Nom d'un champignon, quelle carapace a bien pu tomber sur la tête de Nintendo ? Voilà près de deux décennies que chaque épisode de Mario Kart (ou presque) hérite du sous-titre de la console à laquelle il se destine, y compris les crus arcade signés Namco. Et paf, tel l'éclair, cet opus 3DS se retrouve finalement affublé d'un "7", histoire de souligner qu'il s'agit du septième volet. Chercherait-il à prendre ainsi un nouveau virage, ou à surfer sur l'aspiration de sa lignée ?
Avant chaque épisode, Mario Kart passe consciencieusement au garage pour une petite révision, et bien entendu, les mécaniciens de chez Nintendo trouvent toujours quelque chose à changer... De la vraie 3D, des parties en quatuor et des contrôles analogiques pour la version N64, la mobilité et la course aux pièces avec l'opus GBA, différents karts biplaces pour la mouture GameCube, le jeu en ligne et des missions dans le cru DS, sans oublier le Wii Wheel et les motos de l'itération Wii, bref, la facture d'entretien de la série commence à être sacrément salée. D'autant que ces interventions n'ont pas toutes carburé du tonnerre, au point d'être parfois démontées par la suite. Heureusement le moteur de ce gameplay, fin mélange d'arcade et de convivialité, a su rester intact. Mais après tant d'années, notre bolide donne quand même de légers signes d'essoufflement, d'où l'intérêt de l'astiquer pièce par pièce.
Passer la 7ème...
Première étape : la carrosserie, et pour cela rien ne vaut la 3D stéréoscopique en guise de polish. Le relief ajoute instantanément un rendu plus sophistiqué aux graphismes, par ailleurs très proches de la version Wii. Il suffit de baisser le curseur au minimum et de s'aventurer sur les routes ruisselantes de Cap Koopa pour s'en rendre compte, nonobstant un subtil rafraîchissement des textures. Ce bon coup de peinture fraîche s'avère nettement plus visible sur les vieux circuits, et ce sans qu'ils en deviennent méconnaissables. Le Désert Katamari de la N64 paraît du coup moins vide, tandis que le fameux Circuit Mario 2 (SNES) conserve un délicieux parfum rétro. En outre, l'affichage en 60 images par seconde contribue à cet aspect rutilant, une vraie petite merveille en soi que ce moteur quasiment imperturbable. Surtout qu'il a un espace sensiblement plus volumineux à gérer, du fait de l'introduction d'une hélice pour avancer sous l'eau et du deltaplane.
7 y pas beau ?
Au risque de décevoir les fans de Diddy Kong Racing, pas question de voguer ni de voler pendant toute une couse. L'hélice ne s'active qu'en cas d'immersion et les ailes se déploient automatiquement, dès que l'on passe sur un tremplin bleuté. Ceux-ci ayant été placés à des endroits stratégiques sur les anciens circuits, on les redécouvre par conséquent sous de nouvelles perspectives. Et les tracés flambant neufs se montrent encore plus ambitieux, à la fois esthétiquement et structurellement ! Entre les envolées vertigineuses de la Vallée Daisy, à côtoyer les montgolfières, et les plongées sous marines du Lagon Cheep Cheep, on apprécie vraiment ces variations fort rafraîchissantes d'environnement "physique", qui se ressentent en plus dans la conduite. La gestion des sauts se révèle donc déterminante, notamment pour planer le plus longtemps possible, en dénichant quelques raccourcis au passage. Décidément la perspective constitue l'une des pièces essentielles de Mario Kart 7, comme le symbolise l'intégration d'une vue subjective.
Nouveaux pré7
Et pour aller au bout de cette expérimentation, elle permet de piloter par le biais des détecteurs de mouvement ! Si l'on sait qu'ils ne font pas forcément bon ménage avec la 3D stéréoscopique, cette méthode procure néanmoins d'excellentes sensations, puisque la caméra au ras du sol renforce une impression de vitesse moyennement convaincante le reste du temps. Car en prime, la précision est au rendez-vous, même si les puristes préfèreront inévitablement y jouer au pad circulaire. Mario Kart 7 renoue en effet avec la conduite très incisive de ses débuts, étoffée des nombreuses évolutions opérées depuis, telles que l'aspiration ou le Super Mini-Turbo. A ce sujet, Nintendo a veillé à définitivement calmer les ardeurs des adeptes du snaking, le véritable talent étant récompensé par le gain substantiel de vitesse quand on adapte ses trajectoires de manière à glaner les pièces. Ces dernières servent aussi à déverrouiller les éléments de personnalisation de son kart.
En kart ou en pouss7 ?
Or ces différents types de châssis, de pneumatiques et de deltaplanes n'ont pas qu'une vocation esthétique. A l'instar du choix du personnage, cette combinaison modifie les caractéristiques. Par exemple, opter pour une configuration hors-piste facilite les excursions sur les bas côtés. L'intérêt de ce tuning se limite hélas au Contre-la-Montre, tant son influence reste anecdotique lors des parties à plusieurs. Alors ce n'est déjà pas si mal, compte tenu des vertus quasi obsessionnelles de cette quête du tour parfait, qui plus est avec le téléchargement de Ghosts sur Internet et via le StreetPass. Cependant on regrette que Nintendo ne soit pas allé un peu plus loin, en faisait flotter le kart remorqueur ou réellement planer davantage le kart avion. Une timidité que l'on constate également du côté des objets, avec seulement trois nouveaux venus : la Super Feuille et sa queue de Tanuki, la Fleur de Feu pour lancer des boules de feu et l'Atout 7, qui se compose d'un florilège de sept objets !
C'est le jeu ma p'tite Lu7 !
Exception faite de ce dernier, fatalement très utile, ces objets dévoilent leur efficacité en milieu plutôt confiné, en particulier sur les six pistes des modes Batailles de Pièces et de Ballons. Evidemment les trois arènes inédites sont conçues pour profiter de ces fourberies, avec des scènes d'hilarité mémorables à la clé, comme de coutume ! Moins réjouissant, la tristement célèbre Carapace à Epines vient toujours ruiner les rêves de gloire à deux pas de la ligne d'arrivée, une technique dont l'IA abuse furieusement dans les courses miroir. Toutefois, la difficulté ne se veut pas insurmontable. On parvient malgré tout à débloquer l'ensemble des personnages cachés (assez décevants soit dit en passant) sans fracasser sa console, pour peu que l'on ne vise pas la triple étoile partout. Après, on peut aussi considérer que cela fait partie du jeu, ou fixer ses propres règles dans sa communauté créée en ligne.
7 à huit (ou beaucoup plus en fait)
Cette dimension en ligne démontre les efforts de Nintendo pour s'affirmer sur ce créneau. Résultat, une fluidité irréprochable en course, le lag se traduisant tout de même parfois à travers des résultats "surprise". Imaginez : la ligne d'arrivée approche, vos concurrents ont l'air étrangement pacifiques, vous croyez décrocher tranquillement la première place, bah non, le classement tombe, vous êtes troisième, sans trop savoir pourquoi... Question modes, il y a aussi tout le nécessaire, les adversaires étant sélectionnés en fonction du niveau du joueur dans les parties ouvertes (ou plutôt des compétitions mondiales selon la dénomination en vigueur). Une belle réussite, que la chaîne Mario Kart se charge d'entretenir, en avertissant de tout ce qui passe dans les communautés, chez vos amis et même du côté des illustres inconnus - mais néanmoins rivaux potentiels croisés au détour d'un trottoir.