Le 17 mai 2011, le jeu de rôle numérique s'est pris une grosse claque dans sa gueule. The Witcher 2 : Assassins of Kings et son héros, le sorceleur Geralt de Riv, ont déboulé sur PC, taillant en dés pratiquement tout ce que l'industrie avait pondu jusque là. Le niveau s'est élevé d'un coup. Le choc a été terrible. Car on a découvert que, oui, un RPG dans un univers médiéval-fantastique peut être beau à pleurer sans se montrer trop dirigiste ; oui, il peut se permettre une écriture mature (à la Game of Thrones, diront certains), des personnages nuancés et un univers cohérent de bout en bout ; oui, il peut amener des combats dynamiques, dont on n'aura pas fait le tour au bout d'une heure. Bon, malgré une excellence indéniable, il demeurait quelques corrections à apporter. Et les développeurs polonais de CD Projekt s'y sont attelés. De façon à ce qu'une Enhanced Edition (édition améliorée et complétée de tous les DLC et patchs sortis, ainsi que quelques nouveautés) voie le jour, gratos, en téléchargement pour les pécéistes. Et que les possesseurs de 360 bénéficient directement du meilleur, dans une adaptation pour le moins attendue.
Débutons ce test par l'un des points qui soulevait le plus d'inquiétude : la technique. Une Xbox 360 n'en a pas autant sous le capot qu'un gros PC. En termes visuels, cela se ressent. Forcément, on ne retrouve pas le même niveau de détails. Les textures sont moins fines, surgissent parfois avec un temps de retard, la plupart des filtres et effets de flou se sont fait la malle, la distance d'affichage se révèle plus restreinte. Et il a fallu concéder un découpage en zones plus petites. Là où, sur PC, chaque chapitre ouvre sur une carte dont on parcourt le moindre recoin sans aucun temps mort, il faut cette fois s'accommoder de portes et murs inédits, d'écrans noirs le temps qu'une nouvelle pièce se charge. Rien de bien méchant, surtout si vous optez - et je ne peux que vous le conseiller - pour l'installation sur disque dur des deux DVD. Mais dans l'ensemble, est-ce que The Witcher 2 apparaît moyennasse sur la console de Microsoft ? Que nenni. Des personnages humanoïdes aux différents monstres croisés en passant par des décors d'une fantastique diversité, cela demeure somptueux. J'ai même envie de placer "orgie visuelle", juste comme ça. Quoiqu'il en soit, ça tue et cela profite méchamment à l'immersion.
Un, dos, Triss
Maintenant que nous sommes rassurés sur l'aspect visuel, je vais enfin parler du jeu, de la richesse et de la variété de ses quêtes, offrant toujours de multiples options, de sa qualité d'écriture, de ses personnages aux multiples facettes, de son héros dont vous façonnerez aussi bien le style de combat - via les arbres de compétences - que la destinée (vos choix pouvant vous amener, par exemple, à un second chapitre totalement différent), de ses combats bourrins et tactiques à la fo... Ah. Attendez. On me donne des consignes. A savoir, en premier lieu, vous emmener lire le test de la version PC écrit par Fumble. Soit. Après tout, c'est bien le même jeu à la base. Allez-y, je vous attends... C'est bon, vous l'avez parcouru ? Parfait. Donc je vais me contenter d'apporter les précisions concernant les spécificités de cette Enhanced Edition sur machine de salon. Commençons par l'interface et la prise en mains. Vous ne le savez peut-être pas, mais, sur ordi, The Witcher 2 s'avérait parfaitement jouable avec un pad. Un signe qu'une version console n'aurait pas trop de mal à voir le jour. Alors, pas de surprise, tout roule. Précisons tout de même que le tutoriel a quelque chose d'obligatoire pour bien assimiler les combinaisons de touches, les différents raccourcis pour utiliser magie ou armes de jet et se balader dans une interface assez dense, surtout lorsqu'il s'agit de naviguer dans l'inventaire. Pour le reste, aucun souci majeur. Geralt répond bien à nos sollicitations, il attaque, esquive, pare, contre (lorsque l'on acquiert la capacité - essentielle) et lance ses magies sans accroc. Le petit truc qui fait du bien, pour s'affranchir d'une caméra parfois un peu folle et d'une fâcheuse tendance du héros à changer de cible en pleine rixe, c'est la nouveauté du verrouillage manuel, en maintenant une gâchette. Un vrai bonheur. D'autant en difficulté normale, où l'entame, à bas niveau et sans compétences, se montre compliquée dès lors qu'il y a plus d'un ennemi. J'ai encore les fesses toutes rouges de mes affrontements avec des spectres ou des brouxes, tiens. Et concernant les mini-jeux (bras de fer en faisant glisser le stick, duel au corps à corps en QTE ou jeu de dés avec lancer au stick droit), même chose : ça baigne dans l'huile. Bouillante, cela va de soi.
Il est déjà Witcher ?
Vous me pardonnerez, je me permets maintenant d'attirer l'attention des joueurs PC. En parcourant le test de Fumble, vous aurez remarqué qu'il y fait allusion à un chapitre 3 moins fourni, assez bref. Et par conséquent, décevant. Il le qualifie même de fail, ce fripon. Bonne nouvelle, cette édition rectifie un peu le tir en offrant de nouvelles quêtes, dont je ne révèlerai pas la teneur, qui renforcent sensiblement sa longueur pour qui souhaite tout faire. Une très bonne chose. Et d'autres éléments ont changé. Par exemple, entre les chapitres, on trouve des cinématiques inédites, avec une narration abandonnée à un des compagnons de route de Geralt, le facétieux barde Jaskier. Et n'oublions pas l'épilogue. Ah, il avait fait couler tellement d'encre à l'époque ! Trop brutal, pas assez épique. Alors que, en ce qui me concerne, je l'avais trouvé particulièrement bien amené. Bref. Là, mes cochons, il y a bien plus de biscuit à croquer. Cette fois, les conséquences de vos choix seront bien expliquées et vous aurez le loisir de savoir ce qui vous attend dans une suite qu'on savait déjà prévue. Et qui, espérons-le après visionnage de ces nouveaux éléments, va se pointer le plus vite possible. Genre demain. Ce serait bien demain, non ?
Vous l'aurez compris, The Witcher 2 : Assassins of Kings sur 360 ne fait vraiment pas honte à la nouvelle machine qui l'accueille. C'est, dans le fond, la même came que l'on trouve sur PC, avec des graphismes qui, tout en étant moins fins et détaillés, demeurent sacrément flatteurs pour nos petits yeux. Personnellement, ce test m'a donné l'occasion de le finir pour la quatrième fois en moins d'un an. Et j'ai encore envie d'y retourner. Alors soyons clairs : si vous avez une Xbox 360, que vous aimez les RPG pêchus et riches, ainsi que les univers fantasy adultes et affranchis de toute envie de verser dans le cucul la praline, et que vous ne courez pas l'acheter, c'est simple : vous avez raté votre vie ! Et c'est moins cher qu'une Rolex.