L'an dernier, la révolution footballistique a sonné. Par son Impact Engine offrant un jeu physique surprenant, son système défensif revu et moins assisté, son I.A. plus agressive et sa conduite de balle retravaillée, FIFA 12 a marqué l'aboutissement pour une lignée d'excellence entamée en 2007. Mais plutôt qu'une fin, il fallait y voir un commencement. Une fantastique base, encore imparfaite, à polir pour en tirer un nouveau joyau. EA Canada ne s'est pas fait prier et l'on peut dire qu'ils ont poli. Comme des cochons. D'ailleurs, je ne vais pas y aller par quatre chemins : le fruit de leurs efforts me permet de remiser la précédente version au placard sans aucun état d'âme. Mais genre aucun.
On a tendance à penser que le football virtuel est limité. Des scripts, des lignes de codes, font que, bien que les matchs aient tendance à ne pas se ressembler lorsqu'on les enchaîne, certaines phases et combinaisons plus efficaces se répètent. D'un côté, c'est rassurant. Cela reste du jeu vidéo, un amusement qui n'a pas pour vocation de calquer la réalité dans ses moindres détails et provoquer d'éventuelles frustrations. Et puis on en profite bien de ces petites routines, comme les tirs enroulés au deuxième poteau qui rentrent presque à tous les coups après un contrôle parfait, sur une passe tendue, au milieu de cinq gars. Mais est-ce que cela est réaliste ? On a tendance à le croire, en bons fans de milliardaires en shorts qui nous offrent toujours plus de rêve chaque semaine. Pour autant dans notre monde à nous, le soleil est partout, certes, mais on n'a jamais de certitudes. Un Messi et un Cristiano Ronaldo peuvent parfaitement se chier dessus à la réception d'un ballon qui paraît anodin. Un Piqué et un Chiellini font parfois preuve de trop d'assurance, de hargne, ou jugent mal une trajectoire. Il n'y a pas de vrai surhomme. La magie du football réside dans son imprévisibilité. Chaque instant d'un match laisse parler la technique, le talent, les capacités des joueurs, individuellement et collectivement. N'empêche qu'il ne faudrait pas oublier que l'improvisation existe. A un très fort ratio. Cela pour une raison simple. Tous comme les 22 acteurs sur le terrain, le ballon vit. Cet aspect, FIFA 13 l'amène via un super système de contrôle baptisé intelligemment First Touch Control. Avec lui, vous allez connaître la peur, l'excitation, la joie, les larmes. Et découvrir un nouveau palier d'authenticité dans un jeu de foot.
Alive and kicking
Expliqué simplement, le First Touch Control signifie que les joueurs n'agissent plus comme des aimants vis-à-vis du cuir. Plus question que celui-ci colle systématiquement et automatiquement à n'importe quelle partie du corps lors d'un contrôle ou qu'il demeure dans un rayon acceptable quand on le pousse trop à l'aide du stick droit. Comme dans la vraie vie, il faut prendre en compte des tas de paramètres. La qualité de la passe, la zone du corps qui va tenter d'amortir ou de conduire le ballon, s'il y a tentative de changer sa trajectoire, les conditions climatiques, le pressing opéré par des adversaires... Et, bien entendu, l'aisance technique du joueur impliqué. Cela va de soi qu'avec les surdoués d'aujourd'hui, vous n'aurez pas beaucoup d'efforts à fournir manette en mains pour réussir un amorti poitrine en pleine course. Avec d'autres, en revanche, ne pas s'appliquer vous verra pousser la "gonfle" dans les pieds adverses après trois touches maladroites. Cette composante apporte un réalisme très soutenu dans toutes les situations. Parce que moteur physique optimisé. L'effet de surprise est garanti. En ce qui me concerne, jamais je n'ai trouvé ça injuste ou arbitraire. Après tout, si vous prenez un but après une remise haute et tendue vers un stoppeur peu agile et convenablement pressé par un renard des surfaces, c'est de votre faute. De même si votre passe en profondeur est trop appuyée, trop hâtive, et donc difficilement à portée de l'attaquant visé alors qu'un boulevard s'ouvrait vers le but. En cela, FIFA 13 instille une notion de prise de risque. Les meilleures conditions donnent les meilleures situations. Mais si vous tentez quelque chose d'un peu fou... Le ballon a des chances de vivre sa vie comme il t'entend, vous fera sa crise, sa p'tite parano, et finira probablement au fond de vos cages. Et vous aurez été prévenu.
Vous voulez un soin ?
