une autre et belle histoire...
Quant à la genèse de cette saga, elle repose désormais, là, dans le creux de vos mains. Pour un voyage à travers le temps à la recherche de ce que le jeu vidéo a de plus beau à nous offrir : d'immortels souvenirs.