Vous vous souvenez de Tenchu ? Cette série d'infiltration / action 3D dans la peau d'un ninja, qui est descendue dans les abysses de la médiocrité pour finalement disparaître au début de cette génération de consoles ? Avec Julo, on se disait récemment que ce serait bien de la ressusciter en grandes pompes et avec les moyens... En attendant, Mark of the Ninja est tout ce que Tenchu n'a pas su être sur consoles HD. Mais en 2D...
Je sais que nous sommes un peu en retard sur ce test, et je m'en excuse, mais j'avoue que j'aurais cru boucler ce Mark of the Ninja beaucoup plus rapidement que ça. On a, après tout, l'habitude que les titres Xbox Live Arcade ne soient pas forcément aussi longs que ceux qui sortent en boîte (quoique les exemples inverses ne manquent pas) : mais avec un titre rythmé à l'infiltration, riche et aussi bourré de contenu que lui, ça m'a pris pas mal de temps. Et donné beaucoup de plaisir.
Ninjactuel
Si on incarne bien un Ninja, qui devra user de ses talents de discrétion et de son matériel classique pour progresser sans se faire repérer si possible, Mark of the Ninja opte pour un univers bien différent de celui des Tenchu. Contemporain, il placera sur la route du héros des dangers à sa mesure : armes à feu automatiques, systèmes de sécurité à détection aux lasers, au mouvement, ou autre, lasers meurtriers, tourelles automatiques, et j'en passe. Régulièrement plongés dans l'ombre, les niveaux en représentation 2D forment le coeur du challenge et de l'exploration. En s'accrochant aux murs, en se planquant derrière des objets, en explorant les conduites d'aération, en usant du grappin pour s'élever sur des réverbères ou s'accrocher aux plafonds, le joueur découvrira bien vite l'étendue des possibilités. Et elle est assez faramineuse, régulièrement renouvelée par l'ajout de nouvelles embûches et techniques pour les contourner. Rien de tel que d'introduire des chiens qui vous reniflent même dans l'ombre la plus complète, par exemple, et des pétards radio-commandés pour détourner l'attention au bon moment. Mark of the Ninja débute, ainsi, comme un titre en 2D qui parait bien ficelé mais assez ordinaire, et passé le premier quart d'heure de jeu, on se rend compte qu'on s'est trompé : il est bien plus que cela.
Ninjamusant
On retrouve les mécaniques classiques de l'infiltration : système d'alerte, corps à planquer, lumières à détruire en silence, zigouillages en règle dans le dos, utilisation des couvertures... Mais aussi bien plus : la classe et le fun d'incarner un mec surentraîné et capable par exemple d'user de la "concentration" : d'une pression du bouton, le temps se ralentit, pour permettre par exemple de viser et d'accrocher différentes cibles avec des shurikens, au beau milieu d'une chute vers des lasers mortels qui se désactiveront au dernier moment si on a visé juste. Avec ses zooms sur les "stealth kills", son esthétique dans le goût de Shank (le précédent titre des développeurs), son ambiance réussie et tout un aspect de progression du personnage avec capacités à acheter, meilleurs scores à l'appui, classes de personnage à débloquer, challenges secrets à débusquer, etc., les douze niveaux du jeu sont bourrés de surprise et de fun, qu'on réexplorera avec d'autant plus de plaisir en New Game + avec une difficulté accrue (gardes plus alertes, indicateurs en moins, vision plus réduite, etc.). Des objectifs secondaires conduisent ingénieusement le joueur à user de techniques avancées, pour par exemple effrayer les gardes, qui peuvent se mettre à descendre leurs potes quand ils paniquent, utiliser le décor pour éliminer des cibles, ce genre de choses. Et c'est incroyablement fun, d'autant que les animations des personnages, en 2D, et la direction artistique de Jeff Agala, toute en ombres et en contrastes, sont absolument sublimes.
Ninjalicious
Vous l'aurez compris : sous ses airs de "petit jeu téléchargeable", Mark of the Ninja est un bijou pour tous les amateurs d'infiltration. Il montre, une fois encore, que la 3D n'est pas obligatoire pour susciter des sensations variées de tension et de plaisir dans ce genre finalement peu représenté, et aussi qu'on peut en avoir pour ses sous en dématérialisé, avec du contenu, des idées, et un gameplay exigeant et riche. Certes, il n'est pas parfait non plus, avec notamment quelques petits soucis de maniabilité parfois (lorsqu'il s'agit par exemple de passer d'un plafond à un mur), et on mourra ou déclenchera une alarme parfois à cause de cela, mais c'est suffisamment rare et peu impactant pour ne pas trop entâcher un plaisir de jeu authentique et soutenu de bout en bout par une qualité et un renouvellement qui font plaisir à voir.
Si Shank était encore un peu brouillon à bien des égards, Klei Entertainment livre avec Mark of the Ninja un titre abouti, riche, visuellement sublime et dont l"infiltration 2D, reposant sur un level design ingénieux et un gameplay profond, n'a rien à envier aux titres majeurs du genre en 3D temps réel. Une réussite incontestable à un prix dérisoire (1200 MS Points).