Evidemment, les évolutions ne concernent pas que le rapport des joueurs et du terrain à la sphère. Ce FIFA-là est un sacré numéro parce que les gars dans l'arène ont clairement gagné en intelligence et en vivacité, il respectent parfaitement les consignes (dont le marquage individuel dans le menu de formation). Allons-y poste par poste. Le gardien, tout d'abord. Solide sur ses appuis, un peu plus sûr dans ses sorties, il fait montre d'une bien belle réactivité sur une situation que tout le monde connaît : le tir qu'il ne bloque pas et rebondit un ou deux mètres devant lui. Quelle que soit la position de son corps après le premier impact, il va tout faire, et très vite, pour récupérer le "précieux". Au grand dam du buteur qui passait par là. Les arrêts en deux temps fleurissent. La nature est en fête. Et Dieu que ça fait du bien de savoir le dernier rempart plus sûr de ce côté. Concernant la défense, pas de doute, elle est en place. On note une vraie volonté de couvrir les zones laissées à l'abandon, de couper les trajectoires au maximum. Bon, après, je vais mettre un léger bémol car il arrive, un peu trop souvent à mon goût, que le rideau défensif ne soit pas aligné convenablement pour jouer le hors-jeu. Mais cela fait partie du côté imprévisible du titre. Et cela est clairement dû à des milieux et attaquants plus habiles et conquérants. Ils cherchent des espaces, tentent de se démarquer, proposent des solutions au porteur, créent des décalages pour induire les défenseurs en erreur ou ralentissent leur course en vue de, justement, éviter le hors-jeu. De fait, c'est un véritable jeu d'échec qui se met en place, avec des duels passionnants et les défenseurs ont une petite excuse pour devenir chèvre de temps à autre. Enfin, n'oublions pas que vous pouvez aussi mettre la main à la pâte et agir, tout de même.
Le football, c'est pas compliqué
Eh oui, mes petits potes, à un moment, il faut bien que vous aussi, avec votre petit pad, vous fassiez votre trou. Vous l'avez certainement déjà compris : FIFA 13 se révèle très exigeant. Les tentatives de transmissions plus ou moins bien orientées ou les tirs dits "Ave Maria" ont 90% de chances d'échouer. Enchaîner les passes dans n'importe quelle position sans doser ? Courir tout droit en jouant juste des coudes ? Ahahah, vous êtes mignons. Non, vraiment, avec cette intelligence artificielle et ce First Touch Control, il va falloir vous appliquer à produire du football. Du vrai. Qui se construit, parfois avec des passes en retrait, qui demande une certaine vision et quelques capacités de dribbles. Vous verrez, on s'adapte vite. EA fournit même les outils pour qu'on se sente à l'aise. Comprenez que les commandes répondent parfaitement et que les joueurs que vous dirigez auront toute la latitude pour que vous vous sentiez à l'aise en défense comme en attaque. Parlons justement de la défense tactique, un tantinet moins punitive que l'an passé. Le timing du tacle debout fait montre de davantage de miséricorde et, surtout, le bonhomme ne reste pas bloqué, il repart au combat de suite.
Ensuite, le jeu physique, à base de coups de coudes et autres caresses, a quelque chose de beaucoup plus satisfaisant que dans FIFA 12. Les errances de l'Impact Engine semblent carrément oubliées. Les mecs ont du poids, un vrai centre de gravité et toutes leurs attitudes transpirent le réalisme. Quoiqu'il en soit, les pros de l'anticipation devraient se régaler et gérer bien plus aisément qu'auparavant. En attaque, enfin... Que dire, à part que c'est un régal. La conduite de balle, la construction, les petites animations intermédiaires, parfois automatiques, pour se mettre sur le bon pied ou couvrir convenablement, les dosages, les patates de loin, les dizaines de feintes au stick droit... Grâce à cette I.A. qui nous décharge en partie des appels manuels incessants, et à quelques ajustements tactiques, il y a de quoi se forger un jeu qui corresponde à ses envies, ses forces. En prenant compte de l'adversaire, bien sûr. Me concernant, les parties contre des humains m'ont laissé entrapercevoir un assez bon équilibre. Et de vivre des instants - foirades ou ouvertures au millimètre, missiles sol-sol en maintenant L2/LT qui finit en lunette, décalages aériens dignes du Barça, duels gagnés dans un mouchoir de poche - d'une grande intensité. Et en ajoutant la possibilité de créer de vraies combinaisons sur coups francs (on peut appeler deux autres tireurs et tenter des feintes, avec un timing douteux par ailleurs) ou encore de modifier le mur, je crois que l'équipe de David Rutter a produit un titre ultra-complet.
"Vous connaissez Barthez ?" Traz, 19/09/2012
Ce qui me penser que j'ai omis de citer de nombreux détails, outre des licences à gogo, une bande-son qui tue et une réalisation en béton, à base de modélisations réussies et d'animations bluffantes, venant encore renforcer l'authenticité. Il y a d'abord le choc : beaucoup moins de temps morts. Vous vous rappelez ces neuneus qui pouvaient prendre la balle en touche pour jouer vite mais, en fait, non ? C'est fini. Maintenant, ils y vont et ça joue instantanément. Idem sur les coups francs, il est rare qu'une coupure vienne gâcher la fête. Une fête que l'on peut qualifier de totale dans les stades (encore en grand nombre et qui accueillent à toute heure), l'ambiance restant toujours soutenue, vivante. Y compris à l'écran où l'on peut apercevoir des remplaçants qui s'échauffent, un entraineur éloigné de son banc pour donner ses consignes... Quant aux commentaires, pas de grandes nouveautés. Il s'agit en grande partie des textes de l'an passé pour messieurs Mathoux et Sauzée. Avec quelques menus ajustements et un troisième larron, sur le terrain, pour donner des nouvelles d'un éventuel blessé. C'est propre, parfois bien vu, parfois à côté de la plaque. Mais de manière globale, ça passe. Simplement, il faut que ça sorte : le "Peeeeeeeeeeut-être le but" du journaliste de Canal Plus me tape définitivement sur le système.
