Adepte des soirées latex, notre ami Ryu Hayabusa a repris du service dans son costume de Ninja des temps modernes. Sur 360, il prend le pari de nous en foutre encore plus plein la tronche que dans l'illustre premier épisode sur Xbox. Au programme : de l'action non stop, du sang, des membres découpés et... heu... une scénario de ouf malade ?
"Dans cette suite pleine d'action de Ninja Gaiden, vous incarnez Ryu Hayabusa, l'ultime Ninja. Pulvérisez tout sur votre passage dans cette quête pour venger votre clan et empêcher la destruction de la race humaine par un ennemi féroce et impitoyable. Grâce à vos techniques spéciales, vos armes fatales et la ténacité des Ninja, vous sèmerez la mort pour sauver votre honneur"... Je n'invente rien, c'est exactement le pitch résumé au dos de la boîte, et ma foi ça résume très bien tout le concept métaphysique derrière cette œuvre d'une profondeur abyssale. Plus sérieusement, si Ninja Gaiden II ne brille évidemment pas par la finesse de son scénario - dont on ne parlera pas plus longtemps, je vous rassure - c'est d'abord parce qu'il s'en cogne comme de son premier shuriken, mais surtout parce qu'il s'est comme d'habitude concentré sur l'essentiel : une réalisation d'enfer doublée d'un système de combat aux petits oignons (et au Tabasco).
Ca arrache !
La plus grande nouveauté de ce deuxième opus saute à la tronche dès les premières minutes de jeu, lorsqu'on commence à user de sa lame sur les premiers ennemis. Ces derniers défilent à la chaîne, le bain de sang est impressionnant et... les membres volent à chaque tranchage bien placé ! Ce ballet de bras, de têtes et de jambes coupés est impressionnant de violence, la mise en scène est soignée jusque dans les moindres détails, et les scènes de sauvagerie s'enchaînent à un rythme vraiment dingue. Ninja Gaiden II est un défouloir exceptionnel, qui assume à 200% son statut de beat'em all super old school. Tout cela en se basant donc sur un système de combat proche de la perfection. "Presque" car on relèvera quelques petits défauts, notamment la caméra un peu proche qui peut s'avérer stressante dans les lieux étroits, ou encore ces temps de chargement incessants en cours de jeu, mais globalement on profite d'une liste de combos incroyables, d'une jouabilité ultra instinctive et d'un gameplay aussi bien réglé que rapide et pêchu... Les armes sont en plus ultra variées et s'adaptent à chaque situation et à chaque type de monstre (on peut désormais en changer à la volée, en plein jeu). L'ensemble paraît enfin plus accessible (ou tout du moins un brin moins difficile) que le premier Ninja Gaiden, mais il faudra tout de même s'accrocher pour en voir le bout, faire de bons classements, etc.
Ramasse tes yeux
La claque est également visuelle, une fois de plus, malgré quelques petits défauts tout de même... D'abord ce côté parfois très "carré" dans les environnements, ce flirt fréquent avec le mauvais goût aussi... et puis ces quelques décors qui se laissent aller à la facilité ! Cela dit, globalement, c'est très clairement à la hauteur de nos attentes sur cette génération hachedé : certains décors sont juste magnifiques, les animations épatent et les détails ne manquent vraiment pas, comme lorsque Ryu enlève le sang de sa lame d'un geste sec, entre deux salves d'ennemis, ou quand un ennemi débarrassé de ses deux jambes, baignant dans son sang, tente de se glisser jusqu'à vous pour se faire exploser à vos pieds ! Nos yeux se régalent également durant les coups spéciaux et autre magies lancées par Ryu, et tout cela s'enchaîne à un tel rythme, avec de toutes petites pauses, qu'on se gave sans compter jusqu'à l'écœurement.
Ecœurement ?
Lorsque je joue à Ninja Gaiden II, je passe rapidement d'un état de trip intense, limite "zone", à une espèce de lassitude qui me fait faire de bonnes grosses pauses pour me changer les idées... Charcler des membres à outrance dans des niveaux où les ennemis arrivent sans fin, ça fait toujours plaisir quand le jeu est aussi attrayant (notez que les ennemis sont d'ailleurs très retors, très agressifs, ce qui rend le jeu plus intense encore), mais bon, avec le temps ça me passionne de moins en moins. Peut-être que le level design minimaliste de cet opus est le premier coupable ? C'est simple : on est au niveau zéro du genre sur ce point ! L'architecture des niveaux est encore plus paresseuse que dans le premier opus... On est en tout cas toujours très loin des softs qui ont su renouveler le genre ces dernières années, God of War en tête. Reste que tout ce que s'attache à faire Ninja Gaiden II, il le fait bien... Voilà donc une série qui garde toute son aura et toute sa maîtrise du combat, mais avec une suite qui, passé l'effet de surprise de son incroyable sauvagerie, manque quand même clairement d'ambition. La vanité de Tomonobu Itagaki aurait-elle trop réduit son boucher de ninja à son plus élémentaire talent ?