On a tous été amoureux d'une japonaise. Qu'elle soit réelle, virtuelle, en dessin animé, qu'elle soit une idol de la chanson ou en figurine à prix exorbitant "frais de port compris", qu'elle nous ait poussé à apprendre le japonais ou à donner un nom japonais à notre chat ou notre fille, on a tous, à un moment, eu un crush sur une japonaise. Même toi, amie lectrice, qui ne se sent que peu concernée par la question, mais qui, au plus profond de ton être, demeure admirative de ces jolies poupées aux fringues criardes, portées avec un sourire radieux, sans aucune honte. Jeu de drague étrange, objet commercial, AKB 1/48 s'adresse (peut-être) à chacun d'entre nous.
"J'ai 48 meufs et j'ai toujours la dalle !"
Mais soyons polis, présentons d'abord ces dames. AKB48, contraction d'Akihabara, est un groupe de Jpop composé, comme son nom l'indique, de 48 membres. Du haut de sa ramification à faire pâlir de jalousie les X-Men. Soit trois sous-groupes de 16, A, K et B plus trois autre groupes spin-off régionaux, ses mini-stars tels Atsuko Maeda et un vivier inépuisable de membres réservistes au cas où l'une des chanteuses se tape une bronchite ou se fait prendre, la main dans le sac, à boire de l'alcool ou à sortir avec un mec. Tout est dans la démesure, à la manière d'un Marvel VS Capcom où l'important n'est finalement pas la personnalité de chaque diva, mais la quantité de personnages proposée. Et musicalement, c'est... de la Jpop dont voici deux échantillons représentatifs.
C'est un roman d'amitié qui commence...
Voilà toute la bande partie en vacances sur l'île de Guam, très prisée par les japonais pour son ambiance paradisiaque. L'endroit rêvé pour faire non pas une mais 48 rencontres. Alors que tous les jeux du genre de type Tokimeki Memorial ou Sakura Taisen ne propose qu'une dizaine de nénettes, c'est le groupe dans son intégralité qui vous attendra contractuellement pour votre visite sur les plages ensoleillées, espérant profiter de vos mails et de vos coups de fil. AKB1/48 "Idol to Guam de Koi shitara" est donc un produit bricolé en vacances au même titre que les Petits Mouchoirs de Guillaume Canet, mais avec extrêmement de professionnalisme comme en témoigne les heures de making of fournies avec le deluxe pack. Ce dernier s'appelle, "S'il te plait ne me revend pas aux enchères sur Internet". Ca ne s'invente pas. Les véritables photos en maillot de bain offertes à l'intérieur devraient aider.
Un amour de vacances, une histoire sans lendemain
A la manière des "dates" à l'américaine, sortir avec une AKB est très codifié. Il faut lui faire la cour, lui dire ce qui lui fera plaisir lors de mini rendez-vous où elle sera quand même accompagnée par une autre fille. Pas la peine de penser à un plan à trois, les autres nanas vont se vexer bien vite de ne pas avoir d'attention quand elle ne quitteront pas d'elles-mêmes votre carnet d'adresses. Elles ont beau être 48, le schéma de séduction sera à peu de choses près le même pour toutes. Inutile de rêver à des stratégies un peu plus badass comme celle du gros dur ou du rebelle "Han Solo" à la cool qui marche bien dans la vraie vie. Dans l'ambiance colo pour jeunes idols, ces réponses nihilistes aux QCM seront plutôt mal perçues. Ironie, cette mécanique très figée est le fruit du travail d'Artdink, une société connue pour ses simulateurs de gestion de trains, Aquanaut's Holiday et ses différentes adaptations de Macross. Est-ce qu'ils aiment vraiment ça ou alors cachetonnent-ils ? Reste que les deux AKB sur PSP sont parmi leurs plus gros hits. Merci les fans, qui vont devoir s'accrocher, se dévouer à leur idole jusqu'à la victoire, c'est à dire une confession romantique.
Au rendez-vous de nos promesses
L'aspect un peu subversif pour l'oeil occidental, c'est qu'AKB1/48 est un des rares jeux d'aventure qui permette de draguer des filles de la vie réelle. Il en existe d'autres, des plus olé-olé, mais ici, il s'agit bien de leurs vraies identités, avec toutes leurs statistiques, leurs hobbies, leurs voix... Un monde bizarre où le distinguo entre le fictif et le réel ne se fait plus. Et bien que testeur dévoué, ma conscience me guide à toujours rester au-dessus de la barrière du "barely legal" et de ne draguer que les âgées (ou tout du moins les plus jolies parmi les plus âgées), une précaution qui ne vaudra peut-être pas pour le public japonais. Mais il y en a pour tous les goûts, sur 48, il y en aura bien une qui va plaire et sur laquelle on va se concentrer, pourvu que l'on soit habité par ce mythe de la femme asiatique.