Trente ans. Nom de nom, ça fait trente ans que Choplifter est sorti sur Apple II. Ce genre d'anniversaire, ça ne nous rajeunit pas. Surtout, ça se fête. Et comment donc, je vous prie ? Eh bien avec un remake qui, naturellement, reprend le principe de cet immense classique en y intégrant idées neuves et réalisation moderne. Le studio InXile s'y est collé et le le résultat se montre, dès les premiers instants, très intéressant pour les nostalgiques. Mais ce jeu téléchargeable dispose-t-il d'atouts suffisants pour contenter plus que les fans de l'original ?
Si vous ne connaissez pas Choplifter, je vous rassure, vous n'avez pas raté votre vie. Mais bon, il faut tout de même, pour votre culture, savoir que cette franchise compte parmi les plus appréciées des années 80 (c'est l'ancêtre de Desert Strike), jouée sans relâche en salles d'arcade ou encore sur Master System. Le concept, repris à la lettre dans cette version estampillée HD, ferait frémir n'importe quel fan de Supercopter. Vous voilà pilote d'hélico, parcourant des niveaux en scrolling horizontal de droite à gauche de l'écran, chargé de secourir des innocents coincés dans des environnements hostiles et de les ramener à votre base. Dis comme ça, ça a l'air cool. Mais il ne s'agit pas de récupérer un toto qui se serait paumé après un hors-piste nocturne à l'Alpe d'Huez. On parle de zones de conflits, avec des ennemis armés qui veulent du mal à tout intrus dans l'espace aérien.
Rotor's guild
Les premiers niveaux, sur une trentaine au total, vous permettent de vous familiariser avec des commandes très simples et intuitives. Propulsion et gestion de l'altitude au stick gauche, orientation des tirs (mitrailleuse ou missiles, placés sur les gâchettes) au stick droit, boost de vitesse et rotation de l'engin pour cartoucher les antagonistes situés au premier plan ou simplement effectuer un demi-tour : tout s'assimile sans problème. Reste que le très tranquille tutoriel laisse place à des situations requérant la prise en compte de nombreux facteurs. Il faut guetter sa jauge de carburant, faire attention à ne pas atterrir trop brutalement et ne pas oublier que les places à l'intérieur du monstre de fer sont limitées, avec des allers-retours à prévoir. Et veiller à ne pas encaisser trop de dommages. Ce qui devient rapidement compliqué, y compris en mode de difficulté le plus bas. Les militaires véhéments, jeeps et autres lance-roquettes ne manquent pas de vous arroser. Et, que vous fuyiez ou ripostiez, l'important demeure le sauvetage dans les temps. Le moindre cafouillis se voit sanctionné au score. Il est nécessaire de maîtriser son bestiau sur le bout des doigts, ainsi que les environnements, de manière à speeder sans se précipiter. L'aspect stratégique existe et motive clairement pour débloquer tous les stages ainsi que des hélicos plus efficaces en termes d'arsenal, de blindage ou de capacité.
Un bon choplifting ?
Avec son feeling à l'ancienne et son challenge plutôt relevé, le titre remplit une bonne partie de son contrat. Les efforts consentis sur l'ambiance sonore, avec des dialogues tordants, et la contextualisation de missions, lui octroient un intérêt supplémentaire. L'idée de missions de sauvetage au milieu... des zombies apporte un brin de fraîcheur. Hélas, cela ne masque pas pour autant une redondance certaine en termes de gameplay. Ce qui n'est pas le seul reproche que l'on peut adresser au jeu. Il y a aussi la réalisation, tout en 3D, qui accuse quelques années de retard et qui a bien du mal à justifier l'appellation HD. On apprécie la foultitude d'éléments à l'écran, le côté vivant des tableaux, mais les textures et différents effets visuels n'assurent pas le service minimum attendu en 2012. N'oublions pas, enfin, les quelques soucis (des otages se jetant sur les pales ou refusant de grimper sans raisons, par exemple) qui ont tendance à nourrir la jauge personnelle de rage du joueur qui, s'il n'est pas un mordu de style arcade ou de la licence, n'hésitera pas à décrocher.
On ne peut pas dire que l'expérience Choplifter HD manque de charme. Retrouver ce concept simple et efficace, qui a largement fait ses preuves il y plus d'une vingtaine d'années, a quelque chose d'enchanteur. Mais c'est indéniable : tout le monde n'y trouvera pas forcément son compte. Pour motiver une découverte tarifée, tout de même, à 15 € environ, il aurait clairement fallu une meilleure finition et l'apport d'idées capables de rythmer les pérégrinations du petit hélicoptère.