L'orgie de modes de jeu
Vous l'aurez compris, sachant que l'ensemble irradie l'amour de "ce sport qui se joue à 11 contre 11 et à la fin, en ce moment, c'est mon cher ami Sébastien-Abdelhamid qui gagne", rien qu'avec des soirées entre potes, on atteint une durée de vie quasi-infinie (enfin, disons une année, quoi). Oui mais voilà, encore une fois, EA sert un menu ultra riche et copieux qui saura rassasier même les plus affamés. Je ne vais pas entrer dans les détails pour tous, mais je concède un effort. Je passe rapidement sur : l'Ultimate Team, amélioré depuis l'an passé et qui ravira les fans ; le mode Saisons pour gravir les échelons en ligne ; le mode Carrière plus complexe et prenant en compte davantage de paramètres pour les transferts (dont les envies des joueurs) ; les match amicaux ou en Pro (on incarne un seul joueur sur le terrain) ; le centre de création ; les matchs en direct, avec des effectifs qui s'adaptent à la forme dans le monde réel, tous comme les commentaires ; l'EA Sports Football Club pour checker votre niveau et de nouveaux défis. En revanche, je vais un peu m'étendre sur les menus d'entraînement. L'Arène est désormais accessible par le menu principal et elle ne figure plus comme le passe-temps d'avant-match. Non, maintenant, vous avez droit à des jeux techniques pour améliorer votre toucher de balle. Vous ferez joujou avec les passes au sol, les passes lobées, les dribbles, les tirs, les tirs avancés, les centres, les coups francs et les tirs au but. Huit ateliers, comprenant trois niveaux de difficulté... Et un quatrième, intitulé défi technique, qui va vous forcer à dompter le Full Manuel (FUMA) qui représente le Graal des joueurs de FIFA. On saluera l'effort, qui s'accompagne d'un tuto concernant d'autres aspects, même si je regrette qu'il n'y ait toujours pas d'entrainement pour ces foutues feintes dont je ne retiens jamais les manipulations. Mais je m'égare.
Message personnel
Je profite d'un dernier paragraphe pour vous rappeler certaines choses. J'ai bénéficié d'un peu moins d'une semaine pour en accomplir le test et ai effectué des dizaines de matchs, contre le CPU ou des amis. J'estime mon niveau à "pas trop dégueu mais en revanche je ne me rappelle jamais des manipulations pour les dribbles". Vous le savez, une simulation de foot, ça se découvre sur le long terme, en multipliant les parties et les partenaires. De fait, il y a certainement des tas de choses que je n'ai pas vu et qui m'exploseront au visage d'ici quelques jours, semaines, mois. Peut-être au niveau des défenses, que je crains un peu, et qui vont laisser entrevoir des failles abominables. Peut-être que les balles sont trop attirées par les poteaux, comme j'ai pu le voir durant une après-midi. Peut-être aussi que certains joueurs dits "cheatés" peuvent trouer une défense en faisant n'importe quoi et sans respect pour le moteur de collision, ou encore choper la lunette opposée d'une frappe enroulée du coin de la surface. Peut-être que l'arbitrage se montrera pénible (je n'ai fait face à aucun scandale). Peut-être qu'on dénichera des bugs affreux. Tout cela, je n'en suis pas certain. Seul le temps de jeu nous le dira. Pour l'heure, j'enchaîne sur une conclusion enjouée.
A moins de n'avoir pas lu une seule des lignes qui précèdent ce paragraphe, vous aurez pigé que j'ai adoré le temps passé sur FIFA 13. Que, malgré quelques peurs éprouvées concernant l'alignement défensif, je n'ai pas trouvé beaucoup à lui reprocher. Il y a tout ce que j'attends d'un bon jeu de foot. Il est réaliste, terriblement exigeant, riche de possibilités et gratifiant. La joie éprouvée au terme d'une belle action défensive ou offensive, après un beaut but ou un cassage de rein en règle est incroyable. Car elle découle généralement d'un calcul de risques de la part du joueur. Et lorsque le risque paye, forcément, on se lève de son siège et on célèbre en mimant la mitraillette... Autrement dit, c'est une bombe et il y a de quoi bouffer pour toute la saison. Celle-ci peut commencer, je suis prêt à botter des culs.